Chapitre 177 : Retour au présent

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 — Après être resté deux semaines dans le royaume des fées, Fos est retourné dans la ville où nous nous étions rencontrés et a façonné le coffre de cristal. Voilà, vous connaissez toute l'histoire, acheva Shay.

Assis sur les canapés dans le bureau du directeur de l'école, tout le groupe avait écouté avec attention l'histoire du dragon. Le récit avait duré un long moment, si bien qu'ils devaient être les derniers encore présents dans l'établissement.

— Le Fos que tu décris est bien différent que celui dont tu m'as parlé lorsque nous nous sommes rencontrés, constata Syara.

— Lors de notre rencontre, nous étions en pleine guerre. Agir ainsi ouvertement aurait poussé les personnes à le prendre pour un fou sanguinaire.

— Donc, si je comprends bien, Fos et toi êtes à l'origine du royaume des fées, c'est donc pour ça que vous leur avez confié l'une des partitions d'Athéa, déduisit Rael.

— Attendez, attendez, intervint le directeur. Vous n'allez pas me dire que vous croyez cette histoire ! Vous seriez un dragon, sachant que la dernière fois qu'une telle créature a été aperçue, c'était il y a deux-cents ans, vous avez rencontré des créatures qui n'existent pas et le violon de Syara n'est pas vraiment le sien mais celui d'un mage ayant vécu il y a mille ans ? C'est n'importe quoi !

— Mince, j'avais oublié que vous étiez là, commenta la beast. On fait quoi ? Ce sont des sujets sensibles quand même.

— Cela n'a pas d'importance, contredit Shay. Au pire, je pourrais lui effacer la mémoire.

— Et vous pensez que je vais me laisser faire ? s'emporta monsieur Vedo.

Il est vrai que dire cela comme si effacer la mémoire de quelqu'un était un acte banal n'était pas vraiment conseillé devant la personne concernée. Surtout qu'ils devaient éviter de se mettre le directeur à dos s'ils voulaient accéder au coffre de cristal. Il fallait qu'ils trouvent une solution pour le calmer et lui faire comprendre que ce que Shay avait raconté était la vérité.

Soudain, juste devant le visage du directeur, Phi annula son voile d'invisibilité et se mit à voltiger autour de lui avant de se poser sur la table basse en le regardant droit dans les yeux. Le groupe était presque aussi stupéfait que monsieur Vedo. Il ne fallait pas que l'existence de son peuple ne s'ébruite à cause de cette soi-disant potion d'immortalité dont l'un des composants était une fée. Et pourtant, elle n'avait pas hésité à se montrer pour appuyer la véracité de l'histoire de Shay.

— Je... Je rêve... bafouilla-t-il en écarquillant les yeux.

— Je vous présente Phi, la descendante de la reine dont je parlais dans mon histoire. Elles portent d'ailleurs le même nom que son ancêtre. Quant au fait que personne n'ai vu de dragon, sachez qu'ils ont la capacité de se transformer pour s'adapter aux populations.

Pour illustrer son propos, Shay usa de ses pouvoirs. Sa peau prit alors une teinte grise et ses traits s'affinèrent. Ses oreilles s'allongèrent et ses yeux changèrent de couleur pour adopter le physique type des elfes noirs. La transformation s'était faite d'une manière fluide et rapide, si bien que cela ne choquait que très peu de le voir ainsi.

Continuant sa démonstration, le dragon passa du gris au rouge. Des cornes se mirent à sortir de son crâne et deux ailes de cuir sortirent de ses omoplates et transpercèrent ses vêtements. En un instant, Shay était devenu un démon.

— C'est malin, ta veste est fichue maintenant, souffla la demi-dragonne.

— Et en quoi cela te dérange ? rit le dragon. Ça n'est pas toi qui vas la recoudre.

— Bon, d'accord, vous êtes un dragon et les fées existent, admit le directeur. Mais pourquoi vouloir accéder au coffre ?

— Nous sommes à la recherche des partitions perdues, l'une d'elle se trouve à l'intérieur, expliqua Telak.

Un instant, monsieur Vedo resta interdit devant cette révélation, puis, doucement, il se mit à rigoler jusqu'à partir dans un fou-rire incontrôlable. Ne comprenant pas vraiment cette réaction, les autres le regardèrent, étonnés, et attendirent qu'il se calme.

— Je savais que Syara allait faire des choses inattendues lorsqu'elle serait mage, mais de là à se lancer dans cette quête ! Sérieusement, vous ne pensez pas réellement pouvoir mettre la main dessus, si ?

— Nous en avons déjà retrouvé deux parties, répondit Guard.

— Trois si l'on compte celle que je suis allée chercher avec mes compagnons, ajouta le démon.

— Vous... Vous n'êtes pas sérieux là ?

— Fos a fait beaucoup de choses de son vivant et je l'ai aidé dans de nombreuses entreprises. L'une d'elle a été de l'aider à cacher les partitions pour qu'elles ne puissent pas être utilisées, je sais donc où les trouver, expliqua Shay. Mais les temps ont changé et, aujourd'hui, nous devons les retrouver. Voilà pourquoi j'aide son héritière dans cette quête.

— Mais... Pourquoi ? À part se faire un bon paquet d'argent en les revendant à des collectionneurs, je ne vois pas à quoi cela peut vous servir.

Le directeur venait de soulever un point intéressant. Syara s'était lancée dans cette quête, un peu par hasard vu qu'elle coïncidait avec ce qu'elle devait faire à côté, à savoir sauver et ramener Phi. Mais à présent, la beast se demandait pourquoi elle et ses amis les réunissaient.

Pour Elyzara, la question ne se posait pas vraiment, tant qu'il y avait de l'action, elle s'en fichait. Guard avait décidé de la suivre où qu'elle aille, donc lui non plus n'avait pas à se poser cette question. Rael devait se poser exactement la même question qu'elle à ce moment-là mais Telak et Shay, pourquoi voulaient-ils rassembler les partitions ?

— Une guerre se prépare, répondit le dragon à la question silencieuse de la violoniste. Le seul moyen de l'éviter ou, du moins, de réduire les pertes, est de réunir les partitions avant ceux qui veulent la déclencher.

— N'est-ce pas justement plus risqué ? Contredit l'elfe noir. Personne ne serait allé chercher celle que nous avons récupéré au royaume des fées.

— Croyez-moi, cet ennemi est bien trop intelligent pour que cela suffise. Les cacher ne suffit plus, il faut les protéger, et c'est à Syara qu'incombe cette tâche.

— Et toi Telak. Pourquoi voulais-tu les réunir ? S'enquit Rael.

— A la base, c'était pour un collectionneur, mais à présent, si cette histoire de guerre est vraie, je pense qu'il faut effectivement les protéger. Une fois que nous les aurons toutes, j'irai chercher celle que mon groupe et moi-même avons récupéré.

— En attendant, il nous en reste encore deux, dont celle qui se trouve dans le coffre, dit le dragon en se tournant vers le directeur.

— Bon, d'accord, je vais vous mener au coffre de cristal, céda-t-il.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant