Chapitre 10 : Mission compromise

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Le lendemain, 21h27.

Petit immeuble civile aux abords de Washington DC.


Equipés de nos uniformes noirs, ce n'est que très légèrement armés que nous entrons dans l'immeuble civile dans lequel se trouve la planque de nos cibles. Puisque le bâtiment ne dispose pas de caméra de vidéosurveillance, nous montons les escaliers comme si nous allions simplement rendre visite à des amis, bien que notre objectif reste bien plus sanglant. Lorsque nous arrivons au sixième étage de l'immeuble, je fais signe à James de monter la garde pendant que je vais silencieusement déverrouiller la porte des voisins absents. Une fois l'entrée ouverte, James me rejoint à l'intérieur et referme la porte derrière-lui. Soufflant longuement pour détendre ma musculature endoloris, je me tourne vers mon accompagnateur, le visage tiré par le sérieux et l'angoisse du danger qui nous attend. Il me fait signe que tout va bien, ce à quoi je réponds d'un léger sourire avant de ne reprendre mon chemin. Je vais ouvrir la baie vitrée du balcon de la riche famille qui vit ici, puis vérifie les alentours avant de ne monter dessus. Mais avant que je ne mette un pied dehors, James m'attrape l'avant-bras pour me contraindre de rester à l'intérieur avec lui.

« Maxie... j'ai un mauvais pressentiment, avoue-t-il. Il n'y avait aucun bruit dans le couloir, alors qu'habituellement on entend un minimum ce qui se passe dans les appartements lorsqu'on s'y trouve. Et à l'extérieur, je n'ai vue aucune lumière d'allumée dans l'immeuble.

- Ils ont peut-être racheté l'immeuble pour le privatiser, supposais-je. Ça n'expliquerait pas l'absence des voisins cependant... Si ça se trouve, eux non plus ne sont pas là, et on nous a filé un mauvais tuyau.

- En tout cas, on devrait rester sur nos gardes. Si quoi que ce soit cloche, il faudra sortir immédiatement de l'immeuble. Cette mission est déjà insensée... mourir aussi bêtement le serait encore plus.

- Ne t'inquiète pas. Ce n'est pas la première fois que nous faisons ce genre de mission ensemble, ça se passera bien.

- Si on oublie les missions de New-York, Yale, Buckingham, Londres, Marseille, Abu Dhabi...

- Oui, oui, c'est bon, j'ai compris, soufflais-je. Je ferais attention à ne pas me prendre une bombe en pleine face, cette fois-ci, tu as ma parole. Allez, ce n'est pas en ruminant qu'on avancera ! »

Il acquiesce en affichant un doux sourire. Je me tourne pour finalement sortir sur le balcon, prête à en découdre avec cette mission pour aller me reposer le restant de la semaine. Je monte sur la barrière du balcon et me penche pour vérifier que personne ne se trouve devant les fenêtres de la planque, puis me glisse silencieusement sur notre point d'entrée en restant vigilante. James me rejoint à mon signal, restant aussi discret et silencieux que moi. A travers la baie vitrée de leur planque, nous pouvons voir une faible lumière luire au bout du couloir, près de l'entrée de l'appartement. C'est donc doucement que j'ouvre la baie vitrée pour nous permettre de pénétrer les lieux. Une fois le pied sur le parquet, je le tâte pour savoir la démarche que je dois emprunter pour rester discrète, puis m'aventure à l'intérieur. Malgré la faible lumière émanant de la pièce, je n'entends aucun son et ne voit aucune trace de vie, mis à part les poissons dansant dans l'aquarium près de plusieurs cadres sur un meuble marbré. D'un pas léger, j'avance en regardant autour de moi et lance un regard à James. Nous faisons le tour de la pièce par laquelle nous sommes entrés, puis nous regroupons pour communiquer avec des signes plus clairement dans l'obscurité. James semble persuadé que personne n'est dans les lieux, mais propose qu'on se sépare pour en être certains. J'acquiesce et le laisse partir dans le couloir de gauche, pendant que je me dirige vers le couloir où la lumière luit sous la porte entrouverte d'une pièce qui m'est inconnue. Je sors mon arme à feu et la charge, prête à attaquer tout ce qui me semblera de suspect dans les parages. Je pousse doucement les portes des pièces fermées, tends l'oreille, mais ne trouve rien. Une fois devant la pièce allumée, je pousse lentement la porte pour trouver une chambre d'adulte totalement vide. Je fouille tout de même les alentours au cas où quelqu'un se cacherait, mais je ne trouve rien. Puis, alors que je me concentre dans l'admiration des lieux, les lumières des couloirs s'allument subitement. Inquiète, je sors de la pièce et tends l'oreille pour percevoir le son de lourds bruits de pas à l'autre bout de l'appartement. Si j'en crois la démarche de l'homme et mes souvenirs aussi précis soient-ils, je pense que ce sont les pas de James. Je me détends alors, pensant qu'il n'a rien trouvé de son côté. Mais il serait étrange qu'il fasse subitement du bruit, alors qu'il n'a pas encore vérifié s'il n'y avait rien à signaler de mon côté. Je longe rapidement mais silencieusement le couloir, jusqu'à arriver dans la salle par laquelle nous sommes entrée. Voyant James entrer d'un pas décidé et peu discret, je fronce les sourcils et sort de ma cachette pour lui faire face.

« James ? Qu'est-ce que tu fais... ? »

D'un geste rapide, comme d'un réflex endormi mais mémorisé par chacun de ses muscles, James tend le bras dans ma direction, pointant son beretta vers mon visage. Lorsque je vois son doigt commencer à se plier, je me décale rapidement pour éviter la balle qu'il vient de tirer. Me cognant contre le mur, je me vois contrainte de me cacher derrière un meuble alors qu'il vide son chargeur en ma direction. Abasourdie par la situation, je n'ose bouger jusqu'à ce que je l'entende marcher vers moi. Il m'attrape brutalement par le bras pour me sortir de ma cachette, puis me claque contre le mur sans même prendre la peine de vraiment me regarder.

« James... ? Demandais-je. »

Je reconnaitrai ce regard qu'il me lance parmi des milliards d'autres. Celui d'un être privé de son âme, avide de violence et mué par les ordres que l'on pourrait lui donner. Celui d'un soldat devenu arme de destruction, privé d'émotions et de réflexion. Déglutissant, je tente de juger la situation le plus rapidement possible, mais mon cerveau obtient trop d'informations pour que je puisse les gérer dans ce cours laps de temps, qui sépare le vide et l'entrée de trois hommes armés dans la pièce dans laquelle nous nous trouvons.

« Doucement, sourit le plus grand. La tuer serait une erreur que je ne voudrais pas commettre. »

Sous les quelques mots de l'homme, James me relâche doucement et s'éloigne d'un pas, bien qu'il reste prêt à me sauter à la gorge à la moindre occasion. Enervée par la situation, je m'apprête à sortir mon arme pour les abattre, lorsque le plus grand lève la main pour me montrer un livre rouge dont la couverture est dotée d'une étoile dorée. Serrant la mâchoire, je lance un regard à mon compagnon avant de ne fusiller les autres de mes iris.

« Qu'est-ce que vous lui avez fait ? Demandais-je.

- Tu sais très bien ce que tout cela signifie, Maximilian, répond le plus grand.

- Je vais t'arracher les tripes et te les faire bouffer, menaçais-je. »

Il éclate de rire avant de ne mettre les mains dans son dos, redevenant un peu plus sérieux.

« Et si nous discutions, plutôt, hum ? Propose-t-il. Ne serait-ce pas plus courtois de converser comme des êtres civilisés, plutôt que de s'aboyer dessus comme des chiens enragés ?

- Mon envie de rester courtoise s'est évaporée à l'instant même où tu as osé lui faire du mal, rageais-je. Laisse-le, et peut-être que je serais en mesure de papoter avec le traitre que tu es.

- Tu ne sembles pas avoir compris la situation... »

Il soupire et fait signe à l'un de ses collègues, qui lève la main armée pour tirer dans la cuisse de James. Ce dernier tombe à genoux sous une grimace de douleur, mais ne cherche ni à se défendre, ni à se venger, ni à se soigner. Je me tends immédiatement et me précipite vers le brun, mais lorsque j'arrive à ses côtés, il me claque au sol et m'immobilise pour m'empêcher de le toucher.

« Tu n'es pas en position de faire une quelconque demande, Maximilian, menace le blond. C'est moi qui pose les conditions, et elles sont non négociables. Tu vas gentiment poser ton joli petit cul sur le canapé et écouter sagement ce que j'ai à te dire. Puis, tu répondras honnêtement à mes questions, ou la prochaine balle se logera dans un endroit qu'il aura plus de mal à guérir que sa cuisse. Disons... sa petite caboche ? »

Merde. Merde, merde, merde et merde ! Mais qu'est-ce que j'ai fait... je n'aurais jamais dû laisser James s'éloigner seul... ! Je n'aurais jamais dû baisser ma garde, alors que je connaissais le danger de cette mission. J'aurais dû le protéger, comme je lui avais promis. Maintenant, je ne suis plus en position de faire quoi que ce soit. Contrôlant le Soldat de l'Hiver à leur guise, s'ils réussissent à le blesser sans qu'il ne riposte, ils n'auront aucun problème à lui ordonner de m'exécuter. Bien que ma rage soit si intense que mes entrailles se déchirent sous sa force, je dois la ravaler et la garder au fond de moi ; si je veux avoir un espoir de sauver James de cette situation, je dois utiliser ma tête plus que mes émotions si impulsives de ces derniers temps.

« Change de langage lorsque tu parles de mon cul, et peut-être que je serais en mesure de t'écouter, souris-je.

- Soldat, assieds-la. Nous avons une conversation des plus intéressantes à avoir, tous les deux. »

Je laisse James me soulever pour me tirer vers le canapé, sur lequel je m'assois en soupirant. Croisant les jambes, le dos enfoncé contre le dossier, je me détends pour leur laisser croire à mon calme malgré la colère qui monte en moi. Une arme chargée dans la main droite, James me tient en joug, alors que l'un des collègues du grand blond vise la tête de James en guise de menace.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant