Chapitre 64 : l'arbre mère (Telak)

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 Après que la barrière invisible ait volé en éclats, des cris de joie retentirent dans l'immense clairière. Prudemment, l'un des élémentaux s'avança et fit un pas en avant pour s'assurer qu'elle avait véritablement disparue. Lorsqu'il constata qu'il pouvait continuer à avancer, il continua sa route, accompagné par le reste de son peuple et pu enfin toucher l'une des immenses racines de son foyer.

Le mur n'était pas rester très longtemps. Cela devait faire un peu moins d'un mois qu'ils avaient été chassés de chez eux par cette étrange magie, en somme, une période négligeable comparée à leur espérance de vie. Cependant, ils se comportaient comme s'ils pouvaient enfin retourner chez eux après des années d'absence.

Soldats et mages se regroupèrent près des habitants et furent reçus par des acclamations. Cela étonnait d'autant plus Telak qui connaissait bien cette race. Lorsqu'il les avait côtoyés, dans une autre forêt élémentales, jamais il ne les avait vu exprimer ainsi leurs émotions.

— Alors ? Que faisons-nous à présent ? s'enquit le chef des soldats.

— Faisons le tour de l'arbre mère pour voir s'il n'y a pas quelque chose qui a changé, décida Agrat.

Soldats et mages se divisèrent en plusieurs groupes, chacun accompagné par un habitant pour qu'il les informe au moindre changement suspect. Telak, Grem et Valana ainsi que quatre soldats se retrouvèrent dans le même groupe et furent guidés par l'élémental qui les avait conduits de l'orée de la forêt jusqu'ici.

Heureux de rentrer chez lui et de faire découvrir l'arbre mère aux libérateurs, il les emmena entre deux racines qui, à leur intersection, formaient un étrange passage vers l'intérieur de l'arbre. Avec un peu d'appréhension, le groupe suivit le guide et pénétra dans ce tunnel sombre.

Ils n'eurent cependant pas à allumer la moindre torche. Au bout d'une dizaine de mètres, le boyau révéla ce qu'était réellement l'arbre mère. Creux à l'intérieur, une sève orangée et lumineuse parcourait les murs et éclairait l'endroit. À l'intérieur, c'était une véritable ville qui s'y était organisée. Le plafond, tellement haut qu'on pouvait y mettre n'importe quel bâtiment des autres races, brillait de milliers d'éclats. Il ressemblait étrangement aux descriptions du ciel nocturne d'antan, lorsque les nuages ne recouvraient pas encore la totalité du monde.

Chaque bâtiment n'était pas façonné dans le bois, il était le bois. En échange de leur dévouement à protéger et préserver la forêt, l'arbre mère pourvoyait à tous les besoins du peuple qui l'habitait.

— C'est... Magnifique, s'époustoufla l'un des soldats.

— C'est vrai, admit Telak. J'ai déjà rencontré des élémentaux, mais jamais je n'avais vu de structure pareil.

— C'est normal. Notre arbre mère est le plus grand au monde. Seule une poignée a la capacité d'accueillir les protecteurs. Nous ne laissons habituellement personnes approcher aussi près et encore moins entrer dans ce sanctuaire.

— Si c'est cela la vie d'élémental, je veux bien en devenir un, plaisanta Grem.

— Et encore, vous n'avez pas vu les paliers supérieurs. Les lieux d'habitations sont peut-être beaux, mais ils ne sont rien comparés au reste.

— Vous rigolez là ?

— Absolument pas. Par exemple, au troisième palier se trouve un jardin illuminé par une sphère encastrée dans le plafond. Certains disent qu'elle est aussi rayonnante que l'astre qui apportait sa lumière à ces terres autrefois.

— Rien que ça, rit doucement Valana.

— Cet arbre est notre foyer. Nous ferions tout pour le protéger.

— Maintenant que j'ai vu ça, je comprends pourquoi, commenta un soldat.

Le groupe déambula dans les rues à la recherche de quelque chose d'inhabituel et, au bout d'une trentaine de minutes, trouvèrent un élément qui n'avait rien à faire dans ce décor de bois. Une immense stèle en pierre était encastrée contre un mur qui, d'après l'élémental, se trouvait être le tronc en lui-même.

Par mesure de sécurité, le groupe ne s'approcha pas d'avantage et attendit que les autres les rejoignent.

— Tu es sûr que ça n'était pas là avant ? questionna Agrat à l'habitant de l'arbre.

— Cela fait maintenant cent quatre-vingt-quatorze ans que je vis ici et jamais je n'avais vu quelque chose de ce genre auparavant.

Si certains étaient étonnés par la soudaine apparition de la stèle, d'autres l'étaient encore plus par l'âge de l'élémental. Du haut de son mètre soixante-dix, il ne faisait absolument pas son âge. Si l'on devait le comparer avec les autres races, il donnait bien plus l'allure d'un homme de vingt-cinq ans qu'à un grand-père desséché à qui il ne restait que les os depuis bien longtemps. Et même si certaines races avaient une espérance de vie plus importante que les humains, cela n'était pas aussi extrême.

— Pourrais-tu interroger l'arbre mère pour savoir quand est-ce que cette chose est apparue ? demanda Mor.

— Je l'ai déjà fait, et c'est ça qui est troublant. Il m'affirme que cette pierre a toujours été là, répondit-il, troublé.

— Donc, si elle a toujours été là, il n'y a pas de raison d'en avoir peur. Nous pouvons nous approcher, supposa la chef de groupe.

— Où bien c'est apparu en même temps que la barrière et embrouillé l'esprit de l'arbre, rétorqua Mor.

— Il n'y a qu'une seule façon de le savoir. Allons-y.

Avec une assurance digne de son rang de mage de rang deux, Agrat avança d'un pas décidé vers la stèle. Sans prendre la moindre précaution, elle alla jusqu'à poser la main dessus et, satisfaite de l'absence de réaction, fit signe au reste du groupe d'approcher.

La pierre noir, haute de trois mètres et large du double, était scindée en deux en son centre. L'interstice minuscule ne se voyait que si l'on s'approchait au point de presque coller son visage dessus. Cela indiqua tout de même que ça n'était pas une stèle, mais une porte.

Outre cela, les battants étaient recouverts d'inscriptions totalement incompréhensibles, même si certains caractères semblaient se répéter.

— Vous qui avez découvert cette porte, n'essayez pas de l'ouvrir. Vous en payerez de votre vie, clama Mor au bout d'un certain temps.

Tous se tournèrent vers lui et l'observèrent, inquiets. Ce pouvait-il qu'une entité ai pris possession de son corps et parle à travers lui ?

— Je ne faisais que lire ce qui est marqué, expliqua-t-il pour rassurer ces compagnons.

— Tu arrives à déchiffrer ce charabia ? s'étonna le guitariste.

— Oui. C'est partie en tout cas. Elle est écrite en ancien démonique. Même si cette langue n'est plus utilisée, je l'ai tout de même apprise.

— Et là, il est écrit la même chose en satyre ancien, releva un soldat.

— Et ça, c'est l'une des nombreuses anciennes langues humaines, dit un autre.

— Ce qui veut dire que c'est toujours la même phrase répétée dans toutes les anciennes langues ? questionna Valana.

— Oui, confirma Telak. Cela veut dire deux choses. Ces portes sont très anciennes et la personne qui a écrit ça voulait être sûre que l'on comprenne le message.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant