Chapitre 26 : Le deuxième œil

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            Sortant du bureau du secrétaire de la défense, je décide de me rendre à la cafétéria de l'agence dans l'espoir d'y trouver une boisson chaude assez énergisante. La journée qui m'attend s'annonce à la fois rude et mystérieuse : je ne sais pas ce qui se passera lorsque je serais parvenue à avoir une conversation avec le Colonel Fury, mais quelque chose me dit que ce ne sera pas aussi doux que mes précédentes vacances sur les île canaries. Lorsque je passe la grande arche qui sépare le couloir du réfectoire des agents, je balaie rapidement la salle du regard. Une chevelure rousse parfaitement bien coiffée attire mon regard près d'une baie vitrée. Le regard perdu, Natasha sirote une boisson avec un énorme cookie. Elle est rejointe par un grand blond toujours aussi énergique qu'à son habitude, ruinant son petit-déjeuner sucré par l'odeur des œufs et du bacon qu'il a décidé d'avaler de si bon matin. Si on oublie leur grade et leur réputation, à les regarder comme ça de loin, ce ne sont que deux êtres humains comme les autres, se disputant pour savoir quel petit-déjeuner est le meilleur. Les connaître me conforte un peu plus dans cette idée d'une certaine innocence et d'une bonté sans limite. Je suis interrompue dans ma contemplation par une interpellation soudaine, venant de derrière-moi. Tournant le visage, je fais face à l'un des agents infiltrés d'Hydra que j'ai appris à connaître quelques mois plus tôt. Il affiche un grand sourire et s'approche de moi de façon si informelle que je suis inquiète de ce qu'il a à me murmurer à l'oreille.

« Un petit oiseau m'a demandé de vous informer de l'emplacement exact de l'une des cachettes utilisées par votre père uniquement, murmure Luke. Il a ajouté qu'il gardait un œil dessus en attendant votre visite.

- Ce petit oiseau aurait-il oublié qu'il possède un appareil électronique appelé téléphone portable ? Soufflais-je.

- Il m'a dit qu'il n'avait pas de ligne sécurisée. Vous comptez prendre un café ? »

J'acquiesce et le laisse me suivre. Nous allons au bar et prenons notre petit-déjeuner. Une fois nos plateaux pleins, nous allons nous assoir à une table à l'écart des oreilles baladeuses. Luke s'assoit face à moi et récupère un stylo bille avant de recopier quelque chose sur une serviette en tissu. Je le regarde faire en dévorant mes œufs au bacon avec mes tartines de pain préférées, affamée.

« Pourquoi toi ? Demandais-je.

- Je connais bien le général Keller et son fils, madame. Ils ont tendance à avoir confiance en moi, autant que j'ai confiance en eux. Disons que nous partageons les mêmes idées, sans vouloir être désobligeant envers votre père.

- Je vois. »

Je continue de manger alors qu'il glisse la serviette à mon attention. Il prend la mienne à la place, et commence à manger sa part de tarte aux pommes. Je jette un regard à la salle en avalant un dernier morceau de pain, tapant du pied contre le sol.

« Si ce petit oiseau a besoin d'aide pour garder un œil sur ce nid caché, j'imagine qu'il accepterait volontiers ta compagnie. Mais il s'agit d'une affaire bien plus compliquée que ce à quoi elle ressemble, et je ne voudrais engager personne d'autre. Je ne suis pas fan des dommages collatéraux.

- Je comprends. Je ne comptais pas me mêler de vos affaires, de toute façon. Je ne sais pas pourquoi vous aviez besoin de savoir ça, et à vrai dire, ça m'est égal. Vous êtes notre futur patron après tout, ce serait tordu de vous demander des comptes.

- C'est en demandant des comptes à son patron qu'on s'assure de ne pas servir la mauvaise personne, Luke. Penses-y la prochaine fois.

- C'est un conseil que je n'oublierais pas. »

Je lui souris gentiment et termine de prendre mon petit-déjeuner, regardant le soleil se lever un peu plus haut dans le ciel. La compagnie de Luke n'est pas dérangeante, à ceci près qu'il ne cesse de me raconter sa vie comme à un rancard à sens unique. Après avoir suffisamment attendu que le temps passe un peu plus, je me lève et vais débarrasser mon plateau, saluant poliment mon informateur. J'aurais dû demander à Peter s'il avait de quoi communiquer avant de l'envoyer dans cette chasse au trésor. Résultat : une personne de plus est impliquée, et même s'il ne sait rien, Luke peut devenir un maillon faible au cas où quelque chose ne tourne pas en ma faveur. Je soupire longuement et traverse doucement les couloirs en réfléchissant. Maintenant que huit heures ont sonnées, il faut impérativement que je parvienne à retrouver le Colonel Fury. Mon père est sensé être en réunion toute la matinée, donc je sais qu'il ne se mettra pas dans mes pattes. Mais encore faudrait-il que le borgne accepte de me parler.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant