Chapitre 170 : Un vide en soi

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Plusieurs mois plus tard.

Ferme Stark, quelque part on ne sait où.

Il est des choses que l'on s'efforce de nier, afin de cacher à soi-même les plus grandes faiblesses dont nous sommes capables. Mais l'évidence ne cesse de me frapper en pleine figure et malgré mes nombreuses tentatives, il semblerait que ce fichu clou refuse toujours de traverser la planche callée sous mon pied. Je pose le marteau sur la surface encore plane du bois tordu par mes efforts, observant avec lassitude le morceau de métal qui s'est une nouvelle fois cassé sous mon coup. Il faut que je cesse de m'acharner de la sorte ; il faut que je change de type de clou si je veux réussir à fixer cette fichue planche au dossier du banc. Je me penche vers la caisse à outil à mes pieds, pour découvrir qu'il n'y a pas d'autres types de clous à l'intérieur.

« Putain, lâchais-je.

- Putain ! »

Jusqu'alors perdue dans la concentration nécessaire à mon bricolage, j'avais oublié le lieu dans lequel je me trouvais. Je me tourne rapidement vers cette petite voix de perroquet, croisant le regard de l'enfant installée dans le landau gris posé à quelques mètres de moi. Je fronce les sourcils et me précipite vers la petite, m'agenouillant rapidement devant elle.

« Est-ce que tu viens de parler ?! M'étonnais-je.

- Tain-tain ! Putain ! Répète-t-elle.

- Oh... je suis foutue...

- Pu-pu-putain ! »

Je me frappe le front en grimaçant, puis essuie mes mains contre mon pantalon. Lorsque Pepper m'a appelée ce matin pour me demander de l'aide avec ce banc, puisque Tony avait apparemment trop de fierté pour se tourner vers moi, je leur ai niaisement proposé de garder leur fille le temps qu'ils sortent en ville pour passer un peu de temps ensemble. Dès les trois premières minutes passées seule en compagnie de cette boule d'énergie, je me suis rapidement rendue compte que je ferais une mère affreuse. Je me suis d'abord moqué d'elle lorsqu'elle est tombée sur le carrelage de la cuisine, puis j'ai oublié de lui donner à manger à l'heure requise avant de complètement oublier son existence. Et voilà que je venais de participer à son tout premier mot, qui n'était autre qu'une insulte lancée dans le vide.

Tony en rira sans aucun doute. Mais Pepper me tuera lorsqu'elle s'en rendra compte.

« Morgan, il ne faut pas répéter tout ce que tu entends, ma grande, soufflais-je. Et puis, depuis quand les bébés savent parler, déjà ? Tu n'es pas sensée avoir encore quelques mois devant toi avant de pouvoir ouvrir la bouche ? Enfin... je n'en sais rien. Je ne suis vraiment pas douée avec les enfants. »

Elle me regarde d'un air ahuri, comme si j'étais un monstre cachée sous son lit ou dans un creux de son placard. J'imagine que maintenant que j'ai bricolé le vieux tracteur de Tony et que j'ai essayé de réparer leur banc en bois, je dois avoir une sale tête. Mais je ne pensais pas que ce soit suffisant pour faire pleurer un bébé. Lorsque ses cris commencent à résonner dans mes oreilles, je grimace et me tape le front contre le genou. J'aurais sans doute mieux fait d'emmener Steve... Si seulement il était au courant que ces deux génies avaient un enfant. Mais maintenant que j'y pense, je ne sais pas comment monsieur muscle aurait pu s'en sortir avec un monstre pareil. Oui, un monstre, c'en est un : cette petite boule aux cheveux bruns est une Stark. Un monstre. Plus ou moins.

« Morgan... je suis désolée, je suis probablement la pire marraine dont on puisse rêver, soupirais-je. Je n'ai jamais vraiment eu à m'occuper d'enfants avant toi, et même si tu as bientôt deux ans... tu restes un petit être ingérable aussi bruyant que ton père. Enfin... peu importe. J'imagine que tu te porteras mieux si je te donne à manger ? »

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant