Chapitre 88 : Eau salée

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Une semaine plus tard.

Nouvelle base des Avengers, Nord de New-York.

Maximilian Pierce.

Une sueur froide me pique l'échine, glissant lentement le long de ma peau fragile, jusqu'à s'installer confortablement dans ma nuque. Un tremblement me parcourt, s'insinuant jusque dans mes organes vitaux. Mes paupières tressautent à l'unisson dans une tentative d'ouverture, ralentie par la forte luminosité au-dessus de mon visage. Quelque chose pèse contre ma hanche droite. De l'autre côté, une vive douleur m'arrache l'épiderme de l'intérieur du coude. Les yeux humides, l'esprit ailleurs, je ne parviens pas à comprendre ce qui se passe. Des gouttes glissent sur mes pommettes arides, brûlant chaque cellule qu'elles rencontrent sur leur passage. Une boule se forme dans ma gorge. Elle me bloque la respiration. Le murmure d'un prénom dans le creux de mon oreille me ramène à la réalité aussi brusquement qu'une vague gelée en pleine figure. Un sanglot me secoue la poitrine. Le gémissement qui en ressort est si douloureux qu'il se coupe en plein élan. Subitement prise d'une grande panique, je tente de me redresser, mais je suis incapable d'effectuer le moindre mouvement. Ma gorge se noue, mes paupières se closent. Je fais danser mes doigts les uns après les autres, prenant le temps pour réveiller mes muscles engourdis. Lorsque je suis capable de lever le haut du dos, je baisse les yeux vers le poids écrasant ma hanche. Une tête blonde y est posée, visiblement enfermée dans un sommeil profond bien mérité. La trachée écrasée, je tente désespérément de prononcer son prénom, mais j'en suis incapable. J'effectue alors un effort douloureux pour poser ma main dans ses cheveux. Il ne réagit cependant pas, bercé par le pays des rêves. Je soupire longuement et m'allonge de nouveau, le regard rivé vers le plafond. Je suis en vie. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde.

Je me demande comment vont les autres. Les souvenirs des derniers évènements reviennent me hanter, comme un mauvais cauchemar que l'on fait encore éveillé. Mes entrailles se tordent à m'en donner des nausées alors que les images repassent devant mes paupières closes. Chaque instant du combat me revient en mémoire, chaque blessure réveille une douleur que la morphine ne peut plus calmer. Son visage me revient, celui de ce jeune homme plein de blagues qui n'a jamais manqué de me faire rire. Les tâches rougeâtres sur son haut, la sensation d'un cœur qui se déchire, la culpabilité qui s'immisce doucement dans ma moelle osseuse, le cri qui m'échappe, la vie qui le quitte. Tout cela ne se serait probablement pas produit si je n'avais pas essayé de sauver la vie de ce pauvre petit chiot. Je me souviens d'avoir quitté le sol une première fois, d'être enveloppée dans un agréable cocon chaleureux, d'avoir cessé mes sanglots. Puis d'avoir été tirée en arrière, d'être glissée entre ses doigts, d'être tombée dans le vide. L'héliporteur qui s'éloigne peu à peu, la panique qui m'envahie alors que mon esprit refuse de s'endormir. Le choc des bras d'un sauveur, le claquement de l'eau dans mes oreilles. La brûlure des vomissements, le pathétique appel à l'aide sans mot aucun, puis le néant.

J'ouvre de nouveau les paupières, laissant les larmes couler silencieusement contre ma peau. Je me demande comment vont les autres. Comment suis-je arrivée ici ? D'ailleurs, où suis-je ? Est-ce que Thor s'est réveillé, et m'a ramenée à l'abri ? Est-ce que ce sont des agents chargés des secours qui nous ont retrouvés ? Est-ce que le demi-dieu va bien ? Et Natasha, est-ce qu'elle s'en est sortie ? Le sarcasme de Tony est-il toujours vivant quelque part sur cette Terre ? Ultron a-t-il été entièrement vaincu ? Wanda... Comment va Wanda ? Comment pourrait-elle aller après le décès de son frère, quelle question imbécile. Est-ce qu'elle est au courant, au moins ? Est-ce qu'elle sait ce qui est arrivé ? Comment c'est arrivé ? Est-elle en colère contre moi, contre nous ? Je me pince les lèvres, penchant la tête sur le côté. Je suis épuisée. J'ai soif. Je meurs de soif. Et le poids de Steve commence à me gêner. J'aimerais me lever, courir, hurler, et manger. Mais quelque chose me cloue au lit, comme une promesse de confort. Peut-être que tout ça n'était qu'un cauchemar. Peut-être que cette dernière année n'était qu'un rêve de comateux, peut-être que je suis encore hospitalisée après ma chute à Washington. Peut-être que les choses seraient mieux ainsi. A ceci près que ça voudrait dire que tous les moments partagés avec eux n'auraient été que du vent.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant