Chapitre 29 : Trois balles

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            Après avoir pris soin de mes blessures, je retourne silencieusement aux côtés de Fury. Je m'installe en long dans une causeuse et me permet d'attraper le plaid pour le tirer vers moi. Hélas, ce délicieux confort ne peut durer plus longtemps qu'une chanson. Des voix nous parviennent étouffées depuis le couloir, devant la porte d'entrée. Puis, après un certain temps, plus rien. Une minute plus tard, c'est le grincement d'une fenêtre coulissante qui attire mon attention. Fury me fait signe de rester calme, alors que des pas amortis frôlent le sol. De la cuisine au couloir, du couloir au salon. Une tête dépasse une étagère, à ma plus grande surprise. Le regard du grand blond aux yeux bleus se pose d'abord sur moi, puis sur mon accompagnant. Quelque peu étonnée de faire face à Captain America, je ne peux m'empêcher de soupirer intérieurement. Une personne en qui Nicholas J. Fury peut réellement avoir confiance : ça ne pouvait être que le petit héros préféré de sa patrie. Un héros parfait pour la situation, connaissant très bien son ennemi d'entant. A ceci près que, sous son innocence charmante, il ne se doute pas encore que je suis l'une des têtes du serpent.

« Je ne me souviens pas de vous avoir donné une clef, soupire Steve.

- Je n'ai pas besoin de clef, lui répond Fury. »

Steve lève la main vers l'interrupteur de la pièce et allume la lumière. Ses yeux s'écarquillent en voyant l'état lamentable dans lequel nous nous trouvons tous les deux, mais avant qu'il ne puisse dire mot, Fury lui fait signe de se taire. Eteignant la lumière, Fury éveille l'attention affutée de Steve, qui doit maintenant s'inquiéter de notre présence. Le borgne me lance un rapide regard avant de porter toute son attention sur l'homme que nous sommes venus voir.

« Je suis désolé, ma femme m'a mis à la porte et je n'avais nulle part où aller. »

Avec l'aide de son téléphone portable de l'agence, Fury écrit un message qu'il montre directement au grand blond. Ce dernier se tend, et me regarde brièvement. Qu'est-ce que le Colonel a bien pu lui dire ?

« Je ne savais pas que vous aviez une femme, répond Steve.

- Il y a un tas de choses que vous ne savez pas sur moi, renchérit Fury. Ma femme ne voulait pas de mon chat, j'espère que sa présence ne vous dérange pas.

- J'adore les chats, ça ne pose pas de problème. Qui d'autre est au courant, pour votre femme ?

- Eh bien... seulement mes amis. »

Il lui montre un nouveau message que je ne parviens pas à lire. Mon angle de vue ne me permet pas de comprendre leur échange, et je ne peux nier que cela me rend extrêmement nerveuse. Ce que Fury peut bien être en train de dire à Steve, ça, je l'ignore ; mais les regards tendus qu'il me jette me donne le droit de douter. J'ai l'impression qu'ils sont en train de comploter contre moi, à ne pas me mettre dans la confidence. Malgré ses paroles dans les égouts, rien ne dit que Fury n'est pas en train de tenter de me vendre sur un plateau d'argent à l'homme qui est censé être l'ennemi numéro un d'Hydra. Si Steve est au courant et que Fury lui demande, il se fera plaisir en m'arrêtant, quitte à me donner quelques coups au passage.

« Votre chat semble faire partie de vos amis les plus proches, commente Steve.

- Hélas, c'est une petite teigne qui ne fait que de me griffer à la moindre occasion, rétorque Fury. Mais au moins, il est fidèle. »

C'est un bien grand mot. Je ne suis fidèle qu'à moi-même, dans cette histoire.

« Et, est-ce que je peux considérer que je fais partie de vos amis ?

- Ça, c'est à vous de voir. »

Je soupire longuement et tente de garder mon calme face à la situation. D'un geste tremblant, Fury se lève de son fauteuil et fait un pas bancal vers Steve. Je me redresse à mon tour et me lève, ne supportant pas leurs messes basses. Mais alors que je m'approche de Fury dans le but de lui servir d'appui au vu de sa démarche boiteuse, nous sommes surpris par un coup de feu. Le choc sonore me donne l'impression que la balle a été tirée à côté de moi, me laissant immédiatement le loisir de comprendre qu'il s'agit d'un fusil de précision soviétique, qu'Hydra a l'habitude d'utiliser. Au même moment où cette réalisation me frappe l'esprit, un deuxième coup retenti sans même que nous ayons le temps de vraiment réagir face à la situation. Voyant Fury tomber vers l'avant, le manteau tâché et le visage crispé, je tends les mains en sa direction pour le rattraper. Une troisième balle est tirée à une vitesse folle ; cette dernière m'effleure le bras avant de finir sa course dans le dos du Colonel. Lorsque je tire Fury vers le couloir pour le mettre à l'abri derrière un meuble, il est déjà trop tard. Touché par les trois tirs d'une précision incroyable, il pousse sans doute déjà ses derniers souffles.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant