Chapitre 185 : Un bon dans le passé

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 Dès que Syara, Phi et Elyazra passèrent la nouvelle porte, un bruit presque assourdissant les assaillit. La lumière qu'elles croyaient n'être qu'éphémère pour garder la surprise de cette nouvelle salle persistait et faisait penser à l'orbe qui illuminait le royaume des fées. Il leur fallut un léger temps d'adaptation pour retrouver la vue et, lorsqu'elles purent enfin voir ce qui les entourait, elles ne purent que se décrocher la mâchoire de stupéfaction.

Les bruits qu'elles ne cessaient d'entendre étaient d'étranges charrettes qui passaient devant elles et qui n'avaient pas besoin de chevaux pour avancer à vive allure. Il y en avait partout ! En marche sur la route, ou bien à l'arrêt de chaque côté. Ces choses étaient sans aucun doute responsable de l'odeur qui ne cessait de les déranger depuis qu'elles étaient arrivées là.

Elles semblaient pourtant être les seules à être incommodées par cela, car oui, elles n'étaient pas seules. D'autres personnes, toutes humaines, marchaient dans ces rues sans même leur prêter attention.

— Regarde ! s'exclama Phi en tirant sur la manche de la beast.

La violoniste tourna d'abord la tête en direction de la jeune fée, puis, voyant qu'elle observait le ciel, en fit de même. Celui-ci n'avait absolument rien à voir avec le ciel qu'elle avait toujours connu. La grande majorité était d'un bleu clair. La source de lumière qui s'y trouvait était tellement étincelante qu'il était impossible de la fixer trop longtemps sans ressentir une certaine douleur. Les nuages étaient aussi différents de ceux de son monde. Chez elle, ils étaient gris clair, au mieux, mais là, ils n'étaient que des taches d'un blanc immaculé noyé dans tout ce bleu.

— Bienvenu dans le passé ! résonna la voix de Fos. Vous vous trouvez actuellement dans une représentation de votre monde tel qu'il était avant que le grand cataclysme n'ait lieu.

Malgré ses sens sur-développés, Syara n'arrivait ni à voir Fos, ni à déterminer d'où venait sa voix. C'était comme s'il se trouvait partout à la fois. D'ailleurs, l'esprit de son violon n'était pas là non plus.

— Après une courte concertation avec moi-même, j'ai décidé de vous emmener directement à la dernière épreuve, et ce, pour conserver ma santé mentale.

— Il lui en reste encore ? plaisanta Elyazra.

— Cette ville est semblable à celle dans laquelle j'habitais avant que tout ne change. Les partitions se trouvent quelque part à l'intérieur.

— Donc nous devons retrouver une feuille dans une ville entière, résuma la violoniste.

— Exactement ! confirma l'esprit du coffre. Petite règle de sécurité vu que le monde doit avoir bien changé depuis mille ans. Si vous devez traverser la route, regardez bien de chaque côté qu'une voiture ne vienne pas, le choc pourrait être quelque peu brutal si vous vous faisiez renverser. Si c'est un endroit trop passagé, cherchez des bandes blanches peintes sur la route, c'est un indicateur disant que les piétons peuvent traverser ici. Ceux qui conduisent les voitures seront plus enclins à s'arrêter si vous attendez devant l'un d'eux. Je dois tout de même vous avertir qu'il est possible que vous croisiez ces bandes à un endroit où se trouvent des poteaux qui émettent une lumière. Si c'est le cas, regardez celui en face de vous. Si la lumière représente une personne en rouge, attendez. Si elle est verte et donne l'impression d'être en mouvement, vous pouvez passer. Dernière chose importante. Quand on cherche quelque chose, on finit toujours par le trouver, mais la question est allez-vous la trouvez à temps ? À partir de cet instant, il ne vous reste qu'une heure pour trouver les partitions. Passé ce délai, vous resterez coincés dans ce monde.

Si Syara avait apprécié qu'il donne au moins les consignes de sécurité rudimentaires de ce monde, la dernière partie ne lui avait pas plu du tout. Elle n'avait, en plus, aucun indice sur la localisation des partitions.

— J'ai une idée ! s'exclama la demi-dragonne.

— Non ! refusa catégoriquement la beast.

— Mais tu ne sais même pas ce que j'allais proposer !

— Tu veux raser la ville pour que nous n'ayons pas à chercher dans les étages de chaque bâtiment.

— Ha, bah si, tu sais ce que j'allais proposer.

— Autre point important, précisa Fos. Les lois ici sont les mêmes qu'à l'époque. Si vous commettez des crimes, les forces de l'ordre n'hésiteront pas à vous arrêter, voir à recourir à la force selon la gravité de vos actes.

Alors qu'elles se demandaient comment récupérer les partitions dans les temps, un groupe d'adolescent passa dans la même rue. Du sac de l'un d'eux, une étrange musique s'échappait à un volume tel qu'ils donnaient l'impression de faire ça pour se faire remarquer. Si tel était leur but, cela avait au moins le mérite de fonctionner vu le regard noir que leur lançaient les passants.

Quant à cette dite musique, on ne pouvait pas vraiment dire qu'elle soit agréable aux oreilles de la beast. Habituée aux mélodies qui faisaient passer des émotions, ici, l'instrumental était basique, sans âme, et les paroles à peine chantées sur un ton agressif étaient à peine compréhensible. Ce sentiment était d'autant plus accentué par le fait que cette musique devait avoir été écrite dans une langue humaine, puis traduite pour être compréhensible par les personnes qui passaient cette épreuve. De ce fait, certains effets de rythme qui auraient pu trouver grâce aux oreilles de la beast pouvaient avoir été perdus.

— Ils écoutaient ça à cette époque ? s'horrifia la violoniste.

— Moi j'aime bien, commenta Elyazra.

— Pas moi, grimaça la jeune fée.

— tu devrais profiter un peu, ça n'est pas tous les jours que l'on a l'occasion de replonger dans le passé.

— Je pense plutôt qu'il faudrait que l'on se dépêche pour ne pas rester coincé dans ce passé. J'ai comme l'impression qu'il n'a de lumineux que le ciel.

— Et moi, je pense que tu juges un peu trop vite.

Un instant, Syara eut l'impression que les rôles s'étaient inversés entre Elyazra et elle. Malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle avait raison. Si les humains avaient abandonné leur technologie au profit de la magie, il y avait fort à parier que la guerre cyber n'en était pas la seule raison, et cette odeur quoique subtil mais aussi omniprésente que désagréable allait dans son sens. Syara n'avait donc qu'une envie. Récupérer les partitions et sortir.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant