Chapitre 128 : Le plan de Maximilian

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Le lendemain,

9h17.

Le plus grand pouvoir des êtres humains est sans nul doute leur capacité de raisonner, de réfléchir ; mais quelques fois, j'apprécierais que mon cerveau ne se donne pas tant à cette tâche. Je n'ai jamais vraiment été quelqu'un de raisonnable, mais ces derniers temps, je ne peux m'empêcher de cogiter. Je secoue rageusement un teeshirt avant d'entreprendre de le pendre à la corde à linge à l'arrière de la maison ; j'ai beau essayer de me distraire en effectuant le plus de tâches possible, j'ai le sentiment qu'elles ne me permettent que de me concentrer encore plus sur cette petite voix dans ma tête. Je soupire d'agacement en me répétant encore une fois les paroles sèches que Natasha m'a offertes avant leur départ. Ne fais rien de stupide. Je sais que tu n'es pas capable de penser correctement avant de prendre une décision, mais essaie de tourner ton couteau sept fois dans ta main avant de poignarder quelqu'un, ça t'aidera peut-être à réfléchir. Je baisse les yeux vers le panier dans lequel repose le linge trempé que je me suis attelé à nettoyer de mes petites mains pâles. Si seulement elle avait tort, peut-être que je n'y penserais pas autant. Je sais que les paroles de mes camarades sont entièrement fondées sur des faits véridiques, mais elles ne cessent de me blesser. Tu fais toujours n'importe quoi. Oui, je le sais. Chacune de mes décision finit dans le record des plus grands échecs de l'année en cours. Tu ne réfléchis jamais. J'essaie, pourtant. Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que tu n'écoutes que toi-même. Parce que je ne peux faire confiance qu'en moi-même pour choisir la façon dont j'agis. Je ne vois pas pourquoi est-ce que je devrais sagement attendre que l'on me donne une autorisation avant de faire ce que je veux. Et pourtant, c'est ce que je fais toujours. Attendre. Demander la permission.

Je me souviens encore de la déception qui est apparue dans le regard de Natasha et Steve lorsqu'iels ont appris que j'étais, en réalité, leur ennemie. Lorsqu'iels ont appris que nos deux premières années d'amitié n'étaient que factices, une profusion de mensonges pour me permettre de mieux les détruire. Je me souviens encore de la sympathie dont Steven a su faire preuve, de la façon dont il n'a pas hésité une seconde à me tendre la main, alors qu'il y avait toutes les raisons présentées à lui pour l'autoriser à me tirer une balle dans la tête. Et le regard de Natasha, rempli d'incertitude, qui n'a sans doute flanché que parce que Captain America avait confiance en moi. Je me souviens de ce que j'ai ressenti, lorsque je les ai vu agir pour le bien lors de notre toute première mission commune. Je les ai enviés. Eux n'auraient jamais à se salir les mains pour le bien de qui que ce soit – du moindre, c'est le cas pour Steve. Iels étaient là, déposés sur un piédestal par mes propres soins : eux sont des gens bons, j'aimerais être comme eux. J'aimerais pouvoir faire la différence, entre faire le bien et le mal. J'aimerais ne pas avoir de sang sur les mains, pour arriver à mes fins. Mais ce n'est pas le cas. Je ne suis pas comme eux. Je ne suis pas un héros. Je ne suis pas quelqu'un de bien... ce n'est pas moi. Je ne le serais probablement jamais. Pourtant, je sais que je n'aurais jamais ce que je souhaite le plus dans ce monde en continuant sur cette voie. Si seulement je pouvais leur prouver qu'iels avaient tort, que j'étais capable de faire le bien, moi aussi. Si seulement j'en étais tout bonnement capable.

Alors que je sécurise l'un de mes pantalons d'une épingle à linge, je sens une présence dans mon dos. Je me tourne furtivement pour voir Sloan sortir doucement de la maison. Elle me lance un regard avant de descendre la terrasse et ainsi trouver l'herbe. Sans plus de cérémonie, elle commence à marcher droit devant elle, se dirigeant je ne sais où. Je fronce les sourcils et cesse mon activité pour la regarder s'éloigner. Où est-ce qu'elle va, comme ça ? Ses pas semblent la diriger vers la lisière du champ qui commence à s'assécher par le manque de pluie. Est-ce qu'elle est en train de partir ? Bordel, Madilyn était sensée la surveiller. Je rage intérieurement avant d'enjamber la caisse de linge pour suivre la brunette. J'accélère le pas pour la rattraper, prête à la cogner si elle essaie sincèrement de se faire la malle. Elle s'arrête cependant au bord du champ, se contentant de regarder l'horizon en silence. Je n'aime pas l'idée de devoir la surveiller de loin, il faut qu'elle retourne à l'intérieur. C'est dans cette optique de la ramener auprès de sa nounou que je m'approche un peu plus encore, jusqu'à me trouver à sa hauteur.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant