Chapitre 32 : Ecrasé

198 20 2
                                    

Au petit matin.

Triskel, Washington DC.

Si seulement ces pauvres imbéciles avaient idée de l'erreur qu'ils ont commise à l'instant même où ils m'ont acceptée comme leur Cheffe. Si seulement ils savaient ce que le pouvoir qu'ils m'ont offert allait me permettre d'accomplir... Ils seraient sans doute si pâles qu'il serait difficile de les trouver nus dans la neige. Ou peut-être même verts de dégoûts ; ils vomiraient sans doute, toutes leurs tripes, et leurs organes génitaux avec. S'ils pensaient réellement pouvoir avoir confiance en un scorpion, c'est que son déguisement de rat était très réussi. Pour parvenir à mes fins, il y a une chose essentielle dont j'ai besoin et que je ne possédais pas avant. Le pouvoir. C'est cette raison qui m'a menée à me tourner vers Fury au départ : lui en avait suffisamment pour faire tomber le secrétaire de la défense des Etats Unis d'Amérique. Mais maintenant qu'il n'est plus de ce monde, il fallait que j'obtienne cette douce sucrerie interdite qui nous monte vite à la tête.

C'en est presque dramatique. Sous la simple décision de quatorze hommes tous plus imbus de leur personne que les autres, la vie de mon père s'est étalée dans ma main comme une petite souris qui demande pitié. Un geste de ma part suffirait à lui couper le souffle définitivement. Un simple petit ordre... N'importe qui accepterait de se plier aux volontés de la nouvelle Cheffe, dans l'espoir d'avoir ses faveurs plus tard. Mais malheureusement, cet imbécile est encore utile, voire même nécessaire à mon plan. Car que je veuille l'admettre ou non, il y a une seule chose en ce monde que mon père possède et que je désire obtenir plus que tout. Il est le seul à savoir où se trouve James en ce moment-même, et le seul à pouvoir me permettre de le retrouver.

C'est donc le cœur plein de mauvaise intentions que je prends l'ascenseur pour rejoindre le bureau de mon père. Je ne prends pas la peine de frapper pour m'annoncer, ouvrant la porte dans un fracas qui ferait sursauter les morts. La porte claque assez violemment contre le mur pour y laisser une petite marque de mon passage. Je la reprends pour la fermer, puis jette un œil au bureau de mon père. Ce dernier, détendu malgré mon entrée brutale, me lance un regard fatigué. Si j'en crois les traits de son visage et l'allure qu'il laisse paraître, il ne semble pas encore au courant de la situation. Et je vais me faire plaisir à un point inimaginable en lui apprenant.

« Bonjour, soupire-t-il. Tu aurais pu faire attention à la porte. C'est un être inanimé, mais elle ne t'a pas demandé d'être autant brutalisée.

- En général, il est plutôt rare pour que les êtres, animés ou non, demandent d'être brutalisés. Au final, ça ne change rien : si tu es faible et que tu es sur mon chemin, je t'écraserais volontiers.

- Tu as acheté un peu de confiance en toi au distributeur de boissons énergisantes ?

- L'humour n'a jamais été ton fort, tu devrais arrêter d'essayer. Autant quitter ce monde en disant quelque chose d'intelligent, tu ne crois pas ?

- Est-ce que tu trouves que j'ai l'air d'être aux portes de la mort ?

- Tu n'as pas idée, souris-je. Tu n'as jamais été aussi proche de la défaite. Tout ton empire s'est effondré, et ça n'a pris qu'une seule petite décision. Une de plus, et ta tête tombera. »

Ses sourcils se froncent au point de lui bloquer la vue. Mais je ne doute pas de sa capacité à voir mon sourire mesquin craqueler mon visage. Un ricanement profond sort de mes entrailles, alors que mon cœur bondit comme un fou dans ma poitrine. Qu'est-ce que c'est bon de le voir enfin souffrir. Après tout ce qu'il m'a fait endurer, c'est maintenant à son tour de s'effondrer comme une merde. On récolte toujours ce que l'on sème. Un dicton n'a jamais été aussi véridique. Son visage se tord d'incompréhension, alors que je prends mon pied à le voir couler petit à petit.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant