Chapitre 120 : Je te détesterai toujours

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Deux jours plus tard.

13h47.

Bien que les derniers évènements soient maintenant passés depuis plusieurs heures, je n'ai pas pu me résoudre à sortir de ma chambre pour aller auprès des autres membres de l'équipe. Je me suis simplement contentée de la présence de Steve, qui se chargeait de leur transmettre des nouvelles pour essayer de les rassurer. Malgré ses paroles, je ne me sens pas assez à l'aise pour retourner bavasser avec eux autour d'une tasse de café dans la cuisine. Tous semblent accepter de prendre en compte les circonstances atténuantes de mes actes, mais je ne peux m'empêcher de douter de leur sincérité. Peu importe ce que peut penser l'équipe, le résultat restera toujours le même : j'ai manqué d'assassiner l'un des leurs, et disons que ça ne fait pas de moi la meilleure amie de l'année. Je ne me sens pas encore prête pour supporter leurs paroles, ou ne seraient-ce que leurs regards, mais je ne me sens pas pour autant à l'aise avec l'idée de rester enfermée ici. Je compte bien profiter de leur petite réunion dans le jardin arrière de la maison pour me faufiler à l'extérieur sans être vue. Je récupère un grand chapeau que je visse sur mon crâne aux cheveux tressés, puis prends mes chaussures dans les mains en espérant pouvoir éviter de faire trop de bruit. Le parquet grinçant ricane sous ma tentative de discrétion, qui ne manque pas de me faire grimacer à chaque mouvement. J'utilise la rampe des escaliers pour descendre dans une glissade et ainsi éviter d'en faire grincer les marches, puis pose délicatement les pieds au rez-de-chaussée. La porte donnant sur l'arrière étant grande ouverte, je m'arrête un instant pour m'assurer que personne ne pourra me voir passer. J'allais faire un pas en avant lorsque j'entends mon prénom dans leur conversation.

« Tu es sûr que Maximilian va bien ? Demande Natasha.

- Non... je doute qu'elle se sente bien, soupire Steve. Mais elle m'a demandé de la laisser un peu tranquille, alors je n'allais pas l'embêter.

- Elle a sans doute besoin de toi, contredit Sam.

- Elle m'a dit qu'elle avait besoin de temps seule. J'imagine qu'elle est la seule à pouvoir s'exprimer sur ses désirs et ses besoins. Maxie a toujours fonctionné comme ça, vous savez. Lorsqu'elle ne se sent pas bien, elle préfère sa propre compagnie avant de commencer à revoir du monde. Laissez-la respirer un peu, ça a été très difficile pour elle.

- Et pour Bucky ? Demande Madilyn. Est-ce que tu as pensé à ce que Bucky a pu ressentir ? Est-ce que tu as au moins pris le temps de lui parler ?

- Bien sûr, que je lui ai parlé, râle Steve. Arrêtez de croire que je ne suis pas affecté sous prétexte que ce soit Maxie qui s'en soit pris à lui. On en a beaucoup discuté, et il a aussi dit qu'il avait besoin de s'éloigner un peu. Il faut croire qu'à chaque fois que je veux aider quelqu'un, il s'agit d'une personne qui ne veut pas se faire aider...

- Ce serait sans doute plus simple si ce n'était pas ta copine, rage Madilyn.

- Eh, Maxie n'est pas seulement la petite-amie de Steve, arrête de la traiter comme ça, se plaint Sam. Elle est notre amie, elle fait partie de notre équipe. Elle est importante pour chacun de nous. Alors ta petite vendetta à la noix, tu peux la garder pour toi. On ne te laissera pas t'en prendre à elle.

- Ça, c'est clair, ajoute Natasha. Ce n'était qu'un accident, et on fera attention à ce que ça ne se produise plus. Et au cas où tu l'aurais oublié, Bucky a déjà guéris de ses blessures. Maxie, elle, ne guérira sans doute jamais de son traumatisme. Si tu parles de faire du favoritisme par amour, tu devrais un peu plus songer à tes propres émotions. »

Je tourne les talons en soupirant silencieusement. Je me doutais bien que Madilyn serait la plus en colère contre moi : elle ne peut pas nier ce qu'elle ressent pour Bucky, même si à mes yeux, elle est encore plus idiote que moi. Tomber amoureuse de son garde du corps, tomber amoureuse de son partenaire de mission ; ce n'est pas si différent, et dans les deux cas, ça n'apportera rien de bon. Peut-être que la fin pourrait être plus heureuse si on ne parlait pas d'un soldat conditionné à assassiner sans pitié. Je continue mon chemin jusqu'à la porte d'entrée de la ferme, que je tire avec le plus grand soin. Je me glisse à l'extérieur et referme la porte derrière moi, espérant n'avoir attiré aucun regard. Je soupire de soulagement lorsque je suis de nouveau seule, relâchant mon poids sur le bois. Je descends les marches du porche et entreprend d'aller m'assoir sur la vieille balançoire, à moitié dévorée par l'herbe grimpante près de la grange. Je regarde autour de moi avant de m'aventurer plus loin, jusqu'à ce que je puisse tendre les bras pour tirer sur les cordes de la balançoire. Je vérifie sa stabilité avant de m'assoir sur la vieille planche, obligée de sauter puisque cette dernière est installée un peu trop haut. Les pieds nus pendant dans le vide, je jette mes chaussures dans l'herbe et me penche en arrière en inspirant profondément. Ce geste suffit pour faire glisser mon chapeau de ma tête. Je me redresse et entreprends de descendre pour aller le ramasser, mais il se replace tout seul sur ma tête.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant