Eristia Univers

Chapitre 194 : Les mysteres de la chambre .

Le matin s'était levé sur le Bastion de la Guilde de Gaïa, baignant les tours et les jardins dans une lumière douce. Après une nuit de repos bien méritée, Suzu se trouvait à nouveau devant la chambre de Hiro, déterminée à poursuivre son exploration des mystères qui entouraient le Grimoire de Nécromancie des BloodMoonh. Elle savait que pour comprendre pleinement la langue du Millénaire Perdu, elle devait plonger plus profondément dans les écrits et les possessions de Hiro. Mais ce qu'elle s'apprêtait à découvrir dépassait de loin ce qu'elle avait imaginé.

En ouvrant la porte de la chambre de Hiro, Suzu fut immédiatement frappée par le désordre organisé qui régnait dans la pièce. Les murs étaient couverts de cartes anciennes, de plans et de croquis, certains d'entre eux représentant des lieux mythiques d'Eristia, d'autres des contrées encore inexplorées. Des étagères croulaient sous le poids de livres anciens, de parchemins et d'objets mystérieux, tandis que le sol était parsemé de coffres scellés, de bouteilles d'alcool, et d'artefacts étranges.

Suzu entra prudemment, évitant les piles de livres et les bouteilles qui gisaient sur le sol. La chambre de Hiro était un véritable labyrinthe, un reflet de son esprit complexe et libre. Elle avait l'impression de pénétrer dans l'antre d'un explorateur fou, un endroit où chaque objet racontait une histoire, mais où rien ne semblait vraiment à sa place.

Elle s'approcha d'un premier coffre, un vieux coffre de bois orné de ferrures rouillées. Elle l'ouvrit avec précaution, découvrant à l'intérieur une collection de pièces de diamants, scintillant dans la lumière matinale. Sur un morceau de papier jauni posé sur le tas de diamants, Hiro avait écrit de sa main désinvolte : Servez-vous.

Suzu sourit malgré elle. La générosité nonchalante de Hiro n'était pas une surprise, mais cela montrait une fois de plus à quel point il était détaché des biens matériels, préférant accumuler des trésors sans réel désir de les posséder. Elle referma le coffre et continua son exploration.

Un autre coffre, plus petit et scellé par un verrou complexe, attira son attention. Après quelques instants d'hésitation, elle parvint à l'ouvrir. À l'intérieur, elle trouva un assortiment d'armes anciennes, toutes d'une facture exceptionnelle. Chacune de ces armes portait les marques du temps, mais aussi celles de batailles légendaires. Ce n'étaient pas des objets du Millénaire Perdu, mais leur présence ici témoignait des nombreuses aventures de Hiro.

Alors qu'elle s'apprêtait à refermer le coffre, quelque chose attira son regard : un petit paquet de photos, soigneusement rangées dans un coin. Suzu les sortit, curieuse. Les photos étaient vieilles, certaines à moitié effacées par le temps, mais encore reconnaissables. La première montrait Hiro, jeune, avec une expression de défi sur le visage. À côté de lui se tenait une femme plus âgée, au regard désinvolte et à l'air sûr d'elle. Sur la photo, une annotation de la main de Hiro disait : Nagisa, mon mentor.

Suzu contempla l'image un instant, se demandant qui était cette Nagisa et quel rôle elle avait joué dans la vie de Hiro. Mais ce n'était pas la seule photo. En dessous, elle trouva une autre image, représentant la même scène, mais cette fois, une autre jeune femme se tenait un peu en retrait, le regard sévère et jaloux. Sous cette photo, Hiro avait écrit d'une main rapide : Ama, jeune et jalouse.

Le mystère s'épaississait. Qui était cette Ama, et pourquoi paraissait-elle si en colère ? Suzu rangea les photos, consciente qu'elles révélaient une partie du passé de Hiro qu'il n'avait peut-être jamais partagée avec personne.

Continuant son exploration, Suzu tomba sur un autre coffre, plus petit, qui semblait légèrement dissimulé sous un tas de vêtements délaissés. L'ouvrant avec précaution, elle découvrit encore un paquet de photos, mais celles-ci étaient différentes. L'une des images montrait une jeune femme à la beauté envoûtante, ses traits mi-humains, mi-sirènes, entourés d'une aura aquatique. Une inscription au-dessus de son cœur portait la mention « Désolé », et le dessin d'un cœur brisé se trouvait juste en dessous.

Suzu sentit une vague de tristesse en regardant cette image. Cette femme semblait avoir une place particulière dans le cœur de Hiro, mais l'histoire qu'elle racontait était manifestement douloureuse. Peut-être un amour perdu, une trahison ou simplement une séparation inévitable dans la vie tumultueuse d'un homme comme Hiro.

Mais Suzu n'était pas venue pour fouiller les souvenirs personnels de Hiro. Elle avait une mission. Elle reposa les photos avec soin et se dirigea vers ce qui semblait être une étagère de parchemins. Là, dans un coin poussiéreux, elle trouva enfin ce qu'elle cherchait : les écrits de Hiro sur la langue du Millénaire Perdu. Il y avait des notes détaillées, des essais et des traductions partielles, tout soigneusement organisé malgré le désordre ambiant.

Cependant, en parcourant les parchemins, Suzu se sentit de nouveau perdue. Les notes de Hiro, bien que claires à sa manière, révélaient un processus de pensée si différent, si intuitif, qu'elle avait du mal à suivre. Il semblait que Hiro avait développé sa propre méthode de compréhension, basée autant sur l'instinct que sur l'intellect. Le langage du Millénaire Perdu n'était pas seulement une série de symboles à déchiffrer, mais une expérience, une connexion à une époque révolue, que Hiro semblait être capable de capter avec une aisance déconcertante.

Suzu passa la matinée à essayer de comprendre, mais chaque tentative ne faisait qu'ajouter à sa confusion. Le langage du Millénaire Perdu restait insaisissable, même avec les notes de Hiro. Plus elle lisait, plus elle avait l'impression que les réponses se trouvaient juste hors de portée, cachées derrière un voile qu'elle ne parvenait pas à percer.

Finalement, épuisée, elle s'assit sur un tas de coussins abandonnés dans un coin de la chambre. La chambre de Hiro, avec son chaos apparent, était le reflet parfait de l'esprit complexe de son propriétaire. C'était un lieu de mystères, d'histoires non racontées, et de secrets profondément enfouis. Et pour Suzu, c'était aussi un lieu de défis, où chaque découverte en amenait une nouvelle, encore plus difficile à comprendre.

Mais malgré la confusion, Suzu savait qu'elle devait continuer. Le Grimoire de Nécromancie des BloodMoonh, les parchemins de Hiro, et toutes ces pièces du puzzle qu'elle avait découvertes ne pouvaient être ignorées. Il y avait un lien, une vérité cachée qu'elle se sentait obligée de découvrir, même si cela signifiait s'immerger encore plus profondément dans les mystères de Hiro et du Millénaire Perdu.

Avec une dernière inspiration, Suzu reprit les parchemins et recommença à lire, déterminée à ne pas se laisser vaincre par la complexité de cette langue ancienne. Elle savait que la clé était là, quelque part, et qu'elle finirait par la trouver.