Chapitre 80 : Maison Barton -pt.3

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Steven Rogers.

Je pensais bêtement m'être échappé de ce cauchemar. Pourtant, il n'a fallu qu'un petit sourire de sa part pour que tout me revienne en mémoire. Après notre courte conversation, j'ai fait mine de vouloir ranger les buches coupées pour me changer les idées, mais ça n'a pas réellement aidé. J'ai alors décidé de la laisser pour rejoindre la chambre où Clint m'a invité à rester, afin de me doucher. Encore une fois, si j'imaginais qu'une pluie d'eau douce allait envoyer le mauvais rêve dans le fond des canalisations, je me suis trompé. Le regard perdu dans le vide, je coupe mécaniquement le jet d'eau et attrape la bouteille de shampoing, mais n'en fait rien.

« Tu ne pourras jamais sauver tout le monde, Steve. »

Mes yeux tombent sur ma main avant que ma vue ne commence à se brouiller. C'est la vérité, je le sais. Personne ne peut toujours sauver tout monde. Ce mythe dans lequel je me baigne pour me motiver lors de chaque bataille me ramène toujours brutalement à la réalité lorsque le combat est terminé. Mais quitte à ne pas pouvoir sauver tout le monde, j'aimerais au moins réussir à en sauver quelques-uns, ou quelques-unes, ou au moins l'une d'entre eux tous. Je ferme les yeux en m'appuyant sur l'une des parois de la douche, ne cessant de voir la même chose défiler devant mes yeux.

La grande salle de danse est remplie de soldats en uniformes, riant de bon cœur. La guerre est terminée, cela se lit facilement sur leurs visages. Des couples dansent à en perdre leurs jambes, d'autres chantent à tue-tête en levant leurs verres, les hauts-gradés font la paix avec les erreurs des plus jeunes, amusés de cette ambiance bon enfant. Au milieu de tout ce monde, je ne me sens plus à ma place. Quelque chose cloche, je le ressens. Une main se pose sur mon bras, attirant mon attention. Je me tourne pour faire face au grand sourire de Peggy, plus élégante que jamais. Ses cheveux bruns entourent son visage illuminé par une joie dont elle n'a plus l'habitude. Sa main glisse dans la mienne, le regard amusé.

« Qu'est-ce que tu fais encore ici ? Demande-t-elle.

- Je n'en ai aucune idée, répondis-je.

- Rien de tout ça ne pourra plus jamais se produire, Steve. Tu ne rentreras jamais, il faut te faire une raison. »

Un cri résonne derrière-moi. Je me tourne, incapable de bouger les pieds. La pièce s'est vidée, le décor est différent. Tout est devenu plus sombre, plus menaçant. Le reflet d'un bras métallique attire mon regard. Je n'ai le temps de comprendre ce qui arrive que le drame est déjà inévitable. Son poing serré autour d'un couteau de combat s'est abattu sans pitié sur la poitrine de la fille aux cheveux blancs. Elle tient une arme dans sa main, mais bien que son doigt soit posé sur la détente, elle ne semble pas vouloir tirer. Je tente d'avancer pour arrêter ce massacre, mais quelque chose me tire en arrière.

« Les rêves sont toujours plus doux que la réalité, murmure Peggy. Mais cela ne veut pas dire que tu peux échapper à la réalité pour toujours. Si tu restes ici avec moi, tu n'auras jamais à vivre ce moment. Il faut que tu fasses quelque chose, ou elle va mourir.

- Peggy, je ne sais pas quoi faire.

- Ne la laisse pas.

- Je n'arrive pas à bouger... lâche-moi.

- Ce n'est pas moi qui te retiens. »

Sentant sa main tenant mon bras, je ne comprends pas où elle veut en venir. Je tente de me débattre, ne pouvant qu'entendre les cris de Maximilian appelant à l'aide. Lorsque ce n'est pas le soldat de l'hiver qui s'en prend à elle, d'autres prennent sa place. Et lorsque je sens subitement la prise me lâcher, je cours vers elle. Mais même là, je n'arrive pas à l'atteindre. Je trébuche comme un bleu, tombant dans un amas de neige douce. Vêtu de mon uniforme, je ne sens pas la fraîcheur du sol contre ma peau. Pourtant, un frisson désagréable me parcourt l'échine. Je me redresse doucement lorsque je vois les héliporteurs tomber en ruine dans le ciel.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant