Chapitre 157 : La fée et l'enfant

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 Si tout le monde avait pris l'air pensif de Syara pour une simple réflexion lorsqu'elle se demandait qui pouvait bien aider le garçon triste, Phi, elle, avait parfaitement compris le message. En tapant sur son épaule juste aux pieds de la fée, la beast lui avait implicitement demandé d'aller le voir.

Phi s'était donc envolée au moment où l'elfe noir s'était levée et avait arpenté l'orphelinat en quête d'une quelconque ouverture pour rejoindre le garçon à l'extérieur. En passant par la grande salle principale, elle s'émerveilla de voir autant d'enfants qui jouaient et s'amusaient. Cet endroit respirait la joie de vivre. Cela réchauffait d'autant plus son cœur de les voir ainsi après que Syara lui ait raconté ce qui leur était arrivé.

Après quelques minutes de recherche, elle trouva enfin une fenêtre entreouverte et put sortir dans la cour. Assis adossé à un arbre, ses bras entourant ses jambes qu'il avait ramenées à lui et son regard vide montrait qu'il était perdu dans ses pensées.

Un instant, Phi réfléchit sur comment faire en sorte qu'il aille mieux. Aucune magie de soin ne pouvait soulager la peine de perdre des personnes que l'on aime. Les mots pouvaient s'avérer utiles, mais sans Rael, toute communication avec des personnes du monde extérieur lui était impossible. De plus, on ne consolait pas de la même manière un adulte et un enfant.

Après un moment de réflexion, la fée décida de passer à l'action. Tout d'abord, elle devait attirer son attention sans lui faire peur. Apparaître directement devant ses yeux était donc exclu. Elle commença d'abord par se rapprocher de son visage, puis saisit l'une des mèches qui tombaient devant ses yeux et la fit bouger de droite à gauche et de haut en bas.

— Mais qu'est-ce que ? se dit le garçon en sortant de ses pensées.

L'enfant, ne comprenant pas ce qui se passait avec ses cheveux, prit la mèche qui ne cessait de bouger et la remit en place. Pendant, avant qu'il ne se renferme de nouveau, une autre mèche virevolta devant ses yeux.

— Il y a quelqu'un ?

Comme prochaine étape pour révéler sa présence, Phi alluma ses mains avec un sort de soin et continua à faire bouger les cheveux du garçon. Si elle pouvait se rendre invisible, ses sorts, eux, ne l'étaient pas.

Intrigué, le garçon essaya de se saisir de la lumière, mais celle-ci lâcha ses cheveux et alla se poser à ses pieds. À cet instant, alors qu'il se penchait pour examiner les deux petites sphères de lumière, Phi décida de faire tomber son voile d'invisibilité.

Comme elle le craignait, il sursauta en la voyant apparaître et colla son dos à l'arbre, mais au moins, la petite préparation à leur rencontre avait amoindri la surprise. Sans faire de geste brusque, la fée attendit que la surprise soit passée et lui fit un signe de la main pour le saluer.

— Mais, qu'est-ce que tu es ?

Pour toute réponse, Phi tourna lentement sur elle-même et dévoila ses ailes qu'elle fit battre lentement, puis s'arrêta pour lui faire face et offrir au garçon son plus beau sourire.

— Tu me comprends ?

Avec un hochement de tête, Phi lui fit comprendre que oui, elle le comprenait. Sans faire de geste brusque pour ne pas l'effrayer, la fée voleta jusqu'aux genoux de l'enfant et se posa dessus pour s'asseoir. Elle le regarda ensuite avec une mine triste et compatissante.

— Ils me manquent, hoqueta le garçon en comprenant pourquoi elle était ici.

S'approchant encore de lui, la fée posa ses mains sur le cœur de l'enfant avec une idée en tête. Finalement, l'un de ses sorts pouvait peut-être se révéler utile. Une nouvelle fois, Phi alluma ses mains et, en peu de temps, le halo recouvrit entièrement l'enfant. Elle alla ensuite chercher dans les souvenirs du garçon un moment heureux où il se trouvait auprès de ses parents, puis les fit ressurgir dans sa mémoire. Alors qu'une larme coulait sur sa joue, un sourire illumina enfin son visage.

— Merci, dit-il en essuyant sa joue.

Pour lui faire comprendre que ces parents étaient toujours avec lui, Phi tapa gentiment sur le cœur de l'enfant, puis se retourna pour prendre son index qu'elle peina à soulever. Malgré tout, l'enfant se laissa faire et comprit qu'elle voulait l'emmener quelque part. Phi s'approcha ainsi de la porte et lui montra la poignée. L'enfant comprit tout de suite et entra dans l'orphelinat alors que la fée se recouvrait de nouveau de son voile d'invisibilité. Décidément, si même un enfant arrivait à la comprendre, c'est que le problème de communication ne venait pas d'elle, mais des autres qui étaient absolument nuls pour deviner ses mimes !

Alors que le garçon retrouvait ses amis, un homme passa dans la pièce et l'enfant se précipita vers lui.

— Grand-père !

— Bruno ? Ça va mieux ?

— Oui, mais tu ne devineras jamais ce qui m'est arrivé !

— Tu as rencontré une nouvelle amie de petite taille ? Tenta de deviner Syara en arrivant dans la pièce.

— Comment tu le sais ? s'étonna le garçon.

Pour toute réponse, la beast lui sourit et accompagna ce geste d'un clin d'œil. Sa mission accomplie, Phi retourna sur l'épaule de Syara et la suivit dans le réfectoire. Là-bas, la beast raconta ce qui leur était arrivé depuis leur dernier passage à l'orphelinat. Elle relata ainsi leur passage au village harpie en appuyant sur le fait qu'elles n'étaient pas toutes comme elle le pensait et qu'elle avait découvert chez Sae une personne gentille et ouverte.

Malheureusement, elles n'étaient pas toute comme ça. La beast parla notamment de la dirigeante du village qui était la propriétaire du cerbère qui avait apporté tant de malheurs au village d'Alan. Vint ensuite la rencontre avec Phi. Lorsque le grand-père entendit parler de fée, il ne put que rire et demander s'ils se fichaient d'elle. Il arrêta cependant de rire lorsque apparut à côté de son verre une petite créature humanoïde pourvue d'ailes.

Pendant un moment, même si Syara continuait son récit, Alan resta à observer Phi avec de grands yeux. Il avait du mal à croire ce qui se tenait devant lui. Il reprit le fil de l'histoire lorsque Syara abordait leur passage au royaume des fées.

Finalement, après ce long récit qui avait bien plus servi à Syara pour faire le point sur ce qu'elle avait vécu, le groupe accepta de rester déjeuner avec tout le monde, ce qui permit à Elyazra et à Guard de se présenter convenablement, chose qu'ils n'avaient pas pu faire à cause de Syara qui n'avait cessé de parler jusque-là. Enfin, ils décidèrent de rester l'après-midi, cette fois-ci pour les enfants et restèrent finalement jusqu'au soir, pour le plus grand bonheur de Phi qui, au final, était apparu à tout le monde pour jouer avec eux.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant