Tous les détails de l'épreuve donnés et le léger problème causé par Phi réglé, Syara commença à regarder autour d'elle. Elle n'avait aucun indice et une seule chance pour trouver le bon instrument parmi des dizaines de milliers, voir plus.
— Fos ? De ton vivant, quel était ton instrument préféré ? questionna-t-elle.
Même si elle se doutait qu'il s'agissait du violon vu que les instruments liés apparaissaient selon l'affinité de la personne, peut-être en avait-il un autre qu'il préférait. Se dire que la réponse à cette énigme était forcément un violon la conduirait sans aucun doute à l'échec.
— Désolé, mais moi, je n'ai rien le droit de dire, affirma l'esprit du violon.
— Pour moi, c'est le triangle, sourit celui du coffre.
— Le triangle ? s'étonna la beast.
S'il y avait bien un instrument auquel la violoniste ne s'y attendait pas, c'était bien celui-ci. Sa simplicité contrastait avec le violon et elle se doutait que Fos venait de se foutre d'elle. Malgré tout, un doute subsistait. Il était assez fourbe pour donner un véritable indice et que l'instrument ouvrant la porte soit le plus basique qui soit. Après tout, qui penserait à un triangle comme réponse à cette énigme ?
Se torturer l'esprit en essayant de se mettre à la place d'un tel malade mental n'était pas la bonne chose à faire. Syara décida donc de poursuivre ses recherches en se basant sur sa seule intuition. Au bout de plusieurs minutes à marcher entre les stands d'instruments, la beast se stoppa net. Un instrument avait été posé bien plus soigneusement que les autres, dans le seul étui capitonné qu'elle avait vu jusque-là.
Cet instrument semblait l'appeler. Bleu translucide avec des runes dessus, ce violon était... le sien ?
— Se pourrait-il qu'elle ait trouvé la réponse ? sourit l'esprit du coffre qui la suivait.
Avec délicatesse et révérence, la beast se saisit de l'instrument et l'observa plus en détail. La couleur était semblable, les runes étaient les mêmes, le poids était identique. Cependant... Sans en jouer, la violoniste reposa l'instrument dans son étui et passa son chemin.
— Tu n'y joues pas ? s'étonna Fos.
— Il est beau et fidèle à l'original, mais je connais mon instrument et je sais reconnaître une copie.
— Et qui te dit que cette copie n'ouvre pas la porte ?
— Je me mets à la place d'une personne qui ne connaît pas cet instrument. Il se démarque bien trop des autres et est bien trop en évidence pour qu'il s'agisse de la clé qui ouvre la porte. J'aurais compris un tel soin s'il avait été l'original, après tout, le violon de cristal était ton instrument, mais là, ça n'est qu'une copie.
Face à cette argumentation, l'esprit poussa un sifflement d'admiration et n'ajouta rien. La beast continua son chemin et examina avec attention chaque instrument qui l'entourait. Malgré tout, aucun d'entre eux ne lui disait quelque chose et son instinct lui criait de ne pas les utiliser.
— Celui-là, tu en penses quoi ? cria Phi depuis sa position en soulevant une flûte.
— Non, je ne pense pas, lui répondit-elle.
— Et celle-là ? demanda-t-elle de nouveau en prenant une autre flûte juste à côté.
— Ne touche à rien s'il te plaît, rétorqua un peu sèchement la beast sans même regarder l'instrument que la fée tenait en main.
Se sentant inutile et gênante, Phi reposa l'instrument et baissa la tête. Elle resta là, immobile, à regarder ses pieds les bras le long du corps.
— Pauvre petite, souffla l'esprit du coffre derrière la beast. Elle fait de son mieux pour t'aider et toi, tu la jettes. Tu n'as donc pas de cœur ?
Ce commentaire direct avait eu l'effet d'un coup de poing pour Syara, mais au moins, il lui avait permis de remarquer que son amie se retenait de pleurer et était sur le point de craquer.
— Cette petite a l'air si sensible, ajouta-t-il.
Oui, elle l'était, pensa la violoniste. La personne la plus sensible qu'elle n'ait jamais vue. La voir pleurer était l'une des choses qui lui déchirait le plus le cœur. Pour éviter cela, la beast la rejoignit et prit un instant pour la prendre dans ses bras.
— Écoute, lui dit-elle doucement. Je sais que tu veux m'aider et je t'en remercie, mais pour le moment, je dois résoudre seule cette épreuve, d'accord ? Je suis certaine que ton aide me sera précieuse par la suite, alors encore un peu de patience.
— D'accord, répondit-elle d'une petite voix en essuyant les larmes qui avaient commencé à perler au coin de ses yeux.
Tandis qu'elle étreignait une nouvelle fois son amie avant de repartir à la recherche de l'instrument qui ouvrirait la porte, son regard se posa sur un instrument à côté d'elle. Il s'agissait d'un violon parmi tant d'autres, mais la beast avait l'impression qu'il l'appelait. Avec la même attitude qu'elle avait adoptée pour la copie du violon de cristal, elle prit l'instrument et le détailla.
Fabriqué dans un bois sombre et parfaitement vernis, il ressemblait à l'instrument qui se trouvait dans la vitrine du magasin de musique qui se situait entre l'école et son ancien appartement. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle était resté plantée devant, à l'admirer tout en se disant qu'elle n'avait pas assez d'argent pour se le payer et devait se contenter de celui de seconde main qu'elle avait chez elle.
L'avoir en main lui donnait l'impression qu'il avait été fait pour elle. Il était le seul ici qui lui inspirait une certaine confiance et un bon pressentiment lorsqu'elle le voyait. Ce devait être lui la solution, elle n'en voyait pas d'autre.
Quelque peu stressée, la violoniste se saisit de l'archet et l'approcha des cordes. Elle n'avait pas le droit à l'erreur, elle le savait et cela la faisait trembler. Il lui fallut un certain temps pour se calmer et, lorsqu'elle reprit enfin le contrôle d'elle-même, la beast posa l'archet sur les cordes.
Cependant, elle n'eut pas le temps de le frotter qu'une intense lumière apparut près de la grande porte. Avait-elle réussi ? Devait-elle juste choisir l'instrument et non y jouer ? À peine apparue, la lumière commençait déjà à faiblir et la porte restait toujours fermée.
— Bon, tu fous quoi ? Ça fait des heures qu'on t'attend ! tonna une voix familière.
Surprise, Syara éloigna l'archet des cordes et observa Elyazra qui se rapprochait d'elle et la regardait avec un air agacé.
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Le violon de cristal: les partitions perdues
FantasyDans un monde où musique est synonyme de magie, où presque toute forme de technologie à disparue, où les humains ne sont plus les seuls êtres pensants de la planète depuis bien longtemps et où la terre, ravagée par les guerres, se remet peu à peu, v...