Chapitre 174 : Arthur Defers

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Dans la majestueuse capitale de Clypeus Fenum, où les tours de marbre blanc se dressaient fièrement vers le ciel, la salle du trône du Grand Souverain Sceptum Aegis résonnait des échos d'une autorité incontestée. Le Grand Souverain, vêtu de sa robe d'apparat d'un rouge profond brodée d'or, était assis sur son trône d'ivoire, le regard fixé sur ses conseillers militaires qui se tenaient en arc devant lui.

Parmi eux, Arthur Defers, le plus respecté des stratèges de Clypeus Fenum, se tenait légèrement en retrait, ses mains jointes dans son dos, les yeux baissés. Il avait été convoqué pour discuter des prochaines étapes de la Purge des Hérétiques, une campagne sanglante destinée à éradiquer toute opposition à la foi des Quator Deus.

Le Grand Souverain se leva brusquement, ses yeux brillant d'une colère contenue. « Nous ne pouvons tolérer plus longtemps ces traîtres et ces hérétiques qui souillent le sol sacré d'Eristia ! » Sa voix tonna dans la grande salle, répercutée par les voûtes de pierre au-dessus d'eux. « Cette guerre sainte doit être menée jusqu'à son terme. »

Arthur, sentant le poids des regards des autres conseillers se tourner vers lui, leva la tête, prêt à donner son avis, malgré le danger qu'il sentait poindre. « Souverain, notre armée est vaillante, cela ne fait aucun doute, mais nous ne sommes pas équipés pour une guerre d'invasion. Notre force réside dans la défense, dans l'art de tenir nos positions contre n'importe quel assaut. Tenter de mener une guerre d'offensive avec notre équipement et notre stratégie actuels pourrait affaiblir notre nation et ouvrir des brèches que nos ennemis n'hésiteront pas à exploiter. »

Les mots d'Arthur étaient pesés, mais ils ne firent qu'alimenter la fureur du Grand Souverain. Sceptum Aegis, avec un regard de feu, pointa un doigt accusateur vers lui. « Es-tu en train de me dire, à moi, ton Souverain, que tu doutes de mes ordres ?! » Sa voix monta, et le silence dans la salle devint oppressant. « Clypeus Fenum doit se montrer digne de la foi des Quator Deus et des Singularités ! Tu oses remettre en question ma décision alors que notre destin est en jeu ? »

Arthur soutint le regard du Souverain, sachant qu'il marchait sur une corde raide. « Je ne remets pas en question votre autorité, Souverain. Je ne fais que vous conseiller selon ma connaissance de la guerre. Je crains que lancer une offensive sans une préparation adéquate pourrait conduire à des pertes irréparables. Nous devrions peut-être renforcer nos alliances, augmenter nos réserves, et préparer une stratégie plus adaptée avant de se lancer dans une campagne de conquête. »

Sceptum Aegis perdit tout semblant de patience. Son visage se tordit de rage alors qu'il s'avançait vers Arthur, chaque pas résonnant comme une menace dans le silence pesant. « Silence ! » rugit-il. « Si tu n'es pas capable de mener mes armées à la victoire, alors tu ne vaux rien pour moi ! Je te l'ordonne : prépare-toi à mener nos troupes vers la victoire, ou prépare-toi à être exécuté comme un traître ! »

Un frisson traversa les autres conseillers, qui restèrent figés, osant à peine respirer. Arthur, quant à lui, se redressa lentement, ses yeux trahissant une lueur de résignation. Il savait que discuter davantage serait futile. Le Souverain était aveuglé par son obsession de gagner cette guerre sainte, et rien ne pourrait le détourner de cette voie.

« J'exécuterai vos ordres, Souverain, » répondit Arthur d'une voix mesurée, se soumettant à la volonté de son dirigeant. Mais au fond de lui, il savait que cette décision les conduirait tous au bord du précipice.

Sceptum Aegis tourna les talons, son manteau écarlate flottant derrière lui. « Bien. Que cette réunion se termine ici. Préparez-vous à la bataille. Nous écraserons ces hérétiques et montrerons à Eristia la vraie puissance de Clypeus Fenum. »

Les conseillers quittèrent la salle en silence, Arthur en dernier, son cœur lourd. Il avait accepté les ordres du Souverain, mais il savait que l'avenir de leur nation était désormais plus incertain que jamais. La dictature impitoyable du Grand Souverain, bien que nécessaire pour maintenir l'ordre, risquait de détruire ce qu'elle avait juré de protéger. Arthur, résigné, s'avança dans la nuit qui tombait sur la capitale, prêt à mener des troupes dans une guerre qu'il redoutait, mais qu'il ne pouvait éviter.

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