Chapitre 192 : Ancien et nouveaux amis

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 Suite à cette révélation, des sentiments contradictoires avaient envahi Syara. D'un côté, elle était heureuse que son meilleur ami ait trouvé quelqu'un pour partager sa vie et qu'il ait su rebondir malgré son échec. Mais de l'autre, cela lui faisait tout de même un pincement au cœur.

Lorsqu'elle avait emménagé à Léfarène, ses pensées étaient allées vers lui et elle s'était imaginée en couple avec lui. Pour une personne qui avait, à ce moment, du mal à faire démonstration de ses sentiments, elle s'était dit qu'elle n'en retrouverait pas d'autres comme lui qui arriverait à voir qui elle était au travers de sa carapace.

À leur table, cela créa un long silence. La beast ne savait plus vraiment quoi dire et Kuta semblait, une nouvelle fois, lire en elle et comprendre ce qu'elle ressentait. Son sourire montrait qu'il était heureux comme cela, mais ses yeux disaient plutôt autre chose, comme s'il était désolé.

— Et toi ? finit-il par demander. Tu rêvais d'action et de voyages, j'espère que ces rêves se sont réalisés.

Il avait compris, pensa la violoniste. Elle ne voulait plus s'attarder sur le sujet de l'amour et passer à autre chose. Encore une fois, il l'avait percé à jour avec une facilité déconcertante. Finalement, être avec une personne qui avait ce genre de faculté pouvait être une gêne bien plus qu'un avantage avec son caractère, se dit-elle pour clore ce sujet.

— Pour ce qui est de l'aventure, j'ai été servie, répondit-elle. J'étais à peine arrivée à Léfarène que je suis partie pour une ville côtière qui était menacée par une tempête surnaturelle. Là-bas, j'ai grandement aidé à résoudre le problème.

— C'est super ça ! J'étais sûr que tu ferais des miracles !

— Si seulement, souffla la beast. Malheureusement, toutes mes missions ne se sont pas soldées par une réussite. J'ai aussi été envoyée chercher tous les adultes d'un village qui étaient partis à la chasse, mais je suis arrivée trop tard. Ils avaient tous été tués par un cerbère.

— C'est horrible ! Que sont devenus les enfants ?

— Ils étaient gardés par un mage retraité. C'est d'ailleurs lui qui m'avait demandé d'aller les rechercher parce qu'il s'inquiétait de ne pas les voir revenir. Je les ai escortés jusqu'à Léfarène et leur ai donné la récompense qui m'avait été offerte pour avoir arrêté la tempête. Avec l'aider de la ville, nous avons rénové un ancien bâtiment qui est devenu un orphelinat. Je me dis encore aujourd'hui que si je ne m'étais pas attardée à Sendra, j'aurai pu les sauver.

— Sendra est la ville que tu as sauvée ?

— Oui.

— Et cette mission de sauvetage t'a été confiée à ton retour ?

— C'est ça.

— Dans ce cas, dis-toi que si tu étais arrivée avant, la personne qui t'a confiée cette mission aurait pu penser que l'absence des villageois était encore normale et qu'il n'y avait pas matière à s'inquiéter. Il ne t'aurait pas envoyée et ces enfants seraient toujours livrés à eux-mêmes dans un village avec un seul adulte.

Ça, Syara n'y avait jamais pensé. Elle s'en était toujours voulue de ne pas être arrivée plus tôt, mais à présent, ce que venait de dire son ami sonnait comme une évidence. Quel que soit le scénario, elle n'aurait sans doute pas pu les sauver et, dans le pire, elle n'aurait pas pu venir en aide à tous ces enfants.

— Tu as l'air de t'être bien entourée aussi, commenta Kuta en regardant l'autre table.

— Oui. Si tu veux, je peux te les présenter.

— Ça serait avec plaisir, sourit le satyre.

Se levant de leur chaise, Syara et Kuta se rendirent jusqu'au reste du groupe. À leur arrivée, la discussion qu'ils avaient cessa et tous se tournèrent vers eux. Cependant, avant de faire les présentations, la beast sentit que quelque chose n'allait pas. Elyazra n'avait pas pris de bière, mais un cocktail et celui-ci était en tout point semblable à celui de Phi.

— Ely ? Tu as pris quelque chose avec ou sans alcool ?

— Avec, pourquoi ?

— Et toi Phi ?

— Sans, répondit la jeune fée.

Sans dire un mot, la beast se pencha sur la table et intervertit les deux verres. Vu la tête que tira la demi-dragonne, elle avait vu juste. Elyazra avait décidé de faire boire Phi et avait fait exprès de commander une boisson d'apparence similaire à celle de Phi pour les échanger.

— T'es pas drôle, souffla-t-elle.

— Mais je ne veux pas d'alcool, dit la fée qui n'avait pas compris pourquoi elle échangeait les verres.

Pour couper court à cette incompréhension, Kuta prit les deux verres et sentit chacun d'eux avant de les reposer.

— Voilà, celui-ci est sans alcool, indiqua-t-il en montrant le verre devant Phi.

— Les amis, je vous présente Kuta, le meilleur ami que j'ai eu ici.

— Et le seul, la taquina-t-il.

— Kuta, voici Telak, il a été la première personne à m'accueillir à Léfarène. Rael, qui m'a sauvé la vie à Sendra, Elyazra, que j'ai rencontré à Léfarène et qui aujourd'hui squatte mon appartement et mon lit...

— Ton lit ? s'étonna le satyre. Tu as quelqu'un dans ta vie finalement.

— Non, s'empressa de répondre la Beast. C'est juste que mon appartement n'a qu'une chambre et que le canapé est déjà pris par Guard.

— Crois-moi, j'ai pourtant essayé, intervint Elyazra. Mais pour elle, un lit ne sert qu'à dormir, elle est pas drôle...

— Bref ! La coupa la violoniste. Comme je disais, voici Guard que j'ai rencontré en même temps qu'Ely, Phi pendant une mission et enfin Shay lors de cette même mission.

— Ne le prends pas mal phi, mais tu n'es pas un peu jeune pour les accompagner ? Les missions qu'ils font doivent être dangereuses.

— C'est vrai, admit Syara. Mais nous faisons attention à ce qu'elle ne court aucun risque. Et puis, même si je ne peux pas entrer dans les détails, elle est un atout non négligeable pour le groupe.

Après la présentation du groupe, les discussions divaguèrent et se portèrent principalement sur comment était Syara à l'école. Pour son plus grand malheur, Kuta prenait un malin plaisir à répondre à chacune de leurs questions.

— Vous avez besoin d'autre chose ? demanda le collègue de Kuta une fois tous les verres vides.

— Je vais reprendre la même chose, répondit Elyazra d'une voix sensuelle, accompagnant sa commande d'un clin d'œil appuyé.

Quelque peu mal à l'aise, le démon finit le tour de table et s'empressa de retourner derrière son bar pour préparer la commande.

— Ne t'en fais pas, elle fait ça à presque tous ceux qui travaillent dans les bars ou les tavernes, expliqua Syara à la question silencieuse de son ami. Elle croit que si elle arrive à sortir avec l'un d'eux, elle pourra boire à l'œil.

—Bah quoi, j'ai bien le droit d'essayer, non ?

Devant cette réponse où elle ne niait absolument pas ses intentions, tous rirent de bon cœur. Les heures passèrent et les conversations s'enchaînèrent, la pause de Kuta se transformant peu à peu en soirée libre. Ils restèrent ainsi, à boire et s'amuser, toute la soirée et une bonne partie de la nuit.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant