Il m'a suffi d'effectuer un pas en avant et d'être frappée par la fraîcheur de la soirée pour m'écrouler. Près du bord du trottoir, mes jambes m'ont lâché, me forçant à m'accroupir au sol. Nerveusement, je me mets à triturer l'ongle de mon pouce entre mes dents, me balançant d'avant en arrière. La porte s'ouvre de nouveau derrière-moi, laissant la jolie femme me rejoindre sur le bord du trottoir. Elle me toise de haut, avant de s'assoir à mes côtés. Elle reste silencieuse, regardant les voitures passer pendant que mon visage se voit silencieusement inondé d'eau salée. Je finis par élever la voix, peu sûre de moi.
« Je n'ai jamais voulu lui faire de mal, répétais-je.
- C'est bon, je l'ai compris, souffle-t-elle. Je n'aurais pas dû te parler de la sorte, c'est que... c'était ma chance d'enfin te coller une baffe pour m'avoir volé mon petit-ami.
- Je te comprends, ricanais-je. En fait, à ta place... j'aurais peut-être fait la même chose. C'est que... j'étais vraiment persuadée qu'il pouvait enfin être lui-même avec moi, et que je l'aidais vraiment au quotidien. Il me semblait si... normal, lorsqu'on était ensemble.
- Ça faisait partie du plan d'Alexander, avoue-t-elle. Il est venu ici à plusieurs reprises après que James soit mis sous tes ordres, et il parlait beaucoup. Il se ventait presque d'avoir mis son petit agneau entre les mains du gorille, afin de mieux pouvoir les manipuler, l'un comme l'autre.
- Pourquoi est-ce que tu me dis tout ça ?
- Alexander est mort, n'est-ce pas ? Demande-t-elle. Il ne pourra plus me punir pour ne pas avoir tenu ma langue. Et d'après ce que j'ai compris, tu ne l'apprécie pas plus que ça. »
Je hausse les épaules, retombant dans le silence.
« Alors, pourquoi es-tu venue en Autriche, au final ? Reprend Madilyn. Si tu pensais vraiment que James se trouverait ici, tu as parfaitement tort. En fait, j'étais persuadée qu'il était avec toi. Et depuis votre dernière visite... je ne l'ai pas revu.
- Non, en fait... ce n'est pas pour lui que je suis venue ici. C'était pour toi.
- Pour moi ? »
J'acquiesce alors qu'elle se met sur ses gardes. Je croise les bras autour de mes jambes et soupire lourdement.
« Conrad est mort, informais-je.
- Co...Comment... ?
- Disons que je suis tombé sur une fille par hasard, et que son histoire m'a menée jusqu'à Conrad. Après l'avoir tué, je voulais sauver toutes les filles qu'il avait pu vendre, histoire de leur rendre leur liberté. Puis, grâce à ses dossiers et à ceux d'Alexander... nous avons finit par te retrouver. Je t'avoue que je m'attendais à faire face à un redoutable soldat de l'hiver, et non pas à... quelqu'un d'aussi bavard. »
L'expression de son visage change à plusieurs reprises, sans que je ne puisse comprendre ce qui se passe dans sa tête. Je me contente de lui sourire en haussant les épaules.
« Alexander est mort. Conrad est mort. Il n'y a plus rien qui te contraint de rester auprès d'Hydra, maintenant. Et, si tu l'acceptes, mes amis et moi pouvons te venir en aide pour t'enfuir. C'est la raison pour laquelle je suis venue te trouver, Madilyn.
- Tu... tu es sûre de me dire la vérité ?
- Je ne t'ai pas menti une seule seconde depuis notre premier échange. Tu sembles être parfaitement consciente et libre de tes mouvements, alors... le choix t'appartient entièrement. Mais si tu restes à Hydra, je crains que tu ne deviennes définitivement mon ennemie. »
Elle esquisse un très léger sourire avant de tourner la tête vers l'horizon. Elle semble rêver en couleurs, les yeux pétillants. Puis, elle tourne de nouveau le regard vers moi.
« Je... je veux retrouver James, annonce-t-elle. »
Mon visage se tend, faisant baisser mon sourire.
« J'imagine que ça fait de nous des amoureuses en compétition, mais ça ne fait rien, sourit-elle. Qu'il soit auprès de toi ou auprès de moi... je veux juste m'assurer qu'il aille bien.
- Ne fais pas ça. »
Je me lève pour lui faire face, la surplombant de toute ma hauteur. Elle fronce les sourcils, sur ses gardes.
« Ce n'est pas une bonne idée de le retrouver, clarifiais-je. »
Elle se lève à son tour.
« Pourquoi est-ce que tu penses ça ? S'agace-t-elle. Tu n'as pas envie de le retrouver ?
- La dernière fois que j'ai dû lui faire face, il m'a poignardée douze fois dans la poitrine et il m'a laissée pour morte ! La seconde d'après, il changeait d'héliporteur pour aller massacrer son meilleur ami d'enfance, et ce malgré tous les efforts que nous avons pu mettre pour le ramener à la raison ! James n'est plus lui-même... il... il est dangereux. Il te tuerait.
- Ça, tu n'en sais rien.
- Ne prends pas ce risque.
- Ce n'est pas parce que tu as peur de lui que ce doit également être mon cas, s'agace-t-elle. Et je te rappelle que c'est ta présence qui a fait foirer toute ta mission sauvetage, alors tu sais quoi ? Je serais rassurée de ne pas t'avoir dans les pattes. »
Mes sourcils s'affaissent. Jusque-là, je n'avais pas encore songé à cette possibilité, de partir à la recherche du soldat perdu. Pourtant, maintenant que cette idée est évoquée devant moi, la réponse me semble d'une évidence tranchante. Bucky est dangereux. Et surtout, il m'effraie. J'ai peur. Je suis terrifiée à l'idée de devoir me trouver devant lui de nouveau, faisant face à son regard glacial et ses mains autour de mon cou. Madilyn m'observe silencieusement avant de commencer à se détendre. Elle me ramène à moi en posant une main contre mon bras.
« Tu as peur, conclut-elle. »
Mon regard se pose dans le sien, lui suppliant de m'accorder suffisamment de pitié pour ne pas me forcer à devoir le rencontrer de nouveau. Elle souffle et commence à me frotter le bras d'un air compatissant.
« J'ai peut-être sous-estimé ce que tu as pu vivre à Washington, reprend la brune. Il a dû y aller fort, pour briser le sang-froid de la grande Maximilian Pierce que tout le monde redoutait à une époque. Je suis désolée, je ne peux pas te demander de faire face à cette situation si elle te gêne autant. Mais tu n'as pas le droit de m'interdire de faire quelque chose pour lui. Ce n'est pas parce qu'il a agit de la sorte avec toi qu'il le fera avec moi. Et s'il m'arrive malheur... au moins, je l'aurais revu avant de mourir.
- Tu me sembles être quelqu'un de bien. Il ne faudrait pas que la vie te quitte si rapidement.
- J'imagine alors que j'aurais un bel ange gardien aux cheveux blancs pour me protéger de loin, sourit-elle. Je suis désolée de ce qui t'est arrivé, Max. Mais il faut que tu l'acceptes : c'est fini.
- Eh... ce sont les mots que je suis sensé employer à ton égard, ricanais-je.
- Ne t'inquiète pas pour moi. Je vais bien. En tout cas, grâce à toi... je vais mieux. Sans Conrad sur cette Terre, je ne risque plus rien. Je peux bien affronter tous les démons de ce monde, mais ce monstre était hors de ma portée. Tu m'as sauvée la vie, alors maintenant... laisse-moi faire quelque chose pour toi. Je te promets que je le retrouverais, et que je ferais en sorte qu'il ne fasse plus jamais de mal à qui que ce soit. Et lorsqu'il ira mieux... je te tiendrais au courant. Au cas où tu changerais d'avis, et que tu déciderais d'accepter de le revoir. »
Cette fille est aussi douce qu'un chocolat viennois au sucre de canne. Je lui souris tendrement, charmée par ses paroles malgré l'angoisse qui montait peu à peu en moi. Je décide d'envoyer un message à Peter pour lui dire que la mission est terminée, avant de lui proposer de nous rejoindre dans le café pour manger des pâtisseries. Peu contente de faire des heures supplémentaires, la vendeuse a bien faillit finir par nous jeter dehors, mais la gentillesse de Peter lui a fait changer d'avis. Finalement, nous avons mangé assez de sucre pour toute une vie, avant de nous séparer sur un échange de coordonnées.
Je suis persuadée que je la reverrais bientôt, et pourtant... je ne souhaite pas que ça arrive de sitôt. Car si c'est le cas, cela voudrait dire que je devrais me tenir face à Bucky et ça, je n'en suis pas encore capable.
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How Villains Are Made - MARVEL
FanfictionL'hydre à plusieurs visages rampait dans l'ombre du SHIELD depuis sa défaite lors de la seconde guerre mondiale, attendant patiemment dans les ténèbres silencieuses que son heure vienne enfin. Plus le temps passait et plus son pouvoir grandissait, d...