Chapitre 32 : Le traître du conseil

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Une fois que Xain eut retrouvé ses esprits, ce dernier se débâtit pour desserrer les liens qui le retenaient. Il ne faisait absolument pas attention au monde qui l'entourait et poussait de légers grognements à chaque mouvement.

— Vous croyez que je l'ai tapé trop fort ? Demanda Syara aux autres membres du conseil.

— Xain, calme-toi ! ordonna l'un d'eux. Nous voulons juste te poser quelques questions.

— Vous êtes tous devenus fou ! Relâchez-moi ! Hurla le prisonnier.

Son visage, déformé par la rage alors qu'il venait tout juste de remarquer la beast, n'augurait rien de bon quant à sa coopération.

— Répondez d'abord à ma question. Pourquoi m'avez-vous ligoté ?

— Nous avons des raisons de penser que tu es impliqué dans ce qui arrive.

— C'est totalement stupide ! Vous vous êtes fait embobiner par une apprentie mage. Je vous croyais plus intelligent que ça.

— Et tu t'es fait mettre au tapis par cette même apprentie mage, alors je serais toi, je ne la ramènerai pas, rétorqua Syara. Réponds à nos questions et, s'il se trouve que tu n'as rien à voir avec cette histoire, nous te détacherons et je ferais en sorte de me faire pardonner ce que je t'ai fait.

— Très bien. Une fois que vous m'aurez libéré, tu vas morfler, promit-il.

La beast garda un visage impassible, mais espérait intérieurement ne pas s'être trompé. Ce Xain ne devait pas être le genre de personne à pardonner facilement ou revenir sur une promesse.

— Commençons, décida la violoniste. Quand avez-vous pris vos fonctions en tant que chef d'opération.

— Vous osez me demander ça ? Je fais partie de l'équipe qui a découvert ce qui allait arriver ! C'est moi qui ai eu l'idée de protéger la ville ! C'est grâce à moi qu'elle est toujours debout !

Sa colère mêlée à son manque d'estime envers Syara venait tout juste de le trahir. La violoniste jubilait de sa victoire presque acquise. Elle ne laissa cependant rien transparaître de ses émotions et continua son interrogatoire comme si de rien était.

— Et comment avez-vous découvert que la ville était en danger ?

— Nous avons ressenti un immense changement dans l'océan et, après l'avoir analysé, nous en avons conclu qu'il fallait protéger Sendra de ce qui venait. Vous devriez me remercier au lieu de me ligoter.

— Et pourquoi ne pas vous être enfui avec votre butin au lieu de protéger la ville ?

— Mais de quoi est-ce qu'elle parle ?

— Vous ne pouvez pas avoir ressenti un changement dans l'océan parce qu'à ce moment-là il n'y en avait pas. Je parle donc de la sirène que vous avez capturée et qui se trouve toujours à Sendra. Son père attaque la ville pour la récupéré et le temps nous est compté alors voici ma prochaine question : où se trouve-t-elle ?

— Et vous croyez vraiment à cette histoire de sirène ? Vous êtes tous débiles ma parole !

— Bon, on ne va pas rester comme ça toute la journée, intervint l'une des membres du conseil en sortant une magnifique flûte argentée.

La mage se plaça devant le prisonnier et entama une mélodie entêtante et répétitive. Syara avait l'impression que les notes s'insinuaient directement dans son crâne et provoquait d'atroces mots de tête. Tous, excepté la lanceuse de sort, grimaçaient de douleur et se bouchaient les oreilles pour échapper aux effets du sort.

Une minute après le début du sort, la mage rangea son instrument, visiblement satisfaite de ce qu'elle venait de faire.

— Voilà. À présent, personne dans cette salle ne peut mentir.

— On aurait pu faire ça bien avant, commenta le satyre du conseil.

— Mais nous n'avions pas de raison de suspecter qui que se soit avant aujourd'hui. Donc, nous allons débuter par Syara, c'est bien ça ?

— Moi ?

— Oui. Avez-vous réellement rencontré une créature dans l'océan et attaque-t-il réellement la ville pour récupérer sa fille ?

— Oui, affirma-t-elle.

La sensation était très étrange. Elle comptait, de toute façon, dire la vérité. Cependant, cette réponse avait été comme arrachée. Syara sentait que, même si elle l'avait voulue, elle n'aurait jamais pu dire autre chose que cette réponse.

— À toi Xain. Étais-tu au courant pour cette histoire de sirène.

Le prisonnier serrait la mâchoire et essayait de résister tant bien que mal à l'envi de répondre à cette question. Il résista pendant une vingtaine de secondes, mais perdit cette bataille de volonté.

— Oui, annonça-t-il haut et fort.

— Je le savais ! clama la beast. Prépare-toi à rencontrer à nouveau le bord de la table !

— Du calme, s'interposa Telak. Tu joueras avec lui quand on aura fini de l'interroger.

— Mais avant, j'aurai une question à poser à tout le monde avant de continuer. Dites-moi tous si vous connaissiez cette histoire de sirène avant l'arrivée de Syara.

Tous répondirent négativement puis reportèrent de nouveau leur attention sur Xain qui semblait avoir totalement perdu la raison. Le mage arborait un sourire dément et jetait des coups d'œil frénétique à ses anciens collègues.

— Pourquoi l'avoir enlevé ? questionna la beast.

— Vous savez combien vaut une créature telle qu'une sirène sur le marché noir ? Rien que son corps me rendrait incroyablement riche !

Cette réponse, bien que sincère, ne plut pas à la violoniste qui décrocha un prodigieux coup de poing dans la mâchoire du prisonnier.

— Question suivante, annonça-t-elle en massant ses phalanges. Pourquoi ne pas être parti de la ville ?

— Vous croyez qu'il est facile de faire sortir une sirène sans se faire remarquer ? Nous avons passé un mois à élaborer un plan pour passer inaperçu et nous enfuir. Les préparatifs sont presque terminés. Vous arrivez même trop tard. Jamais vous ne la retrouverez dans une ville aussi grande ?

— Ha bon ? s'étonna Rael. Où est-elle emprisonnée ?

De nouveau, Xain tenta de résister au sort. Il savait où la trouver, mais ferait tout pour ne pas divulguer sa position. Le sort de vérité était cependant très puissant et il ne pouvait rien faire ligoter ainsi à part serrer les dents aussi fort qu'il le pouvait. Il tint plus longtemps que la première fois, mais le coup que venait de lui donner la beast le faisait trop souffrir pour qu'il résiste plus longtemps.

— Elle est... Dans le... Quartier des entrepôts... Dans le... Deux...B.

La dernière lettre sonna comme une délivrance à ses yeux. Il avait tout fait pour s'en empêcher, mais avait perdu, une fois de plus.

— Nous savons à présent où chercher, annonça le satyre. Vous trois, je vous confie cette mission. Nous autres resterons ici pour surveiller ce traître et faire comme si de rien était pour ne pas attirer l'attention. L'avenir de cette ville est entre vos mains. Nous comptons sur vous.

— Je vous promet que tout sera réglé en un rien de temps, conclut Syara avant de tourner les talons et sortir du poste d'opération.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant