67 jours après Thanos.
Base secrète des Avengers, Nord de New-York.
Maximilian Pierce.
Les journées commençaient amèrement à se ressembler. Chacune d'elle était l'ébauche de la prochaine, se fondant dans la conformité des précédentes. Après elles, les nuits étaient les homologues les unes des autres. Une boucle temporelle semblait s'être installée au-dessus du complexe. Sous la présence du soleil, chacun taisait ce qu'il ressentait. Sous la présence de la lune, nous le hurlions dans nos cauchemars. Et lorsque nous nous réveillions, qu'importe les blessures que nous nous étions infligées dans la journée précédente, nous cachions de nouveau cette peine pour tenter de soutenir les autres. Nous n'étions plus qu'un immeuble en voie de démolition, tenant dangereusement sur des poutres de bois fragilisées par les mites. Nous nous accrochions les uns aux autres, et si l'un de nous osait s'effondrer, alors les autres ne tiendraient probablement pas bien longtemps. Mais bien que nous le sachions tous les trois, aucun de nous ne le prononce jamais.
Cette journée-là, celle qui me ravage en silence, ne cesse de passer en boucle dès que je ferme les yeux trop longtemps. Je n'explique toujours pas ce qui est réellement arrivé dans cette forêt, sous cette chaleur étouffante. Je ne comprends toujours pas comment certaines choses ont pu se passer, mais ne plus être réelles quelques jours plus tard. C'est comme si tout s'était passé dans ma tête, et que je cherchais un moyen de justifier ce qui était arrivé. Mais même en ce sens, ça n'explique pas tout ce qui s'est produit là-bas. Peut-être que ça ne s'est jamais produit, et que je l'ai entièrement rêvé. C'est pour cette raison que je n'en ai toujours pas parlé à qui que ce soit. J'ignore ce que croit Steve lorsque je me réveille au beau milieu de la nuit en hurlant, et ce qu'il pense que je tente d'éviter en veillant jusqu'à ce que mon corps s'écroule de fatigue. Mais je ne lui en ai toujours pas parlé. Quelques fois, il m'arrive même de croire qu'il n'est pas vraiment là. Et que je suis en train d'épouser silencieusement je ne sais quel dieu de la folie. Il m'arrive de le pincer de temps à autres, pour m'assurer que je ne rêve pas sa présence. Mais même dans ces moments-là, je ne suis sûre de rien.
Steve aussi, se réveille quelques fois au milieu de la nuit, couvert d'une sueur froide qui le dévore en silence. Dans ces moments-là, j'aimerais savoir à quoi il pense, mais il tient à ne pas faire peser ses peines sur le dos des autres. Et en dehors des rares fois où j'essaie d'exprimer un besoin, je n'arrive pas à prononcer le moindre mot de la journée. C'est comme si chacune de mes paroles étaient bloquées au fond de ma gorge, et que rien ne peut les débloquer. Mon mutisme a finalement eu raison de Natasha, qui a entièrement perdu son sang-froid après que je l'ai giflée. Elle m'a traitée d'égoïste, parce que je préfère me taire que de rassurer mes camarades. Mais si je le pouvais, je parlerais plus souvent. J'ai seulement peur de ce qui sortira lorsque je le ferais. Et au fond, moi non plus, je ne veux pas faire peser mes cauchemars sur le dos de mes amis ; c'est sans doute pour cette raison que je ne souhaite pas encore me confier à eux. J'ai le sentiment que si je le fais, ils s'écrouleront probablement avec moi.
C'est sans doute pour tenter d'échapper à cette pitoyable routine que j'ai enfilé l'une de mes longues robes légères et des claquettes, et que je me dirige silencieusement vers l'extérieur du complexe. Lorsque je pousse la porte qui mène au grand jardin qui sert majoritairement de terrain d'entraînement, le silence me frappe en plein visage. Je prends une grande inspiration, mais reste devant la porte ouverte sans un bruit. Quelques mètres devant moi, Steve s'étire après avoir terminé sa course matinale. Il passe une main dans ses cheveux avant de vider de l'eau sur son visage imberbe, puis le frotte comme pour effacer bien plus que la sueur qui perle sur son front. Lorsqu'il cale ses mains sur ses hanches pour reprendre son souffle, son regard croise ma silhouette et attire son attention. Je ne bouge pas d'un iota lorsqu'il s'approche de moi, tout en gardant une distance respectueuse. Cette nuit, lorsque je me suis réveillée de mon cauchemar, je me suis débattue dans ses bras au point de lui en donner des coups qui lui auraient laissé des marques sans le sérum coulant dans ses veines.
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How Villains Are Made - MARVEL
FanfictionL'hydre à plusieurs visages rampait dans l'ombre du SHIELD depuis sa défaite lors de la seconde guerre mondiale, attendant patiemment dans les ténèbres silencieuses que son heure vienne enfin. Plus le temps passait et plus son pouvoir grandissait, d...