J'ai toujours adoré plonger mon regard dans celui de James. Ses iris sont sans nul doute les plus belles que j'ai pu avoir l'honneur d'admirer de toute ma vie. Les nuances de bleus qui s'y mélangent ont toujours été mon tableau préféré. Ils sont pareils à l'eau d'un lagon pur entouré d'une fine barrière de corail qui assombri l'eau. Un lagon dans lequel je prends plaisir à me baigner sans craindre le soleil qui disparaît, car malgré la fraîcheur de ce regard d'hiver, il est l'endroit où je me sens le plus en sécurité. Des milliers d'expressions paraissent dans ce regard ; j'ai appris à les reconnaître, même les plus rapides, même les plus discrètes. De la surprise, de la joie, du doute, de l'incompréhension, de la tristesse, de la culpabilité, de l'amusement, de la tendresse, du désir, de l'amour. Je les connais toutes. Mais jusque-là, cette lueur dangereuse brûlant dans ces eaux claires m'était encore inconnue. C'est à cet instant même qu'un doute mesquin m'a envahie. Est-ce que je le connais vraiment ? Malgré tous les agréables souvenirs que nous partageons, un sentiment de malaise s'immisce en moi, alors que notre échange silencieux m'arrache la trachée. S'il avait souvenir de la passion de notre relation, rien de ce que nous avons vécu ensemble ne semble lui importer. Ce n'est plus le regard d'un amant qui me transperce, mais celui d'un assassin hors de contrôle. Pourtant, j'avais encore espoir que quelque part, sous la surface visible de cet iceberg, il restait un morceau de son âme que nous pouvions encore sauver. Un espoir bien romantique, qui rencontre la brutalité de la réalité.
La main armée levée vers moi, James n'a pas hésité avant de tirer sans retenue. La rage de son geste a balayé sa précision d'habitude si grande ; chaque balle rencontre un obstacle sans jamais m'atteindre. Peter, abasourdi par la violence de la situation, m'attrape par la taille pour me mettre à l'abri. Nous nous accroupissons et attendons dans le doute que ce vacarme cesse enfin. Mais si son chargeur est désormais vide, la détermination de James reste la même : il n'abandonnera pas le temps que nous ne serons pas tous morts. C'est avec un grand mal que je parviens à maîtriser de nouveau mes muscles engourdis. Tenue par la seule volonté de dieu sait qui quelque part là-haut, je sors mon arme de poing et me tourne pour faire face à mon partenaire. D'un signe de tête, Peter sort également son arme et vérifie son chargeur en soupirant.
« Est-ce qu'il y a une façon radicale de combattre le conditionnement ? Demande Peter.
- Je ne suis pas sûre, soupirais-je. Dans tous les cas, je doute que nous ayons suffisamment de temps pour lui faire retrouver la raison dans l'immédiat.
- Est-ce que tu as un plan ?
- Occupe-toi de retrouver Steve et Natasha, ordonnais-je. Ils sont peut-être blessés, surtout Natasha. Je m'occupe de James.
- Tu es sûre que je peux te laisser seule avec lui ?
- Oui, bien sûr. Ce n'est que James, pourquoi ? »
Une grimace désolée se dessine sur son visage. Lui avait compris ce que moi je refusais d'accepter. Quelque part, je savais ce que son regard signifiait ; mais je taisais les voix dans ma tête pour continuer de l'ignorer. C'est sans dire un mot que Peter s'éloigne tout de même, décidant de me faire confiance.
Je lui tourne le dos pour me concentrer sur James, mon arme à la main. Lorsque les coups de feu marquent une pause, je sors de ma cachette et tire dans la cuisse de James. Surpris, il tombe sur un genou. J'en profite pour me relever et l'approcher aussi rapidement que je le puisse. J'éjecte son arme d'un coup de pied, mais sa main m'attrape et m'envoie au sol. Le dos plaqué contre l'asphalte brûlant, je lève la jambe pour lui frapper le torse. Enervé, il attrape fermement mon pied et m'empêche de bouger. Un soupir m'échappe alors que je tente un sourire.
« Bah alors, tu ne me reconnais pas ? Demandais-je.
- Je sais qui tu es. »
Mon cœur bondit dans un espoir enfantin.
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How Villains Are Made - MARVEL
FanfictionL'hydre à plusieurs visages rampait dans l'ombre du SHIELD depuis sa défaite lors de la seconde guerre mondiale, attendant patiemment dans les ténèbres silencieuses que son heure vienne enfin. Plus le temps passait et plus son pouvoir grandissait, d...