Chapitre 75 : La salle améthyste

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Une nouvelle fois, les mages s'engouffrèrent dans une nouvelle partie des catacombes. Pour leur plus grand malheur, ils furent de nouveau accueillis par des escaliers, qui, eux, montaient.

— J'espère qu'ils ne sont pas aussi longs que ceux qui nous ont fait descendre ici, se plaignit Agrat. Même si Mor m'a soignée, j'ai encore un peu de mal à me déplacer.

Ce qu'elle disait était vrai. La chef du groupe n'était pas du genre à se plaindre pour rien ou à simuler une blessure, bien au contraire. Elle essayait constamment de cacher ses faiblesses, même à ses partenaires qui étaient devenus de proches amis. La voir boiter ainsi voulait donc dire que sa douleur était bel et bien présente et qu'elle la faisait assez souffrir pour qu'elle ne puisse pas la dissimuler derrière son masque impassible.

— Tu veux que nous partions en éclaireur pour voir ce qu'il en est ? proposa Telak.

— Non. Nous ne nous séparons pas.

— Dans ce cas, laisse-moi mieux te soigner, insista Mor.

— Il n'en est pas question ! Si tu utilises toute ton énergie ici, tu n'en auras plus assez si un autre combat se présente.

— Et si je ne te soigne pas, tu risques d'y passer au prochain combat, contredit le batteur.

— Pour le moment, conserver tes pouvoirs est plus important que moi. Si nous tombons sur un autre ennemi et que je tombe, Telak pourras toujours le vaincre. Cependant, si tu te retrouves à court d'énergie, le groupe n'aura plus de protection et nous y passerons tous. J'ai pris ma décision, allons-y !

Pour illustrer ses propos, Agrat s'engouffra dans l'ouverture et gravit les premières marches. Le reste du groupe se regarda et haussa les épaules. Après tout, elle était celle dont il était le plus difficile de lui faire changer d'avis. De plus, elle se sentait visiblement coupable de s'être prise le coup d'épée de l'armure, d'avoir ainsi gâché les soins de Mor et de n'avoir été d'aucune utilité lors du combat.

— Bon alors, vous venez ? grogna-t-elle par-dessus son épaule.

Valana en tête pour détecter la moindre anomalie magique, le groupe gravit prudemment l'escalier pour éviter tout piège mécanique. Heureusement pour eux, l'ascension ne dura que très peu de temps. D'après leurs estimations, ils devaient se trouver juste au-dessus de la salle cathédrale. Un long couloir se présentait à eux et tournait à droite après une cinquantaine de mètres.

Comme pour l'entrée des catacombes, le passage était éclairé de torches positionnées à intervalles réguliers. Aucun piège ne se trouvait dans cette partie. Le groupe, après avoir suivi le seul chemin disponible, arriva devant une porte qui ressemblait étrangement à celle que Valana avait ouverte. Les écritures étaient cependant différentes et elle était moins imposante.

Pendant quelque temps, ils cherchèrent une langue qu'ils comprenaient. Il n'y avait pas de passage dans la langue commune à tous et les démons durent se rabattre sur celle de leur ancêtre.

— D'un bleu étincelant, je choisis votre destinée, traduisit Mor. Échouez à mon test, et vous m'oublierez. Réussissez, et de pouvoir je vous couvrirez. Pour passer, il ne vous reste qu'à me nommer.

— La réponse est évidente, c'est le coffre de cristal ! clama Valana.

Les démons attendirent un quelconque mouvement de la porte, mais rien ne se passa.

— Je ne comprends pas. Il est bleu, lorsque on échoue, notre mémoire est effacée et lorsqu'on réussit, on gagne notre instrument donc nos pouvoirs.

— Valana, quel est mon nom ? demanda le bassiste.

— Pardon ?

— Réponds s'il te plaît.

— Telak, mais pourquoi cette question ?

— Parce que si mon nom avait été la réponse à l'énigme, celle que tu as prononcée aurait été équivalente à répondre c'est un démon. C'est vrai, mais ça n'est pas la réponse attendue.

— Tu peux répéter plus clairement ? Ton explication est nulle.

— On te demande le nom de l'objet, pas ce qu'il est.

— Et tu le connais-toi peut-être ?

— Non, avoua-t-il.

— Le réguarisse, répondit Mor.

À peine le batteur avait prononcé ce mot que la porte se mit à trembler et à coulisser lentement pour leur ouvrir le passage.

— Comment est-ce que tu connais ce mot ? s'étonna la chanteuse.

— Il y a une représentation du coffre dans le hall des musiciens de je ne sais plus quelle ville. Je me suis juste souvenu de l'inscription qu'il y avait en dessous.

Lorsque les deux battants eurent totalement disparu dans les murs, les mages purent pénétrer dans la salle suivante. À part la porte à énigme, il n'y avait aucune issue dans celle-ci. Trois marches permettaient de descendre sur une surface plane, maintenue par quatre colonnes qui descendaient du plafond, et dont les bords s'arrêtaient peu avant les murs sphériques. Ceux-ci, d'un violet améthyste, luisaient à intervalles réguliers.

— Nous sommes dans l'orbe qui se trouvait au plafond de la grande salle, déduisit Telak.

Au centre de la plate-forme, une représentation miniature du réguarisse avait été installé sur un piédestal. Avec une extrême prudence, le groupe se rapprocha et entoura le coffret.

— Vous croyez que ce que nous cherchons est à l'intérieur ? demanda Valana. J'ai l'impression que c'était bien trop simple et rapide.

— La réponse à ta question est oui, et ton intuition est vraie, répondit une voix derrière eux.

Surpris, les mages se retournèrent et invoquèrent leurs instruments. Devant eux, un homme habillé d'une large toge bleue parsemée de runes blanches semblables à celle du coffre leur faisait face. Son visage était caché par sa capuche et ses mains enfouis dans ses larges manches.

— Qui êtes-vous ?

— Qui je suis ? Eh bien, le propriétaire des lieux, évidemment.

— Alors c'est de votre faute si mon mari est mort, hurla Valana en entrant dans une colère noire.

Comme Telak s'en doutait, la guitariste avait enfoui ce sentiment pour le déverser sur celui qu'elle jugerait responsable. Et elle venait de le trouver. De ses deux mains, elle tenta de le saisir à la gorge, mais passa à travers comme si elle tentait d'étrangler le vent.

— Je comprends que vous vouliez me tuer, répliqua-t-il avec un ton posé. Je suis désolé, mais je ne peux vous donner satisfaction vu que je suis déjà mort. Après tout, vous êtes dans mes catacombes.


Pendant quelques instants, les membres du groupe se regardèrent sans savoir quoi faire ni quoi dire. Ils étaient visiblement arrivés au bout, mais avaient aussi l'impression que tout cela avait été, comme l'avait dit Valana, trop facile et rapide par rapport à la récompense. Peut-être que ce spectre avait la réponse à leurs questions.

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Petite note de fin:  pendant six semaines, je vais peut-être avoir du mal à publier. Les chapitres de mon roman Scyllia étant achevés, ils seront publiés normalement, mais comme j'écris ceux du violon de cristal le jour de leur publication et que mes journées vont êtres assez remplies, je ne sais pas si je pourrais tenir le rythme de deux chapitres par semaines. De plus, je suis sur un ordinateur qui décide, lors de mes publications, de supprimer certains espaces ce qui m'oblige à faire une lecture supplémentaire avant de publier (n'hésitez pas à me signaler tout espace manquant). 

Bref, je vais essayer de tenir le rythme, mais je ne promet rien :S

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant