Chapitre 170 : L'identité du peuple ailé

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 Cela faisait à présent plus de deux minutes que les coups pleuvaient et que Shay et Fos se roulaient par terre. D'abord stupéfait par cette scène irréelle, les créatures ailées qui se trouvaient dans la pièce commençaient à en avoir assez de ces intrus.

— Allez-vous cesser de nous ignorer et de vous rouler ainsi par terre ! s'énerva l'un d'eux.

Immédiatement, le mage et le dragon arrêtèrent de se battre et se relevèrent. Si Fos était recouvert de blessures et arborait déjà un œil au beur noir, Shay lui n'avait que les vêtements de légèrement froissé.

— Excusez-nous pour...

Avant que le dragon n'ait fini sa phrase, le mage lui décrocha une droite en pleine mâchoire. Le temps sembla s'arrêter un court instant, puis Fos se saisit la main avec laquelle il avait frappé son acolyte et souffla vivement sur ses phalanges endolories.

— Ça y est, tu as fini ? questionna Shay en levant un sourcil.

— C'est pas juste. C'est moi qui te frappe et c'est moi qui ai mal.

— Malgré cette forme, je reste un dragon et...

— Et voilà, ça recommence ! Monsieur est un dragon ! Monsieur est mieux que tout le monde ! Monsieur est...

— Ça suffit ! tonna celui qui leur avait demandé d'arrêter de se battre.

— Ha, merci, enfin du soutien ! Tu vois, même eux n'en peuvent déjà plus de toi ! ajouta Fos.

— Il est con ou il le fait exprès ? demanda l'un des habitants de la ville.

— Un peu des deux, répondit Shay. Mais je pense qu'il est surtout comme ça parce qu'il est entouré de chose qu'il ne connaît pas... Il déteste ne pas avoir réponse à tout.

— Alors avant que nous ne satisfaisions votre curiosité, il va falloir répondre à nos questions. Que faites-vous dans notre forêt ?

— On est venu chercher ça, répondit immédiatement le mage en pointant le cristal du doigt à travers la fenêtre. Mais on ne pensait pas qu'il était aussi gros... Et enfoui sous la terre.

Un instant, les créatures se regardèrent, incrédule. Il avait encore dit une connerie, pensa Shay. Pourtant, ils ne semblaient pas vouloir les agresser. Peut-être que le fait qu'il demande le cristal était quelque chose d'étonnant.

— Mais nous ne sommes pas sous terre, affirma l'un d'eux.

— Et les piliers qui soutiennent la voûte au-dessus de nos têtes ?

— Vous voulez parler des arbres ? s'étonna une autre créature.

— Oui, c'est ça, les ar... Non, c'est pas ça ! Comment ça les arbres ? Attendez... On fait quelle taille là ?

— La taille d'une personne de notre peuple. La taille d'une fée, répondit un troisième.

Silencieux, Fos regarda les créatures ailées qui lui faisaient face. À chaque fois que son regard se posait sur l'un d'eux, il clignait trois fois des yeux puis passait au visage suivant. Shay quant à lui avait aussi toutes les peines à croire cela. Même si cela lui paraissait évident à présent, comment n'avait-il pas ressenti le changement de taille ? De plus, s'ils disaient vrai, se trouver en face de telles créatures était tout bonnement incroyable. Que ce soit chez les humains ou sur le monde originel des autres races, les fées étaient une légende et personne n'en avait jamais vu. Certaines rumeurs concernant une potion d'immortalité à base de fée existaient bien, mais personne n'avait jamais synthétisé ce breuvage.

— Bon, au moins, vous avez le mérite de l'avoir fait taire. Vous savez, ça n'est pas donné à tout le monde, rit Shay en voyant que son ami était toujours sous le choc de la révélation. Mais dites-moi plutôt, vous êtes originaires de ce monde ou de l'autre ?

— L'autre ? s'étonna l'une des fées. Nous avons toujours vécu ici... D'ailleurs, tout se passait bien jusqu'à ce que les hommes se mettent à faire la guerre et à utiliser la magie. À cause d'eux, notre forêt et tout ce qui l'entoure est mort !

— C'est de votre faute si notre peuple meurt de faim ! ajouta un autre, la colère montant peu à peu.

— Et vous voulez nous retirer la seule chose qui nous maintient en vie ? s'énerva un troisième.

— Vous survivez grâce à l'énergie du cristal, devina Shay. D'où votre maigreur et votre teint maladif.

— Le peu de nourriture que nous trouvons va à nos enfants, expliqua celui qui paraissait le plus vieux et qui ne semblait pas s'énerver contre les intrus. Nous aurions dû quitter ces bois bien avant, mais il est trop tard à présent. Nous ne survivrions pas à un aussi long voyage dans l'état où nous sommes.

— Fos, qu'en penses-tu ? questionna Shay.

Le mage, toujours sous le choc, n'arrivait pas à s'en remettre et à décrocher un mot. À chaque fois qu'ils parlaient, il se disait que des fées avaient habité dans cette forêt bien avant que les autres races ne débarquent. D'ailleurs, il ne se trouvait pas sous terre, mais dans un bois. D'ailleurs, il avait été rétréci !

— Fos ! tonna le dragon en lui assénant une gifle.

— Hein ? Quoi ? Paniqua le mage en sortant de sa léthargie.

— Ces gentilles petites fées crèvent de faim, ne peuvent plus se déplacer et utilise ce qui empoisonne le sol pour survivre. Tu as une idée pour régler ça ?

— Attendez, comment ça empoisonne le sol ?

La gifle l'ayant bien réveillé, Fos put raconter ce qu'il avait vu des autres zones recouvertes de petits cristaux d'énergie. Vu que cet endroit était le seul où il y en avait un gros, il en avait déduis qu'il était la cause de cette terre morte. Cependant, un problème subsistait. D'un côté, les fées ne pouvaient survivre éternellement en se nourrissant de magie, mais d'un autre, leur priver du cristal leur enlèverait leur seule source d'alimentation.

— Si nous retrouvons notre taille, nous pourrions vous ramener de quoi manger, proposa Shay, mais tant que ce cristal restera planté dans la terre, rien ne poussera.

— Je suis désolé, intervint le vieil homme, mais nous ne faisions déjà pas confiance aux humains avant, alors à présent qu'ils nous ont tout pris, c'est encore pire. Rien ne nous dit que si vous retirez le cristal, vous reviendrez nous ramener de quoi survivre.

— Je comprends votre méfiance, mais... tenta Shay.

— Et si nous refaisions vivre instantanément cette forêt ? proposa Fos.

Étonné, le dragon tourna la tête vers son ami. Celui-ci n'avait pas dit cela sous le coup de l'humour et ça n'était pas des paroles en l'air. Vu son regard, il était parfaitement sérieux.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant