Chapitre 171 : Le plan de Fos

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 — Alors ? Tu comptes exposer ton idée ou garder la surprise ? questionna Shay.

— Pour une fois, je vais expliquer ce que je compte faire, répondit Fos. De toute façon, je ne pense pas que nos nouveaux amis nous laissent faire si je ne dis rien.

— Comme je l'ai dit, nous ne faisons pas confiance aux humains, confirma la fée qui paraissait la plus âgée.

— Ça tombe bien, nous non plus ! Mais si vous voulez que votre peuple puisse vivre au lieu de survivre, il va falloir faire une exception. Le choix vous appartient.

— Dites-nous ce que vous avez en tête et nous aviserons, décida une autre fée.

— Si vous voulez bien me suivre, j'ai quelque chose à vous montrer.

Sans en dire plus sur ses intentions, Fos tourna les talons et sortit de la pièce. Sans se presser et en se donnant un air mystérieux, le mage descendit les étages et se stoppa net une fois arrivé en bas. Tous ceux qui se trouvaient en haut l'attendaient dans le hall, les bras croisés et peu impressionnés par sa petite mise en scène.

— Bon, encore les fées je peux comprendre qu'elles soient arrivées avant moi grâce à leurs ailes. Mais toi Shay, qu'est-ce que tu fou ici ?!

— J'ai sauté, se contenta-t-il de répondre en haussant les épaules.

— Son entrée était d'ailleurs bien plus impressionnante que la vôtre, ajouta une fée.

Fâché que son acolyte lui ait volé la vedette, le mage enfonça ses mains dans ses poches et adopta une posture renfrognée, puis sortit de l'édifice. Cette fois-ci, il ne chercha pas à se cacher des habitants et marcha dans les rues comme si de rien était. Les quelques fées qu'il croisait s'écartaient à son passage, mais la vue de leurs semblables qui le suivaient quelques mètres derrière les rassurait assez pour qu'elles ne s'enfuient pas.

Ses pas les menèrent jusqu'à la périphérie de la ville. De là, Fos et Shay purent confirmer qu'ils avaient bien été rétrécis. Le sol était jonché de feuilles mortes aussi grandes qu'eux ainsi que de branches qui ressemblait à de véritables rondins de bois que l'on pouvait trouver près des scieries.

— Je pense que cet endroit sera parfait pour faire ma démonstration, décida le mage en effleurant la terre.

Sans en dire plus, le violoniste invoqua son violon de cristal et le plaça sur son épaule, collé à son cou. Devant les regards curieux des fées, il approcha l'archet de l'instrument et se mit à jouer une mélodie lente et tintée de notes qui respiraient la vie et la joie. En peu de temps, un simple brin d'herbe sortit de terre et s'éleva jusqu'à faire la taille du mage. Cependant, avant que la musique ne soit achevée, la plante se mit à noircir et à se désagréger avant de tomber au sol.

— Voilà pour la première étape. C'est ce qui se passe en ce moment.

— Ça, nous le savons. Cela fait trois ans que plus rien ne pousse. Les réserves que nous avons faites sont presque épuisées et nous les gardons pour nourrir nos enfants.

— Passons donc à la deuxième étape. Shay, pourrais-tu isoler cette parcelle de la magie du cristal ?

— Vu la proximité que nous avons avec lui, cela ne va pas être simple, répondit le dragon.

— Je ne te demande pas de le faire définitivement en coupant les liens, mais juste de le faire de manière provisoire. En es-tu capable ?

— Je vais essayer.

Cette fois-ci à son tour d'agir, Shay leva les bras vers le ciel et se concentra. Un cercle lumineux d'une vingtaine de mètres de diamètre se dessina au sol autour d'eux. Du moins, avec la taille qu'ils avaient, cela leur donnait l'impression que ce cercle faisait vingt mètres. Peu de temps après, le sort s'éleva dans le ciel et généra une barrière lumineuse.

— C'est bon, nous sommes coupés de toute magie extérieure, indiqua le dragon.

De nouveau, le mage joua la même mélodie. Comme la première fois, un brin d'herbe se mit à pousser. Cependant, celui-ci ne noircissait pas et restait bien droit, en bonne santé. Cela n'était qu'un simple brin d'herbe et pourtant, les fées étaient émerveillées de voir de la verdure dans cette forêt sombre et à l'agonie.

— Comme vous pouvez le voir, si nous coupons le lien avec le cristal, les plantes finirons par revenir. Malgré tout, j'ai utilisé la magie pour accélérer le processus et cela prendrait des années avant que cette forêt et les plaines qui l'entourent renaissent.

— Malheureusement, notre peuple ne survivrait pas à cette transition. Nous vous l'avons déjà dit.

— Ce que je viens de vous montrer n'est pas ce que j'ai à vous proposer. Passons à la troisième démonstration. Shay, pourrais-tu filtrer l'énergie extérieure pour n'en laisser passer que la moitié ?

— Tu m'en demandes beaucoup là ! Je vais voir ce que je peux faire.

Encore une fois, le dragon leva les bras au ciel. La protection qu'il avait générée se mit alors à vaciller et des trous se formèrent et s'agrandirent rapidement. Il tenta de les refermer pour éviter que toute la magie extérieure ne s'y engouffre, mais la barrière, après avoir subi ces changements, éclata telle une bulle de savon.

Sans se décourager, le dragon reforma sa barrière une seconde fois et fut incapable de la maintenir. Ce fut donc avec son troisième essai qu'il réussit à matérialiser ce que son ami lui demandait. Il pouvait sentir que l'énergie du cristal passait sous ses pieds, mais elle n'était pas aussi intense que d'habitude. D'un hochement de tête, il fit comprendre à Fos qu'il pouvait passer à la suite.

Pour sa troisième démonstration, le mage réitéra son sort pour faire pousser des plantes. Il y mit la même quantité d'énergie, cependant, au lieu d'un simple brin d'herbe, ce fut toute la zone protégée par la barrière de Shay qui fut recouverte d'un épais tapi d'herbe. De plus, toutes ces plantes avaient poussé bien plus rapidement que lors de la deuxième démonstration.

— Tu peux arrêter ! hurla le mage, coincé dans l'épaisse touffe d'herbe.

Tandis que la barrière disparaissait, les plantes se fanèrent instantanément et libérèrent le violoniste qui retourna vers les fées.

— Comme vous avez pu le voir, avec la moitié de la puissance du cristal, les plantes ne sont pas tuées et poussent bien plus vite que sans magie. Voilà donc ce que je propose. Nous allons briser le cristal.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant