Chapitre 123 : réunion d'avant mission

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 Sur la même place où ils s'étaient réunis la veille au soir, le groupe avait décidé de se retrouver pour prendre le petit-déjeuner ensemble. Telak avait proposé à Shay de dormir chez lui, quant à Telak, il avait demandé à Rael de l'héberger pour une nuit pour éviter d'être réveillé en sursaut par la terrible vengeance qu'avait promise la beast à l'encontre de la fée.

La mage et la demi-dragonne entrèrent dans une auberge voisine au bar qu'elles avaient fréquenté le jour d'avant et allèrent s'asseoir à la table où se trouvaient les autres. Même si elles habitaient l'appartement le plus proche, cela n'avait pas empêché qu'elles soient les dernières arrivées et pourtant, elles n'étaient pas en retard.

— Alors, cette vengeance ? questionna le satyre après les avoir saluées.

— Juste un petit coup de cymbale et c'était terminé, sourit Syara. Je n'ai pas pu me résoudre à continuer vu que Phi semblait vraiment s'en vouloir de ce qu'elle avait fait.

— Tu aurais dû continuer, râla Elyazra en s'asseyant tout en s'emparant de quelques viennoiseries sur la table. Ça l'aurait peut-être dissuadée de prendre mes affaires pour les rétrécir.

Même si elle était invisible, la beast sentit la présence de la fée et lui sourit pour lui signifier qu'elle n'avait pas à s'en faire pour ça.

— Je te l'ai déjà dit. Ce ne sont pas tes affaires, mais les miennes que je te prête. De toutes façons, je ne vois même pas pourquoi tu te fâches vu que tu as réussi à trouver exactement la même tenue dans mon armoire. Et puis, elle n'a fait que prendre les affaires qu'elle pouvait atteindre. Je ne pense pas qu'elle ait la force d'ouvrir un tiroir de commode ou une porte de placard.

Elyazra réfléchit un instant et s'imagina la petite créature en train de tirer de toutes ses forces sur une poignée pour ouvrir un tiroir. Se la représenter le visage rougis par l'effort et les ailes battant de plus en plus vite pour l'aider en vain la fit sourire et oublier sa rancœur.

— Phi portant ce genre d'habit, il faut que je voie ça ! s'exclama Rael.

Un instant, la fée voulut apparaître à ses yeux pour lui montrer l'allure qu'elle avait avec ces vêtements, mais réfléchir aux conséquences d'un tel geste l'en dissuada. Elle était dans un lieu public et ne devait pas risquer de se montrer. Il ne fallait pas qu'elle fasse une autre gaffe comme celle de la veille dont elle ne se souvenait pas à cause de l'alcool.

Résignée à devoir attendre, Phi s'assit sur la table et piocha dans la nourriture qui s'y trouvait. Elle pouvait d'ailleurs compter sur Syara qui ne l'avait pas oubliée et coupait fréquemment des petits bouts de viennoiseries pour elle. Cela l'amusait de voir les miettes qu'elle posait disparaître devant elle, signe que la petite créature s'en était emparée.

— Et si nous parlions un peu de notre mission à présent ? proposa Telak.

— Mon loyer ! s'exclama soudainement la beast, le mot mission lui rappelant que celle qu'elle avait accompli précédemment ne lui avait rien rapporté.

— Ne t'en fais pas pour ça. En tant que mage, tu as un statut spécial qui fait que tu n'as à le payer que tous les trois mois. Si nous réussissons cette mission, tu n'auras plus jamais à t'inquiéter de ça et si ça prend trop de temps, je t'avancerai encore.

Rassurée que la terrible échéance ne soit pas aussi proche qu'elle le pensait, la violoniste souffla et invita les autres à continuer la discussion.

— Où devons-nous aller ?

— Dans la forêt de l'oubli, au pays D'Ulimi.

— Le grenier du monde ? s'étonna l'elfe noir.

— Oui. Il est le plus gros pays exportateur de céréales et c'est aussi, à ma connaissance, le seul d'où peut venir quelqu'un comme notre amie. Je me trompe ?

Le nom d'Ulimi ne disait rien à la fée, mais elle se souvenait être passée au-dessus de plaines recouvertes de plantations lorsqu'elle était partie. Ce devait être là-bas que se trouvait son peuple. Pour signifier à Shay qu'il ne se trompait pas, elle posa ses petites mains sur celle du dragon.

— Ça n'est pas la porte à côté, constata Guard. Comment a-t-elle fait pour se retrouver aussi loin de chez elle ?

— Je n'en sais rien, avoua le dragon.

Et elle non plus. Phi se rappelait être partie de son plein gré, mais pour le reste... Peut-être était-elle passée par l'un des anneaux qui les avaient transportés jusqu'à cette ville, où bien s'était-elle retrouvée trop proche d'un mage qui lançait une téléportation. Elle ne s'en souvenait pas et, à cette époque, était bien trop curieuse de découvrir le monde pour se soucier de ce détail.

— Le voyage sera long ? demanda Syara.

— Si je me fie à mes souvenirs des différents endroits où se trouvent les anneaux de téléportation, le plus proche se trouve à deux jours de marche de la forêt.

— Pas très loin donc, constata Elyazra. Sur ton dos, nous devrions y être avant midi.

— Sauf que nous irons à pied. Je ne peux pas risquer de me transformer dans un endroit pareil. Contrairement à ici où la majorité des personnes habitent dans des villes, là-bas, la plupart sont dispersés un peu partout en de petits villages. S'ils me voient passer sous ma véritable forme au-dessus de chez eux, cela créera un vent de panique et rameutera une armée de mages.

— Et si tu volais plus haut pour ne pas te faire voir ?

— En dessous des nuages, ça n'est même pas la peine, ma couleur nous trahirait et vous ne surviriez pas si j'essayais de passer au-dessus.

En effet, c'était quelque chose de connu. La couche de nuages qui recouvraient l'intégralité du monde n'était pas uniquement constituée de gouttes d'eau en suspension. Personne ne savait exactement de quoi ils étaient faits, mais les représentants de races capables de voler jusqu'à eux relataient que les premiers mètres à l'intérieur étaient irrespirables et qu'ils se retrouvaient comme bloqués contre un mur un peu plus haut. Les sorts de vent les plus puissants n'avaient pas réussi à les dissiper, condamnant ainsi toutes les races à ne plus pouvoir contempler l'astre solaire.

Heureusement, cet obstacle semblait tout de même assez fin pour que ses rayons réchauffent assez la planète pour qu'elle ne soit pas plongée dans un hiver éternel et éclairent suffisamment pour distinguer clairement le cycle jour-nuit. Cela donnait juste l'impression qu'ils se trouvaient toujours sous un ciel orageux mais sans éclairs la plupart du temps et pluvieux au mieux.

— Et pour ce qui est du nom ? La forêt de l'oublie ? questionna Syara.

— Elle s'appelle ainsi parce que les personnes qui ont essayé d'y pénétrer ont toutes été retrouvées à l'orée. Elles ne se souvenaient plus de ce qui se trouvait à l'intérieur ni pourquoi elles y étaient entrées. Pour les plus acharnés, elles ont tout simplement disparu à l'intérieur et ne sont jamais revenues. La plupart pensent qu'il s'agit d'une forêt Elementale et que ses habitants ne veulent pas de visite, c'est pour cela que personne ne pense à la raser, mais la vérité est qu'il s'agit du peuple de Phi qui défend son territoire contre les intrus sans pour autant leur faire de mal. Ne vous en faites pas, je vous expliquerais en temps et en heure comment contrer ce sort d'amnésie.

Les explications terminées, le groupe finit de déjeuner et se rendit ensuite à la place des téléportations. Dans deux jours, ils seraient rendus à leur destination. Dans deux jours, Phi serait enfin de retour chez elle.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant