Chapitre 52: de vieux amis retrouvés (telak)

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— Donc, commença Grem, amusé. Toi, Telak, tu as enfin trouvé quelqu'un ? Comment s'appelle-t-elle ? Elle est comment ? C'est récent ?

— Ne t'emballe pas trop, le calma le bassiste. Syara est une nouvelle recrue et comme elle était la seule à choisir Léfarène, je l'ai accompagné lors de sa première mission pour qu'elle ne soit pas trop perdue. Elle s'est très bien débrouillé, cependant, quelque chose est arrivé sur le chemin du retour et elle a du mal à s'en remettre.

— Nouvelle recrue, releva Valana. Tu joues à la nounou maintenant ?

Avec cette appellation, tous les membres du groupe rirent, si bien que Telak eut du mal à répondre à cela.

— Ne la sous-estimez pas, elle a un vrai potentiel.

— C'est-à-dire ? s'intéressa Mor. Quel sont ses pouvoirs ?

— Eau, et feu... Et soin, plante aussi... Ha, et j'oubliais air.

Le bassiste s'arrêta là et préféra omettre ceux bien plus obscure dont il avait été témoin contre le cerbère. En avoir autant était déjà très impressionnant.

— Cinq pouvoirs ? S'étonna, comme il s'y attendait, Valana. Je ne savais pas qu'il était possible de dépasser trois éléments.

— Et encore, aucune nouvelle recrue n'est capable d'invoquer deux tornades simultanément à peine quelques jours après avoir reçu son instrument, renchérit-il.

Les rires avaient laissé leur place à l'étonnement et à la stupéfaction. Leur compagnon avait dégotté une perle rare, voir unique, chez leurs confrères.

— C'est donc elle, réfléchit Mor. Dit-moi, la mission que tu as faite ne consistait pas en un sauvetage d'une ville côtière ?

— Si, c'est bien ça.

— Eh bien l'histoire de ta petite protégée a fait le tour du monde en un rien de temps. Dans toutes les villes, les mages ne parlent que de cette inconnue qui aurait sauvé cette ville en détruisant l'une des fortifications qui l'empêchait de se faire submerger.

— C'est bien elle, confirma Telak.

— Bon, tu as une apprentie, elle est puissante, c'est bien mais ne nous éloignons pas du sujet, conclut Agrat. Vous pourrez continuer à parler en chemin si vous voulez alors ne nous mettons pas plus en retard que nous le sommes déjà.

— À qui la faute, grommela Valana.

— Donc, continua la chef du groupe sans se soucier du commentaire de sa comparse. Connaissez-vous la forêt de Trelazar, à l'est d'ici ?

— Évidemment, répondit Mor. C'est la plus grande forêt élémentale du continent.

— Et c'est à plus d'une semaine de marche, compléta Grem.

— En volant, ça ne nous prendra que deux jours, expliqua Agrat. Bref, le fait est qu'un mur invisible est apparu au cœur de cette forêt et empêche toute personne d'accéder à l'arbre mère, même pour ses gardiens.

— Et en quoi ça nous concerne ? questionna Valana.

— D'après nos informateurs, il est possible que cette barrière ait été créée pour protéger quelque chose de très puissant à l'intérieur, et c'est peut-être ce que nous cherchons.

— Une forêt élémentale, une barrière infranchissable et un objet surpuissant... Je sens que cette mission ne va pas être facile, commenta Telak.

— En effet, confirma Agrat. C'est pour cela que vingt soldats nous accompagnerons. Ils sont déjà sur place et attendent notre arrivée.

— Attends, attends, la coupa Grem. Tu veux dire que nous allons faire équipe avec des soldats ?

— Oui, et alors ?

— Tu veux emmener des personnes qui dégainent leurs armes au moindre craquement d'une branche dans une forêt élémentale où les habitants attaquent au moindre mouvement brusque ? C'est une très mauvaise idée.

— Je suis d'accord, l'appuya sa femme. Par le passé, ils n'ont jamais été d'une aide notable, bien au contraire. Je ne vois pas pourquoi ça changerai aujourd'hui.

S'il y a bien une chose que n'avait pas prévue la chef du groupe, c'était que la discussion allait s'envenimer ainsi. Le couple de démon protestait à coup d'arguments tous plus valides les uns que les autres qu'une garnison était plus un poids qu'autre chose, tandis que Mor tentait tant bien que mal de les calmer et de prendre la défense de ses hommes et femmes sans pouvoirs. Agrat, elle, campait sur ses positions et ne voulait pas changer d'avis. Les soldats les accompagneraient, un point c'est tout.

Intérieurement, Telak riait. Celle qui l'avait accusé de son retard allait, au final, être l'une des instigatrices d'un temps perdu bien plus important. Dans cette discussion, le bassiste était plus du côté de Mor. Plusieurs fois dans sa vie, il n'avait dû son salut qu'à une poignée de soldats courageux qui s'était dressé contre l'adversité et avaient continué à avancer malgré leur manque de pouvoirs.

Il existait différents types de soldats. Les gardes de villes, bien évidemment, faisaient régner l'ordre et réglaient toute sorte de conflit. Ce poste était tranquille la plupart du temps et rassurait les habitants qui se sentaient en sécurité en leur présence. Venait ensuite les corps expéditionnaires. Réunis dans différentes guildes, ils louaient leurs services aux mages et aux villes pour différentes taches. Enfin, les derniers, qui se faisaient appeler les aventuriers, prenaient les missions confiées aux mages et les accomplissaient malgré leur manque de pouvoir. La plupart du temps, ces derniers palliaient cette faiblesse avec toute sorte d'enchantements.

D'après ce qu'il avait compris, les soldats qui les attendaient faisaient partie de la seconde catégorie. Plus courageux que ceux de la première et plus discipliné que la troisième, ils manquaient cependant d'initiative et de souplesse dans leur choix. Ce trait était plus ou moins marqué chez ses hommes, le bassiste espérait donc que leur employeur s'était adressé à la bonne guilde pour ce travail sans doute périlleux. Enfin, s'ils arrivaient un jour à décoller de l'auberge.

— Nous confisquerons leurs armes avant d'entrer dans la forêt, proposa Telak.

Tous se retournèrent vers lui avec une mine perplexe.

— Et comment vont-ils faire si nous nous faisons attaquer ?

— Les forêts élémentales ne sont pas très dangereuses tant que nous n'énervons pas les gardiens, expliqua-t-il. Leur mission ne débutera vraiment que lorsque nous aurons atteint la barrière. Or, je suis sûr qu'à ce moment-là, les élémentaux se seront déjà montrés. En prenant leurs armes, nous nous assurons qu'ils ne commettront pas d'erreur avant le début de la mission.

— Bien, alors c'est réglé, conclut Agrat en se levant. Il est temps de nous mettre en route à présent.

Les quatre démons imitèrent leur chef et sortirent de l'auberge puis partirent en direction de la forêt de Trelazar par la voie des airs.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant