Eristia Univers

Chapitre 82 : Sur le fleuve en direction de Nargos .

Le crépuscule s'étendait sur l'horizon, teintant le ciel d'un mélange inquiétant de pourpre et de noir. Hiro, Tyrfing, et Neirnia étaient maintenant à bord d'un bateau qui semblait tout droit sorti des profondeurs de l'enfer. Les voiles déchirées flottaient mollement dans un vent lourd et étouffant, tandis que le bois du pont craquait sous les pas des passagers, une collection d'âmes perdues et dangereuses. L'atmosphère était imprégnée d'une magie obscure, si oppressante que même l'air semblait vouloir fuir le navire.

Neirnia, en balayant du regard les occupants du bateau, reconnut plusieurs visages qu'elle avait déjà vus sur des affiches de primes, tous plus redoutables les uns que les autres. Ces criminels, de toutes races et espèces, semblaient former un écosystème propre, un équilibre fragile où la mort n'était jamais bien loin.

Soudain, un Animorphe de Panthère, grand et musclé, se fraya un chemin à travers les passagers et s'approcha de Hiro. Sa fourrure noire luisait à la lumière des torches, et ses yeux jaunes scintillaient d'une lueur prédatrice. Il s'arrêta devant Hiro, les bras croisés, un sourire narquois étirant ses lèvres.

« Ta tête a une bonne prime », grogna-t-il, ses crocs luisant légèrement. « Ce serait dommage que tu meures avant d'arriver à Nargos. » Le ton de sa voix, chargé d'arrogance, laissait peu de place au doute quant à ses intentions.

Hiro, imperturbable, garda son légendaire sourire sarcastique. L'Animorphe Panthère continua, enhardi par le silence de son interlocuteur : « Mais je suis d'humeur généreuse aujourd'hui. Moi et mes hommes, on pourrait t'aider... en échange d'une belle bourse de pièces d'or. »

Le silence qui suivit fut si lourd qu'il semblait écraser chaque âme présente sur le pont. Hiro, toujours silencieux, se leva lentement, un sourire toujours vissé aux lèvres. Il libéra alors son aura, une vague de puissance si écrasante qu'elle plia l'air autour de lui. L'Animorphe Panthère, pourtant habitué à côtoyer la violence, blêmit instantanément. Ses muscles, jadis tendus, se relâchèrent dans un spasme de terreur tandis qu'il tombait à genoux, suffoquant. Ses poumons se vidaient de leur air, et du sang commença à couler de ses narines et de sa bouche.

Hiro, avec une voix aussi froide que le vent du nord, déclara à l'assemblée : « Y a-t-il d'autres personnes aussi téméraires et stupides que lui qui voudraient tenter de me racketter ? » Sa confiance, doublée de son sourire sarcastique, acheva de glacer le sang des passagers.

Un silence de mort s'abattit sur le navire. Les autres passagers, reconnaissant enfin Hiro, dont la prime dépassait les 2000 pièces de diamant fixée par les Quator Deus, se figèrent. Le nom de Hiro, membre redouté de la guilde de Gaïa, n'était pas étranger aux rumeurs les plus terrifiantes de la région. Personne n'osa bouger, encore moins parler.

Hiro, satisfait de leur terreur, donna un coup de pied au corps inerte de l'Animorphe Panthère, le faisant rouler sur le pont avant de tomber lourdement par-dessus bord. Le bruit sourd de son impact avec l'eau marqua le retour d'un calme sinistre.

« C'est bien ce que je pensais », conclut Hiro, son sourire s'élargissant encore, avant de se rasseoir, comme si de rien n'était.

Le bateau reprit son cours, glissant sur les eaux sombres qui menaient à Nargos. Mais une chose était claire pour Tyrfing et Neirnia : ce voyage était une plongée dans un monde où la mort guettait à chaque détour, où même la plus petite erreur pouvait signifier la fin. Pourtant, ils savaient que Hiro, avec sa connaissance des règles impitoyables de Nargos, était leur seule chance de survie.

Les jours qui suivirent furent marqués par une tension palpable. Le navire semblait lui-même être une entité vivante, imprégnée d'une magie ancienne et malveillante, veillant à ce que chaque âme à bord reste sur ses gardes. Tyrfing et Neirnia, bien qu'épuisés par leur entraînement infernal, savaient que le véritable test les attendait encore. Nargos, cette ville où les traîtres et les assassins régnaient en maîtres, ne serait pas seulement une destination ; elle serait un champ de bataille où la survie se gagnerait au prix du sang.

Le voyage continua, chaque vague rapprochant le bateau de cette cité de l'ombre, où seuls les plus forts avaient une chance de voir le lever du jour.