Chapitre 172 : Un sentiment (dés)agréable

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            Lorsqu'approche l'heure à laquelle Steve quitte son nouveau lieu de travail, je laisse Natasha pour rejoindre la ville en transports en commun. Il y avait une éternité que je n'avais pas pris les bus de ville, ni même le métro, mais j'avais l'intention de rentrer en compagnie du blond préféré du quartier, alors une seule voiture suffira largement. Quelques regards inquisiteurs m'observent plus ou moins longuement, rares étant ceux qui persistent lorsque je les croise ; je ne m'étais jamais senti aussi peu en sécurité de toute mon existence. Tous les scénarios possibles et imaginables défilaient lorsque je remarquais ces groupes d'hommes me fixer comme un morceau de viande dans la vitrine d'un boucher de luxe, mais un seul me semblait plus probable que les autres.

Je ne pouvais cesser de croire que ceux qui me reconnaîtraient voudraient sans aucun doute ma peau, pour ne pas avoir réussi à les protéger deux ans plus tôt.

Mais à chaque fois que je croisais le regard du groupe de jeunes hommes entassés dans un coin du bus, la perversion maladive que je sentais dans leur attitude me donnait envie de leur donner une bonne leçon. Alors, non, je ne me suis pas privée d'user de mes talents pour faire en sorte que le premier qui tente de descendre du bus trébuche sur la marche qui nous sépare du trottoir, faisant tomber toute sa bande comme des dominos. Ça leur apprendra, à confondre femme et bœuf bourguignon.

Deux rues plus loin, je trouve aisément le centre de soins militaire que je cherchais. Depuis les derniers évènements, certains de ces centres ont été en quelque sorte réhabilités, pour non seulement accueillir les soldats mais également les civils. D'après des statistiques étranges, il semblerait qu'il reste plus de médecins et psychologues militaires que civils, alors certains ont accepté de prendre en charge des publics auxquels ils n'étaient pas habitués. De plus, parmi tous les psychologues et psychiatres qui restaient, nombre d'entre eux ont dû arrêter leur métier... pour aller eux-mêmes en thérapie. Et c'est dans ce bâtiment que, travaillant en lien avec les psychologues et psychiatres qui restent, Steve a ouvert une cellule de parole ouverte à tous ceux qui souhaiteraient assister à une thérapie, sans pouvoir se le permettre financièrement.

J'entre dans le bâtiment en me présentant rapidement à l'accueille principale, afin d'avoir le droit de parcourir les couloirs sans problème. Lorsque cela est fait, je déambule dans les allées entre les bureaux des médecins vides, jusqu'à trouver la grande salle dans laquelle je trouverais celui que je cherche. Mais, contrairement à ce que je m'attendais, sa journée ne semble pas être terminée.

Assis en cercles sur des chaises en plastique, plusieurs hommes baissent la tête pendant que l'un d'entre eux raconte ce qu'il a récemment vécu. Les bras croisés sur son torse, Steve se redresse légèrement en me voyant passer l'arche de la porte, sans pour autant couper la parole de l'homme. Je lui souris timidement, alors qu'il me fait signe que je peux m'approcher si je le souhaite. J'hésite un peu, le laissant d'abord gérer la situation avec cet homme au bord des larmes.

« Enfin... je me dis toujours que je dois aller de l'avant, mais c'est souvent plus facile à dire qu'à faire, vous voyez, soupire l'homme.

- Et qu'avez-vous fait, alors ? Demande Steve.

- Je ne suis pas allé au rancard. Je lui ai envoyé un texto pour lui dire que je n'étais peut-être pas encore prêt, et elle m'a dit qu'elle ressentait la même chose. Au final, on s'inscrit sur ces sites de rencontre pour aller de l'avant, mais aucun de nous n'y arrive.

- Une histoire de plusieurs années est toujours difficile à laisser derrière soi, vous ne devez pas vous sentir coupable d'avoir annuler. Vous avez sans doute évité un embarras qui aurait été commun à vous deux. »

L'homme acquiesce simplement, puis lève la tête pour retenir ses larmes. Lorsque son regard se tourne vers moi, il me salut respectueusement, attirant toute l'attention du groupe vers moi. Je déglutis en remarquant tous ces yeux posés sur ma personne.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant