Chapitre 109 : Beruna.

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Dans l'infirmerie du bastion de la Guilde de Gaïa, l'atmosphère était toujours empreinte d'une étrange sérénité, malgré l'agitation constante des soins prodigués aux blessés. Des guérisseurs, sous la direction d'Iraka, la jeune dryade, allaient et venaient, veillant à ce que chaque patient reçoive l'attention nécessaire. Les jours de calme étaient rares, et aujourd'hui ne faisait pas exception. Pourtant, quelque chose de différent flottait dans l'air.

Au fond de l'infirmerie, isolée dans une chambre protégée par des runes de guérison, une jeune fille reposait depuis un mois dans un coma artificiel. Sauvé in extremis par Hiro, Madawan, et June lors de leur raid sur le laboratoire de CastelBlanco, son corps portait encore les stigmates des expérimentations cruelles qu'elle avait subies. Drainée de son énergie vitale et de son aura par des perfusions dans cet endroit morbide, elle était restée inconsciente depuis son sauvetage, son esprit plongé dans une obscurité profonde.

Iraka, qui passait régulièrement près de son lit, ne pouvait s'empêcher de ressentir une profonde empathie pour cette jeune fille. En tant que dryade, Iraka était naturellement sensible aux souffrances des autres, et elle savait que cette enfant avait vécu un enfer indicible. Chaque jour, elle espérait un signe, un petit mouvement, quelque chose qui indiquerait que la jeune fille pourrait revenir à elle.

Aujourd'hui, ce signe arriva enfin.

Alors qu'Iraka terminait de soigner un autre patient, une agitation se fit entendre dans la petite chambre. Les yeux d'Iraka se tournèrent immédiatement vers la source du bruit, son cœur battant plus fort. Elle se précipita dans la chambre, suivie de près par deux autres guérisseurs. La jeune fille était éveillée.

Les paupières de la jeune fille tremblaient faiblement avant de s'ouvrir, révélant des yeux grands ouverts, emplis de peur et de confusion. Elle se redressa brusquement, son corps tremblant, ses yeux parcourant la pièce sans la reconnaître. Elle était totalement désorientée, son souffle court, comme si elle venait de sortir d'un cauchemar.

Iraka s'approcha doucement, ses gestes lents et apaisants. « Tout va bien, tu es en sécurité ici, » murmura-t-elle, sa voix douce comme un murmure de feuilles dans la brise.

Mais la jeune fille ne semblait pas comprendre. Elle regardait autour d'elle, ses yeux s'arrêtant sur les guérisseurs présents, une terreur visible dans son regard. « Beruna, » murmura-t-elle finalement, sa voix brisée par la peur. C'était le seul mot qu'elle semblait capable de prononcer.

Iraka se figea un instant, essayant de comprendre ce que cela signifiait. « Beruna, c'est ton nom ? » demanda-t-elle doucement, cherchant à établir un lien.

La jeune fille hocha la tête frénétiquement, les larmes coulant sur ses joues. Elle continuait de répéter ce mot, comme un mantra désespéré. « Beruna... Beruna... »

Iraka s'agenouilla à côté du lit, prenant la main de la jeune fille dans la sienne. « D'accord, Beruna, » dit-elle avec douceur. « Tu es ici en sécurité. Personne ne te fera de mal. Tu es à la Guilde de Gaïa, et nous sommes là pour t'aider. »

Mais Beruna ne semblait pas vraiment entendre les mots d'Iraka. Ses yeux, grands ouverts, fixaient le vide, hantés par les souvenirs de ce qu'elle avait vécu. Son corps tout entier tremblait, et chaque son dans la pièce semblait la faire sursauter. Iraka reconnaissait ces signes : Beruna était plongée dans un état de stress post-traumatique.

Iraka fit signe aux autres guérisseurs de reculer légèrement, laissant un peu d'espace à la jeune fille. « Beruna, » répéta Iraka, cherchant à capter son attention. « Regarde-moi. Tu es en sécurité maintenant. Personne ne te fera de mal ici. »

Lentement, les yeux de Beruna se fixèrent sur ceux d'Iraka. Dans ce regard, Iraka pouvait voir toute l'horreur qu'elle avait vécue, toute la douleur et la peur qui l'avaient accompagnée jusque-là. C'était comme si elle cherchait désespérément une ancre à laquelle s'accrocher dans un océan de cauchemars.

Iraka ne la lâcha pas du regard, lui offrant toute la chaleur et la compassion qu'elle pouvait. « Tu n'as pas à avoir peur. Je suis ici pour toi. Nous allons t'aider, petit à petit. »

Le corps de Beruna se détendit légèrement, bien que les tremblements persistèrent. Iraka savait que ce ne serait pas facile. Les blessures psychologiques que Beruna portait mettraient du temps à guérir, peut-être ne guériraient-elles jamais complètement. Mais pour l'instant, le plus important était de lui offrir un environnement où elle pourrait commencer à se reconstruire.

« Beruna, » murmura-t-elle de nouveau, en lui caressant doucement les cheveux, « je vais rester avec toi. Peu importe combien de temps cela prendra, je serai là. »

Beruna cligna des yeux, une nouvelle vague de larmes roulant sur ses joues, mais cette fois, il y avait un léger signe de reconnaissance dans son regard. Elle ne comprenait pas encore tout, elle était encore perdue dans les brumes de sa mémoire dévastée, mais elle savait au moins une chose : elle n'était plus seule.

Iraka se tourna brièvement vers les autres guérisseurs. « Préparez une infusion apaisante et assurez-vous qu'elle ait un espace calme pour se reposer. Elle a besoin de temps, et surtout de sentir qu'elle est en sécurité. »

Les guérisseurs acquiescèrent et se mirent au travail. Iraka se retourna vers Beruna, toujours agenouillée à ses côtés. « Nous allons prendre soin de toi, Beruna, » murmura-t-elle. « Personne ne te fera de mal ici. Tu es libre, et tu es avec des amis. »

Beruna, bien que toujours profondément perturbée, sembla se détendre légèrement sous les mots rassurants d'Iraka. Pour la première fois depuis son réveil, elle ferma les yeux, épuisée par l'effort émotionnel qu'elle venait de fournir. Iraka continua de la veiller, sachant que le chemin de la guérison serait long et ardu, mais déterminée à l'accompagner chaque pas du chemin.

Dans l'ombre de la chambre, les souvenirs de ce qu'elle avait vécu restaient présents, mais petit à petit, Iraka espérait que Beruna trouverait une nouvelle force en elle, une force pour affronter et surmonter les démons qui la hantaient. Pour l'instant, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était être là pour elle, un ancrage dans un monde qui avait trop souvent basculé dans l'horreur.

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