Chapitre 96 : Fantôme du passé

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Lieu : inconnu.

Heure : 4h57.

Lorsque je commence à reprendre connaissance, je me sens baignée dans quelque chose de gluant, frai et désagréable. Une odeur d'huile de moteur tord mon visage dans le dégoût, à m'en donner des nausées. J'ouvre doucement les yeux, les oreilles sifflantes et le cœur battant dans les tempes. La douleur qui s'abat sur l'arrière de ma tête me laisse croire que je dois avoir un traumatisme crânien après la chute. Je pose la main à plat sur le sol pour me redresser, essayant de me repérer dans l'espace. La vue floutée, je parviens à apercevoir plusieurs personnes à quelques mètres de moi, visiblement occupés à regarder des choses sur des tablettes. Ils ont l'air de porter des uniformes et des bottes de combat, et surtout, certains d'entre eux ont des fusils d'assaut dans le dos. Affaiblie, je ne tiens pas longtemps en équilibre sur mon bras, tombant vers l'avant. Mon front manque de cogner contre le sol, mais quelqu'un arrête ma chute. Deux paires de bras m'attrapent de chaque côté et me contraignent à m'accroupir, le dos droit. La tête me tourne cependant trop fort, me forçant à basculer sur le côté à chaque fois. Une main gantée se pose sur mon front alors que quelqu'un me force à ouvrir les yeux. On utilise une lampe de poche pour tester mes réflexes oculaires à plusieurs reprises.

« Allumez la lumière, demande quelqu'un. »

Je ferme automatiquement les yeux lorsque les néons s'allument, les uns après les autres. La luminosité m'agresse comme un coup de couteau dans les yeux. Les trois hommes autour de moi restent patients, attendant que mes vertiges se calment d'eux-mêmes. Lorsque je suis capable de regarder droit devant-moi, mes oreilles sifflent encore. Je cligne des yeux pour apercevoir les yeux de ceux qui m'entourent. Il s'agit de la seule partie de leur visage que je peux voir, sous leurs masques noirs aux dessins de squelettes. Leurs uniformes ne portent aucune marque distinctive, ne me permettant pas de comprendre qui se trouve face à moi. Ni initiales, ni logo, ni même des patchs pour indiquer leurs groupes sanguins. Si ces personnes faisaient partie d'une armée, cette dernière donnée serait des plus importantes. Je fronce les sourcils, contrainte de les laisser me manipuler au vu de mon incapacité à me défendre. Celui qui est devant moi lève plusieurs doigts sous mes yeux.

« Combien ? Demande-t-il.

- Trois, répondis-je.

- Mal à la tête ?

- Oui.

- Nausées ?

- Hm, hm.

- Elle a sans doute un traumatisme crânien. Il faudra éviter de la secouer. Surveillez-la le temps que j'aille le chercher. »

Ceux qui me tiennent acquiescent. Ils me permettent de m'assoir contre un mur, pour ne pas avoir à me tenir par eux-mêmes. Ma tête bascule sur le côté, alors que je tente de trouver des repères. Le lieu ressemble à un bâtiment abandonné. Nous sommes dans un long couloir aux murs humides. Le plafond est troué par endroits, de l'huile est étalée sur le sol. Il y a des extincteurs accrochés aux murs, des haches de sécurité dans des boîtes en verre fissurées. Cet endroit ne ressemble pas du tout à mon immeuble. Je n'ai aucune idée d'où je me trouve, et d'avec qui je suis. Mais une chose est sûre : la batterie de voiture posée sur une table quelques mètres plus loin n'est pas ici pour faire jolie. Incapable de bouger correctement, je me contente d'observer les lieux en silence. Les hommes ressemblent à des mercenaires, et si j'en crois leurs carrures, ils doivent être habitués au combat. Leurs armes me rappellent celles qui sont utilisées au sein de l'armée américaine, à ceci-près que les numéros de séries sont recouverts par des bandes de strap noir. Impossible de les identifier clairement, mais une chose est certaine : je ne suis pas en présence d'alliés. Ils ne seraient pas autant sur leurs gardes s'ils devaient simplement veiller sur moi en l'attente de quelqu'un de plus important. Non, ils doivent garder un œil sur moi, au cas où. Au cas où je me lèverais et je tenterais de m'enfuir. Ma situation est désormais claire : l'explosion de mon immeuble n'était pas un simple coup de vent, il a servi à ces hommes pour me kidnapper. J'espère au moins que Luke va bien. Heureusement que les locataires n'étaient pas encore rentrés de leur soirée en famille.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant