Chapitre 157 : Le gardien de l'apocalypse

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Arianena cligna des yeux, se sentant désorientée, alors qu'elle émergeait d'un état semi-conscient. Les souvenirs récents du combat titanesque entre Hiro et le gardien du temple se frayaient un chemin dans son esprit encore embrouillé. Elle se rappelait des éclats de puissance brute, de l'aura maléfique qui avait imprégné chaque recoin de la salle, et surtout, de la transformation inquiétante de Hiro. Pourtant, ce n'était pas tant les images violentes du combat qui la troublaient le plus, mais plutôt l'impression persistante que quelque chose d'infiniment plus sombre s'était éveillé en lui.

Elle se redressa lentement, ressentant encore les douleurs lancinantes de son corps meurtri. Les blessures infligées par l'entité qui les avait attaqués étaient profondes, mais ce qui pesait le plus lourd dans son cœur, c'était la peur — non pas de la mort, mais de l'homme qui se tenait devant elle, cet homme qu'elle avait appris à connaître comme un être désinvolte, toujours prompt à un sarcasme ou une provocation légère. Mais dans ces derniers instants du combat, Hiro n'avait rien d'un demi-elfe ordinaire. Il ressemblait davantage à un démon jouant avec sa proie, une entité née du Néant lui-même.

Le silence pesait lourdement dans la grande salle délabrée, désormais remplie de l'énergie résiduelle des puissants échanges d'aura qui avaient eu lieu. Les murs fissurés, les gravats éparpillés, et l'air chargé de magie ancienne renforçaient le sentiment que cet endroit était le témoin d'événements bien au-delà de la compréhension mortelle.

Arianena inspira profondément, chassant ses craintes et tentant de retrouver son courage habituel. Elle se leva finalement, chancelante mais déterminée. Hiro lui tournait le dos, observant les ruines et les inscriptions anciennes qui parsemaient les murs. Il semblait plongé dans ses pensées, ou peut-être qu'il ne l'était pas. Avec Hiro, il était difficile de dire ce qui était véritable et ce qui relevait de sa façade moqueuse.

Prenant son courage à deux mains, Arianena avança lentement vers lui. Chaque pas était un rappel douloureux de ses blessures, mais elle savait qu'elle devait obtenir des réponses. Elle n'était pas du genre à être facilement effrayée, mais ce qu'elle avait vu ce jour-là dépassait toutes les horreurs auxquelles elle avait été confrontée.

« Hiro, » commença-t-elle, sa voix hésitante trahissant son trouble intérieur. « Je... j'ai besoin de savoir. » Sa voix se raffermit alors qu'elle continuait. « Es-tu vraiment ce que tu prétends être ? Un simple demi-elfe, un explorateur du monde d'Eristia ? Ou es-tu autre chose, quelque chose de bien plus sombre, de bien plus dangereux ? »

Hiro se tourna vers elle, et son visage affichait le même sourire désinvolte qu'elle connaissait si bien. Ses yeux, cependant, semblaient un peu plus sombres, un peu plus insondables. Il croisa les bras, la regardant avec une expression de fausse innocence.

« Arianena, ma chère, » dit-il avec un ton léger, « tu devrais savoir que je ne suis qu'un humble voyageur, un aventurier qui cherche à découvrir les secrets du monde. Pourquoi donc me poser une telle question ? » Son sourire s'élargit, mais Arianena ne pouvait ignorer la lueur presque prédatrice dans ses yeux.

Elle serra les poings, luttant contre l'envie de reculer face à ce regard perçant. « Parce que ce que j'ai vu, ce que j'ai ressenti... ce n'était pas normal. Ce n'était pas... toi. Cette aura, cette puissance... ce n'était pas celle d'un simple demi-elfe. Cela ressemblait plus à ce que les récits sacrés appellent... le Gardien de l'Apocalypse. »

Le sourire de Hiro vacilla légèrement, presque imperceptiblement, mais juste assez pour qu'Arianena s'en aperçoive. Elle avait touché un point sensible, un mystère qu'il ne pouvait pas simplement balayer d'un revers de main.

Il laissa échapper un léger rire, mais cette fois, il n'avait pas la chaleur habituelle. « Le Gardien de l'Apocalypse, dis-tu ? C'est un titre plutôt impressionnant, mais je crains que ce ne soit pas moi. » Il marqua une pause, son sourire se transformant en quelque chose de plus sérieux, de plus calculateur. « Je ne souhaite pas détruire ce monde, Arianena. Bien au contraire. »

Elle plissa les yeux, méfiante. « Alors, qu'est-ce que tu veux, Hiro ? Que cherches-tu vraiment ? »

Hiro détourna son regard, observant à nouveau les inscriptions anciennes qui couvraient les murs de la grotte. « Ce que je veux, c'est que le monde d'Eristia hérite des enseignements du passé. Pour que nous puissions tous avancer vers un avenir plus radieux, loin des erreurs qui ont conduit à tant de destructions. Mais pour cela, il faut parfois briser les codes, renverser les règles établies, et cela nécessite d'exposer des vérités que beaucoup préféreraient ignorer. »

Arianena sentit un frisson parcourir son échine. « Et si cela signifie que tu devras montrer... ta plus grande part d'ombre ? »

Hiro hocha lentement la tête. « Si c'est ce qu'il faut. Parce que parfois, la lumière ne peut exister que dans l'ombre. » Il se tourna vers elle, son regard intense capturant le sien. « Mais sache une chose, Arianena. Je ne suis pas le destructeur de ce monde. Je suis celui qui va le pousser à se transcender, à devenir plus grand que ce qu'il n'a jamais été. Même si cela signifie que je dois en devenir le plus grand des monstres. »

Le silence retomba dans la grotte, lourd de significations non dites. Arianena, pour la première fois depuis longtemps, se sentait incertaine. Elle avait toujours été sûre de ses instincts, de ses jugements, mais Hiro... Hiro était un mystère qu'elle n'était pas sûre de pouvoir résoudre.

Et pourtant, malgré les ténèbres qui semblaient l'entourer, elle ressentait une étrange confiance en lui. Peut-être était-ce son charisme naturel, ou peut-être était-ce simplement parce qu'elle savait, au fond d'elle, qu'il était la seule personne capable de bouleverser le monde d'Eristia comme il le promettait. Un mélange de peur et de respect s'installa en elle, la laissant à la fois troublée et fascinée par cet homme qui ne semblait jamais vraiment montrer qui il était vraiment.

« Je te fais confiance, Hiro, » dit-elle finalement, sa voix douce mais ferme. « Mais n'oublie pas que même les monstres ont leurs limites. Ne va pas trop loin... »

Hiro haussa les épaules avec nonchalance. « Qui sait, peut-être qu'un jour, je découvrirai où se trouvent ces limites. » Puis, avec un sourire en coin, il ajouta : « Mais pour l'instant, nous avons des secrets à découvrir et un monde à explorer, n'est-ce pas ? »

Arianena acquiesça, bien que ses doutes ne fussent pas entièrement dissipés. Mais une chose était certaine : leur voyage ne faisait que commencer, et avec Hiro à ses côtés, elle savait que rien ne serait jamais ordinaire.

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