Deux fois de suite ! Deux fois qu'elle avait un rendez-vous important le matin et qu'elle ne se réveillait pas ! Le fait est que sa petite sieste dans son bain l'avait tellement reposé qu'elle avait eut un mal fou à s'endormir, une fois la nuit tombée. Résultat, il était dix heures, Telak devait l'attendre depuis une bonne heure et elle était encore dans son appartement !
La jeune femme sortit de chez elle et ne prit même pas la peine de fermer sa porte à clé. De toute façon, quel voleur serait assez courageux, ou fou, pour s'en prendre à un appartement au dixième étage ? Et s'était reparti pour la course effrénée à travers la ville ! Avec, cette fois, une descente de quelques centaines de marches en bonus.
Plusieurs fois, sa dégringolade des escaliers faillit lui coûter cher. Elle arriva cependant, et miraculeusement, sans encombre en bas de l'immeuble et continua sa course pour arriver le plus vite possible au hall des musiciens.
Après une vingtaine de minutes, le lieu de rendez-vous était enfin en vue. Telak était là, adossé à un des piliers, bras croisés et tête baissée. Il la releva néanmoins lorsque Syara arriva à sa hauteur.
— Surtout, ne dis rien, avertit-elle.
La beast était pliée en deux et essayait de retrouver, tant bien que mal, son souffle. Le démon arqua un sourcil et, comme demandé, ne dit rien. Du moins, les dix premières secondes.
— Bien dormis ? sourit-il.
Syara lui jeta son regard le plus noir, mais il ne détourna pas le sien pour autant. Après tout, elle était en tort dans cette histoire.
— Tu n'aurais pas pu me donner un appartement un peu moins haut ? reprocha-t-elle.
C'était le seul sujet qu'elle pouvait aborder sans être sûre de se casser les dents dessus, alors autant parler de lui plutôt qu'un autre.
— Tu n'aimes pas la vue ?
— Se sont surtout les escaliers qui me dérangent.
Si Telak arborait un large sourire jusque-là, la réflexion de la jeune femme le fit éclater de rire. Pourquoi ? Il n'y avait rien de drôle ! Elle avait failli se rétamer plusieurs fois lors de sa descente. Si c'était vraiment arrivé, combien de temps aurait-il attendu avant de s'inquiéter et de venir à elle ? Vraiment, elle ne voyait pas ce qui était amusant.
— Tu veux dire que tu es passée par les escaliers pour monter et descendre ?
— Bien sûr ! Contrairement à toi, si je passe par la fenêtre, je m'écrase au sol !
— Pourquoi est ce que tu n'as pas utilisé le couloir de lévitation ? demanda Telak, toujours hilare.
— Le quoi ?
— Le couloir de lévitation. Lorsque tu entres dans ton immeuble, ouvres la première porte à ta droite. Un sort de lévitation te permettra de rejoindre ton appartement en quelques secondes... Et sans forcer.
— Et tu n'aurais pas pu me dire ça hier avant de partir ?! ragea la beast.
— Je pensais que c'était évident, rétorqua le démon en haussant les épaules.
— Eh bien ça ne l'est pas !
— Dans ce cas désolé. Je crois que mon attente d'une heure et demie servira très bien de punition pour ce malheureux oubli. Aller, viens. Ta salle d'entraînement personnelle t'attend !
Telak guida Syara à l'intérieur du hall des musiciens jusqu'à une simple porte, comme il y en avait tant dans la grande salle. La pièce derrière était immense, presque aussi grande que le hall lui-même. Mais c'était impossible, le bâtiment était bien trop petit ! À moins qu'une quelconque magie ne soit à l'œuvre...
Mise à part la taille anormal, il n'y avait pas grand-chose de plus. Quelques mannequins d'entraînements faits de pailles et de bois étaient éparpillés en face d'elle et, à part ça, rien. Le démon referma la porte derrière lui et s'approcha de sa nouvelle élève.
— Bien ! À présent, sors ton instrument et montres-moi de quoi tu es capable !
La jeune femme acquiesça et se mit au travail. Elle visualisa son étui et en sortit mentalement le violon. À peine eut-elle effectué cet exercice mental que son instrument se matérialisa dans ses mains. Elle se plaça ensuite à une dizaine de mètres des mannequins et... Et... Et quoi ? Elle devait utiliser son violon, ça c'était évident, mais y avait-il quelque chose en plus à faire ?
Pour avoir de plus amples explications, la beast se tourna vers son nouveau mentor.
— Tournes-toi vers les mannequins, ferme les yeux et ne pense à rien. Laisse ton corps bouger de lui-même et il te révélera quel sont tes pouvoirs.
Syara se retourna vers les cibles et suivit les instructions pas à pas. Tout d'abord, fermer les yeux. Ça, c'était simple. Ensuite, et c'est là ou ça se corsait, ne penser à rien. Comment pouvait-on ne penser à rien ? Rien que de penser à ne penser à rien c'était penser. On lui avait déjà demandé de faire ça, mais elle n'y était jamais parvenue.
À vrai dire, presque jamais. Il y avait bien un moment où elle avait réussi : les cours du professeur Vedo. Pour une fois qu'elle avait besoin de lui, cet imbécile se trouvait à plusieurs milliers de kilomètres d'elle. Devait-elle s'endormir pour réussir ? Manque de chance, elle n'était absolument pas fatiguée et dormir debout ne lui était jamais arrivé.
Au bout d'un certain temps, la jeune femme en eut assez. La patience ne faisait certainement pas partie de ses nombreuses qualités, loin de là ! Elle rouvrit les yeux et... Quoi ?! Syara ne savait pas ce qui s'était passé, mais la salle d'entraînement ressemblait à présent à un champ de bataille, où la grande majorité des mannequins étaient vaillamment tombés au combat. C'était elle qui avait fait ça ? Impossible, elle n'avait même pas bougé le petit doigt !
La beast se tourna alors vers Telak, en quête de réponses. La bouche grande ouverte, le démon la fixait bizarrement. De la peur ? De l'étonnement ? De la stupéfaction ? Elle n'en savait rien. Mais qu'est-ce qui c'était passé, bordel !
Son mentor reprit tout de même contenance, après quelques secondes, et commença à parler à voix basse, puis, de plus en plus fort.
— Ma... Ma... MA-GNI-FIQUE ! s'extasia Telak.
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Le violon de cristal: les partitions perdues
FantasyDans un monde où musique est synonyme de magie, où presque toute forme de technologie à disparue, où les humains ne sont plus les seuls êtres pensants de la planète depuis bien longtemps et où la terre, ravagée par les guerres, se remet peu à peu, v...