Chapitre 40 : Vers CastelBlanco

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Cela faisait maintenant deux mois qu'Ama, Inos, Sakura, V, et Saberia avaient quitté la Guilde de Gaïa. Le voyage avait été long et semé d'embûches, mais ils avançaient avec détermination vers leur destination : les contrées de CastelBlanco, non loin de Clypeus Fenum. Chaque jour qui passait rapprochait un peu plus le groupe de la confrontation inévitable, mais aussi des réponses qu'ils cherchaient tous, chacun à sa manière.

La dernière missive reçue par Ama provenait directement de la Reine Jaine III, la souveraine d'Arcania. La lettre, écrite de la main élégante et autoritaire de la Reine, ne laissait place à aucune ambiguïté : la situation s'était considérablement aggravée. La diplomatie, autrefois l'arme de prédilection d'Arcania, avait échoué. CastelBlanco, autrefois un allié potentiel, avait choisi de s'allier avec les Singularité et les Quator Deus. Un choix motivé par des intérêts obscurs, que même la Reine ne semblait pas comprendre entièrement.

Ama, en tant que cheftaine de la Garde Royale d'Arcania, savait que sa mission devenait de plus en plus critique. Le royaume d'Arcania était désormais engagé sur la voie de la guerre, une guerre dont l'issue semblait de plus en plus incertaine. CastelBlanco, avec ses nouvelles alliances, représentait une menace directe non seulement pour Arcania, mais pour l'équilibre fragile de tout Eristia.

Le groupe marchait silencieusement à travers une forêt dense, la nuit commençant à tomber. Les arbres, imposants et silencieux, semblaient observer chaque pas des voyageurs. L'atmosphère était lourde, non seulement à cause de la météo mais aussi en raison des préoccupations qui pesaient sur chacun des membres du groupe.

Saberia, marchant aux côtés de V, se sentait de plus en plus perdue. Depuis qu'elle avait quitté Quator Deus, elle avait été témoin de tant de choses qui remettaient en question tout ce en quoi elle avait cru. Les récits des atrocités commises au nom de la guerre sainte, les alliances douteuses, les sacrifices de vies innocentes... Tout cela l'avait poussée à douter de la pureté de sa foi.

Elle se souvenait des leçons apprises au sein des ordres sacrés, où l'on lui avait enseigné que les Paladins étaient les défenseurs de la justice, de la vertu, et de la lumière. Mais plus elle avançait dans ce monde en proie à la guerre, plus elle voyait les ténèbres s'étendre là où la lumière aurait dû régner. Et surtout, elle voyait les contradictions, les hypocrisies, et le prix exorbitant que les simples gens payaient pour des idéaux qu'ils ne comprenaient même plus.

« Qu'est-ce qui te tracasse, Princesse ? » demanda V, sa voix empreinte d'un sarcasme familier, mais teinté de préoccupation.

Saberia, qui était habituée à ce ton décontracté de V, répondit d'un ton plus sérieux que d'habitude. « Je ne sais plus, V. Je ne sais plus ce que signifie être un Paladin. J'ai l'impression que tout ce que j'ai appris n'était qu'un mensonge. »

V haussa les épaules, sa main jouant nonchalamment avec le pommeau de son épée. « La vérité, c'est ce que tu en fais. Les Quator Deus et les Singularité ont peut-être dévoyé ce que signifie être un Paladin, mais cela ne veut pas dire que toi, tu dois les suivre aveuglément. »

Saberia resta silencieuse, perdue dans ses pensées. Elle savait que V avait raison, mais les doutes persistaient. Elle voulait croire en quelque chose de pur, de juste, mais plus elle avançait, plus ces idéaux semblaient hors de portée.

De son côté, Ama marchait en tête du groupe, ses pensées tournées vers la mission à venir. Elle savait que les forces de la Garde Royale d'Arcania se rassemblaient dans les contrées proches de CastelBlanco, mais elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Les informations qu'elle avait reçues sur les alliances de CastelBlanco étaient alarmantes. Pourquoi un royaume comme CastelBlanco, avec une histoire de neutralité relative, aurait-il soudainement décidé de s'allier avec des forces aussi puissantes et redoutées que les Quator Deus et les Singularité ?

Sakura et Inos, quant à eux, échangeaient des regards furtifs. Ils comprenaient tous deux la complexité de la situation géopolitique, mais contrairement à Saberia, ils n'étaient pas en proie aux mêmes doutes existentiels. Leur loyauté allait à Arcania et à Ama, mais même eux savaient que cette guerre pourrait les mener sur des terrains inconnus et dangereux.

Le groupe finit par s'arrêter dans une petite clairière, où ils décidèrent de monter un camp pour la nuit. Le feu de camp fut allumé rapidement, la chaleur réconfortante de ses flammes rompant quelque peu l'austérité de l'atmosphère.

Alors qu'ils s'installaient autour du feu, Inos prit la parole, brisant le silence. « Nous ne sommes plus très loin des terres de CastelBlanco. Ama, que penses-tu que nous trouverons là-bas ? »

Ama resta silencieuse un moment, son regard fixé sur les flammes dansantes. « Je ne sais pas, Inos. Mais une chose est sûre : cette guerre sainte que mène Quator Deus, ces alliances avec les Singularité... tout cela ne mène à rien de bon. Nous devons être prêts à affronter des ennemis qui ne sont pas seulement physiques, mais aussi idéologiques. »

Saberia baissa les yeux, réfléchissant aux paroles d'Ama. Elle savait qu'elle devait trouver des réponses, mais elle craignait de découvrir que celles-ci ne feraient que renforcer son désarroi.

V, sentant la tension palpable, tenta de détendre l'atmosphère. « Eh bien, quoi qu'il arrive, nous ferons face ensemble. Et si les choses tournent mal, au moins nous aurons une bonne histoire à raconter. »

Un léger sourire apparut sur le visage de Sakura, mais il ne dura qu'un instant. Tous savaient que l'avenir était incertain, et que la route qui les attendait serait parsemée d'obstacles. Mais ils étaient tous ici pour une raison, et malgré les doutes, les peurs et les tensions, ils savaient qu'ils ne pouvaient pas reculer.

La nuit se fit plus sombre, et peu à peu, chacun trouva le sommeil, à l'exception de Saberia. Elle resta éveillée, les yeux fixés sur les étoiles au-dessus, se demandant ce que l'avenir réservait pour elle, pour la foi qu'elle avait autrefois embrassée avec tant de ferveur, et pour les idéaux de justice et de vertu qu'elle cherchait encore à comprendre.

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