Après être allé chercher leurs affaires dans leur chambre d'hôtel, Syara et Telak se rendirent à la porte sud de la ville, celle par laquelle ils étaient arrivés. Les deux mages retrouvèrent rapidement l'écurie où ils avaient laissés leur monture et furent accueillis par le seul palefrenier qui n'avait pas quitté la ville.
— Bien le bonjour sauveuse, salua-t-il.
— J'espère que ce surnom ne va pas rester, plaisanta Syara.
— Si tu te spécialises dans le sauvetage de ville, il va falloir t'y habituer.
— Vous venez récupérer vos chevaux, devina le palefrenier.
— En effet, comment se portent-ils ?
— Très bien. Pour tout vous dire, je n'avais jamais vu d'aussi belles montures auparavant.Vous devez les avoir achetées une petite fortune.
— Ils ne sont pas vraiment à nous, expliqua Telak. Ces chevaux nous ont été prêtés par un habitant d'un petit village qui se trouve entre la forêt et les plaines au sud de Sendra.
— Intéressant, si elles sont toutes ainsi, je pense que j'irai y faire un tour. Je suis sûr qu'ils pourraient m'apprendre beaucoup de choses. Enfin, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Attendez ici que je selle vos montures.
Le palefrenier entra dans l'écurie et en ressortit quelques minutes plus tard avec les deux chevaux prêts pour le voyage.
— Les terres autour de Sendra sont toujours marécageuses, je vous conseille de prendre le portail non loin de la porte pour votre voyage de retour.
— Merci pour le conseil et pour avoir pris soin d'eux pendant tout ce temps, au revoir, fit Syara pendant qu'elle enfourchait sur sa monture.
Au pas, les deux mages sortirent de la ville et empruntèrent le portail qui les mena directement à l'orée de la forêt. De là, ils décidèrent de quitter le chemin pour suivre la lisière et ainsi retourner sur le village. Vu qu'ils n'étaient pas aussi pressés qu'à l'allée, le démon et la beast ménagèrent leur monture pour le plus grand bonheur de la jeune femme. Au moins, elle aurait moins mal au dos lorsqu'elle arriverait au village que lorsqu'elle avait enfin atteint Sendra.
Au bout d'une longue journée de voyage, l'apprentie mage et son mentor s'arrêtèrent au tiers de leur trajet. Le dos endolori et des fourmis dans les jambes, Syara descendit de son destrier et le laissa s'éloigner un peu pour paître. Après s'être longuement étiré, la beast défit son paquetage à la recherche de nourriture.
— Mince, grimaça-t-elle après avoir totalement vidé son paquetage. J'avais oublié que j'avais fini toutes mes provisions.
— Prends quelques pièces dans ton coffre et va à l'épicerie la plus proche.
— Très drôle... Tu n'oserais pas laisser mourir de faim ton acolyte n'est-ce pas ?
Avec une expression de tristesse exagérée et agrémentée de deux yeux de biche, la jeune femme comptait bien obtenir au moins la moitié de ses provisions, si ce n'est plus.
— On m'a toujours dit de me méfier des loups qui se font passer pour de doux agneaux, rétorqua-t-il, stoïque.
— Et est-ce qu'on t'a déjà dit que donner à manger à un loup réduisait considérablement tes chances de finir à son menu ?
— Il doit me rester un petit quelque chose, ne t'en fait pas.
Telak détacha l'une de ses nombreuses sacoches et l'ouvrit en grand. Il plongea la main à l'intérieur et en sortit un jambon entier sur son os, plusieurs pots de terrine, du pain, des légumes en tout genre, des fruits. Le sac ne semblait pas avoir de fond et, paradoxalement, était rempli à ras-bord de victuailles.
Après avoir déballé tous ces aliments qui faisait déjà saliver la beast, le démon sortit un petit sachet de fruit sec et lui lança avec un sourire sadique avant de refermer la bourse.
— Tu te fous de moi ?
— Je nourris le loup.
— Et depuis quand les loups se nourrissent de fruit desséché ?! Donne-moi autre chose ou l'herbe de ses plaines sera recouvert de ton sang.
— Tu es vraiment à cran quand tu as faim, rétorqua-t-il, nullement impressionné.
— C'est nul, d'habitude ça marche, dit-elle avec une mine boudeuse.
— J'ai bien vu que tu n'hésitais pas à utiliser tes poings. Le problème, c'est que maintenant tu es avec des mages qui peuvent te rendre facilement les coups.
Ses paroles rappelèrent à la jeune femme ses années d'études avec Kuta. Combien de fois avait-il cédé à ses menaces avec un visage exagérément effrayé. Au final, elle ne l'avait jamais frappé. Elle n'aurait jamais osé le frapper. Qu'est-ce qu'il était devenu ? Était-il heureux ?Lui qui ne se voyait que mage depuis qu'ils se connaissaient et nourrissait ce rêve pour eux deux.
Alors qu'elle était plongée dans ses pensées moroses, Telak remarqua une pointe de tristesse sur son visage. C'était naturel, ça ne pouvait être quelque chose de simulé.
— Tu repenses à lui, devina-t-il en lui donnant du pain et un pot de terrine.
— Je ne comprends toujours pas pourquoi il n'a pas été choisi.
Lors de leur rencontre, il savaient longtemps parlé de l'échec inexplicable de son ami et, même s'il ne le connaissait pas, le démon compatissait à sa peine.
— Personne ne sait comment fonctionne exactement le coffre de cristal, mais il doit bien y avoir une très bonne raison.
Les deux mages parlèrent encore pendant un long moment, puis finirent par s'enrouler dans leur couverture pour dormir. Aux aurores, ils levèrent le camp et repartirent vers le village qu'ils atteignirent au début d'après-midi du jour suivant. Les ayant vu arriver, le grand-père les attendit à l'entrée. Son visage était pâle et de larges cernes se dessinaient sous ses yeux.
— Tout va bien, s'inquiéta Syara lorsqu'elle aperçut dans quel état il se trouvait.
— Venez à l'intérieur, dit-il pour toute réponse.
Les deux mages descellèrent leur destrier et leur offrirent un repos bien mérité dans l'écurie, puis suivirent l'homme dans sa chaumière. Sur le chemin, ils ne croisèrent absolument personne si ce n'est quelques enfants. Une fois à l'intérieur, ce dernier contourna la table, s'assit et croisa ses mains devant sa bouche. Son regard vissé sur ses invités n'augurait rien de bon.
— J'ai besoin de votre aide, avoua-t-il.
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Le violon de cristal: les partitions perdues
FantasyDans un monde où musique est synonyme de magie, où presque toute forme de technologie à disparue, où les humains ne sont plus les seuls êtres pensants de la planète depuis bien longtemps et où la terre, ravagée par les guerres, se remet peu à peu, v...