Chapitre 139 : Une révélation préoccupante

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À peine une dizaine de minutes après avoir retrouvé Phi, le guide entra dans la chambre et indiqua que l'entretien était terminé. À part rassurer son amie, la beast n'avait fait que la prendre dans ses bras et la consoler tout en la rassurant sur le fait qu'elle allait réussir et la ramener avec elle.

Tout en sortant de la chambre, non sans jeter un dernier regard en direction de la princesse, la violoniste sourit en pensant à quelque chose. Pour une fois, Syara ne pouvait qu'être d'accord avec le roi. Revoir Phi avait renouvelé sa détermination et l'avait décuplée. À présent, elle était prête pour la dernière épreuve. Le souverain pouvait bien aligner les sept autres concurrents contre elle, elle les éliminerait tous en même temps.

Mais en attendant, elle devait patienter le temps que les deux concurrents qualifiés après elle rencontrent Phi. Au moins, elle savait que l'un d'eux allait essayer de la rassurer comme elle l'avait fait. Dommage pour lui, il n'aura pas sa main, du moins, pas grâce à ce tournoi.

Le guide emmena Syara dans une petite pièce, éclairé et meublé cette fois-ci. Il s'agissait vraisemblablement d'un petit salon d'une suite plus petite que celle qu'elle et ses compagnons avaient réquisitionnée. Il y avait tout le nécessaire pour être bien installé, mais la chose la plus remarquable était la marque au sol, semblable à celle qui se trouvait sur la plate-forme sur laquelle elle avait atterri en pénétrant dans ce royaume.

—Lorsque cette rune s'illuminera, placez-vous dessus, elle vous enverra sur le lieu de la dernière épreuve, expliqua le guide avant de refermer la porte.

Seule dans la pièce, Syara s'installa sur le fauteuil et souffla longuement. En y réfléchissant bien, elle fut étonnée de se retrouver là, à attendre la dernière épreuve. Avec tout ce qu'avait fait le roi pour l'empêcher de se qualifier, c'était un miracle qu'elle soit arrivée là. Enfin, pas totalement un miracle. Il y avait bien quelqu'un à qui elle devait ses victoires.

—Fos ? appela-t-elle.

—Oui ?

—Pourquoi tu m'aides autant ?

—Je te l'ai dit, je m'ennuie.

—Arrête, je ne te crois pas. Les seules fois où nous nous sommes parlés, c'était à l'intérieur du violon ou sur le rempart de Sendra. Alors pourquoi tu interviens maintenant ?

Pendant un instant, le silence s'installa dans la pièce, ou plutôt dans la tête de la violoniste vu qu'elle était visiblement la seule à entendre l'ancien porteur du violon de cristal. Elle avait l'impression que Fos réfléchissait au fait de lui révéler la vérité ou rester murer dans son silence.

—Pour deux raisons, finit-il par répondre. La première est la même que ce qui t'a poussée à participer à ce tournoi. Je veux sauver Phi. La seconde, c'est que je suis inquiet. Je n'arrive pas à me contacter.

—Te contacter ? répéta-t-elle pour avoir de plus amples explications.

—Oui. Vois-tu, à chaque fois que je me suis séparé d'un fragment des partitions d'Atéa, j'y ai insufflé une partie de mon âme. Cela me permet d'apparaître devant ceux qui veulent s'emparer d'un fragment et de savoir quand l'un d'entre eux a été récupéré.

—Comment ça ?

—Par exemple, lorsque Telak et son équipe ont retrouvé le premier fragment, après leur avoir parlé, cette partie de mon âme a rejoint le violon, ce qui m'a permis de savoir qu'il avait été récupéré et par qui.

—D'accord, je comprends, mais qu'est-ce que tu entends par je n'arrive pas à me contacter ?

—Normalement, lorsque je me trouve aussi près d'un fragment de partition, je peux parler avec la partie de mon âme qui s'y trouve. Là, je n'arrive pas à créer ce lien.

—Tu veux dire que le fragment ne se trouve pas ici ?

—Si, je la ressens, mais il y a autre chose... Je n'arrive pas à savoir ce qui se passe et ça m'énerve !

Ce que venait de lui révéler Fos était assez troublant, mais une chose à la fois. Elle devait d'abord se concentrer sur la libération de Phi avant de chercher à s'emparer de la partition. Fos, d'accord avec elle, ne parla pas plus que ça de ses craintes et la laissa se concentrer sur les combats à venir.

Au bout d'une vingtaine de minutes, la rune au sol se mit à briller, signe qu'elle était appelée au prochain lieu d'épreuve. Le moment était venu, la dernière ligne droite. D'un bond, Syara se leva de son fauteuil pour se placer au milieu du tracé illuminé.

Une fois dessus, la rune brilla de plus belle et forma comme une paroi de lumière qui enferma la beast. Un vrombissement se fit alors entendre, puis des voix et des applaudissements recouvrirent ce léger bourdonnement. Lorsque la lumière disparut, Syara put enfin voir où elle avait atterri.

Sur un plateau en lévitation au centre de la ville, une arène avait été improvisée avec, de chaque côté, des gradins bondés et, en face d'elle, un terrain plat qui s'étendait jusqu'à tomber à pic. Avec un rapide coup d'œil derrière elle, Syara apprit qu'il en était de même de son côté. Elle se trouvait au bord du plateau et il n'y avait aucune protection pour l'empêcher de tomber. D'ailleurs, le combat devait-il se dérouler uniquement au sol ou pouvaient-ils voler ?

De l'autre côté de la plate-forme, une colonne lumineuse apparut et révéla l'adversaire de Syara. Il n'était pas de ceux qui avaient été ignobles avec phi. Dommage, elle aurait aimé en réduire un en charpie pour envoyer un message à l'autre.

Tout comme elle, le concurrent prit quelques instants pour voir où la téléportation l'avait emmené. La violoniste en profita pour regarder plus en détail les gradins. Elle trouva ses amis au milieu de la foule et, de l'autre côté, sur une estrade à part, la famille royale au complet.

—Voici nos deux premiers concurrents. Vous êtes à trois combats de la victoire totale, à vous de donner le meilleur de vous-même. Les règles sont simples. Le vol est autorisé, mais vous devez toujours rester dans le champ de vision de l'arbitre, expliqua le roi en pointant une fée sur le bord du terrain. Pour gagner, il vous faudra donc sortir votre adversaire du terrain pour qu'on ne le voit plus, le faire abandonner ou bien le faire tomber inconscient. La mort de votre adversaire vous disqualifiera d'office. Sur ce, bonne chance, combattez avec honneur !

Son discours fini, un gong retentit, signe que le combat pouvait commencer.  

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant