Tyrfing et Neirnia suivaient Hiro à travers les ruelles sombres de Nargos, leurs esprits en proie à des doutes et des impressions qu'ils n'avaient jamais ressentis auparavant. Cette ville n'était pas seulement un repaire pour les criminels ; c'était une fosse abyssale où les valeurs humaines semblaient avoir été oubliées, englouties par les ténèbres omniprésentes. Le contraste entre ce lieu et le monde extérieur était saisissant, presque irréel.
Neirnia fut la première à être confrontée à l'horreur brute de Nargos. En traversant une place étroite, elle vit une draconière—une femme aux traits reptiliens et aux écailles argentées—marcher tranquillement, son visage exprimant une lassitude familière. Soudain, sans avertissement, un couteau fusa à travers l'air, se plantant profondément dans sa gorge. La draconière s'effondra, ses yeux écarquillés de surprise. Le sang se répandit sur les pavés froids, mais ce qui choqua Neirnia plus encore que l'acte en lui-même, ce fut l'indifférence totale de la foule. Les passants continuèrent leur chemin, enjambant le corps encore chaud, comme si cet assassinat était une simple occurrence quotidienne, insignifiante.
Neirnia, le cœur battant, se tourna vers Hiro, cherchant dans ses yeux un semblant d'explication, mais tout ce qu'elle y vit, c'était une calme acceptation. Pour Hiro, tout cela faisait partie de la réalité de Nargos, une réalité crue et inhumaine.
Tyrfing, de son côté, observait avec horreur les nombreux vices qui corrompaient chaque recoin de la ville. Des drogues circulaient librement, les transactions se faisaient sans la moindre dissimulation. Des prostituées aux regards éteints attendaient des clients à chaque coin de rue, tandis que des bagarres éclataient régulièrement, des règlements de compte se déroulaient en pleine rue, sans que personne ne tente de les arrêter. Les braquages et les assassinats étaient monnaie courante, se déroulant sous le regard impassible des habitants. Pour eux, c'était une journée normale à Nargos.
Ce qui perturbait le plus Tyrfing, c'était la manière dont ces actes odieux se déroulaient au grand jour, sous le regard indifférent des passants. Il était habitué à la violence, mais l'absence totale de réaction des gens de Nargos face à ces horreurs le rendait malade. Pour ces habitants, le crime n'était pas une déviation ; c'était la norme.
Cependant, ce qui surprenait le plus Tyrfing et Neirnia, c'était la réaction des autres en présence de Hiro. Partout où ils allaient, les gens s'écartaient rapidement de leur chemin, baissant les yeux ou détournant le regard. Personne n'osait croiser Hiro, même par accident, comme si effleurer ne serait-ce que son manteau pouvait signer leur arrêt de mort. La réputation de Hiro n'était pas seulement celle d'un guerrier redoutable ; c'était celle d'un homme dont l'imprévisibilité et la brutalité pouvaient déclencher des guerres pour les raisons les plus futiles. Une simple fiole de saké brisée avait suffi, selon certaines rumeurs, à le pousser à annihiler un clan entier.
Cette réputation s'étendait à travers Nargos comme une ombre, terrifiant les habitants de cette ville pourtant si habituée à la violence. Cela s'expliquait en partie par l'affiliation de Hiro à la guilde de Gaïa, dirigée par Madawan, un nom qui résonnait encore dans les bas-fonds de la ville comme une légende à la fois crainte et respectée.
Madawan, le fondateur de la guilde, était un homme de 25 ans, au visage durci par les épreuves et un regard aussi tranchant que ses dagues. De taille moyenne, avec une peau mate, des cheveux noirs coupés courts et des yeux noirs aux pupilles violettes, il portait une tenue de cuir simple aux couleurs neutres. Son élément favori, la foudre, était devenu sa signature. Madawan n'était pas simplement un criminel, il était une force qui avait forgé son chemin à travers les pires aspects de Nargos. Ayant grandi dans la pauvreté et la violence des bas-fonds de la ville, il avait survécu en se plongeant dans le monde du crime, apprenant les lois impitoyables qui régissaient cet enfer. Après avoir servi les pires pègres de la ville pendant plus de vingt ans, il avait payé le prix du sang pour obtenir sa liberté, cherchant désespérément à découvrir la vérité sur la mort de ses parents et la disparition de son maître.
Madawan était une figure redoutée, non seulement pour sa maîtrise des arts du combat, mais aussi pour sa capacité à manipuler les ombres de Nargos à sa guise. Ceux qui croisaient son chemin étaient souvent frappés par sa froideur, son sarcasme mordant, et son regard meurtrier. Pourtant, derrière cette façade impitoyable, ceux qui gagnaient sa confiance pouvaient parfois entrevoir une étincelle de sentiment, une once d'humanité précieusement gardée.
Tyrfing et Neirnia réalisaient maintenant que Nargos n'était pas simplement une ville ; c'était un monde à part, un univers où les pires instincts humains étaient la norme, et où seuls les plus forts et les plus rusés survivaient. Dans cet environnement, leur maître Hiro était non seulement connu, mais craint pour sa capacité à semer le chaos pour les raisons les plus insignifiantes.
Pour le duo, il devenait de plus en plus évident que Nargos était un endroit où ils devaient être sur leurs gardes à chaque instant. L'ambiance cruelle et implacable de la ville, le quotidien marqué par les pires crimes, ne leur laissait aucun répit. Ils devaient non seulement suivre les pas de leur maître, mais aussi apprendre à naviguer dans ce labyrinthe de vice et de trahison, où la moindre erreur pouvait leur coûter la vie.
En marchant à travers les rues sombres de Nargos, Tyrfing et Neirnia ne pouvaient s'empêcher de se demander : jusqu'où leur maître était-il prêt à aller dans ce monde d'ombres ? Et plus important encore, seraient-ils capables de survivre à cette épreuve, où même les alliés pouvaient se transformer en ennemis à tout moment ?

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Eristia Univers
FantasyPlongez dans les mystères d'Eristia, un monde où le passé et le présent s'entrelacent dans une danse épique de magie, de guerre et de secrets oubliés. Au cœur de ce royaume tourmenté par des conflits millénaires, des héros et des aventuriers se dres...