Chapitre 77 : entraînement intensif

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 — Feu, trois ! ordonna le nain.

L'instruction reçue, Syara se focalisa sur l'un des mannequins de la salle d'entraînement et l'enflamma après quelques notes.

— Vent, cinq !

Rapidement, la violoniste changea de rythme et visualisa dans son esprit le trajet que devait faire la lame de vent pour atteindre sa cible. Un sifflement retentit dans la pièce et l'homme de paille fut coupé en deux.

— Vie, deux.

Le sort de soin. De tous, c'était celui qui lui posait le plus de problème. Dans cet exercice de rapidité, le plus difficile pour elle était de passer d'un état d'esprit offensif à celui de soutien. Malheureusement pour le mannequin, il ne reçut aucun sort curatif, mais fut ébouillanté et propulsé contre le mur par un puissant geyser.

— Plante, huit, décida-t-il en faisant abstraction de cet échec.

La beast imagina sa cible en train de courir vers elle, une lame à la main et une expression de rage sur le visage. Dès les premières notes, d'épaisses ronces percèrent le sol et s'enroulèrent autour de son pied, l'immobilisant totalement.

— Eau, tous !

Tous, elle s'y attendait. Eau, elle aurait pu le prévoir par déduction vu que c'était le seul pouvoir qu'il n'avait pas encore demandé. Le problème était qu'elle n'arrivait pas à créer le sort qu'elle souhaitait pour toucher plusieurs cibles. Si elle arrivait à manipuler aisément les quatre autres, avec celui-ci, elle avait beau visualiser une vague telle que celles qui frappaient le mur protecteur de Sendra lors de la catastrophe, elle sortait, au mieux, un autre geyser.

Une nouvelle fois, et même avec toute sa bonne volonté, les cibles ne furent pas emportés par une vague, mais réduites en cendres par une explosion qui engloba la moitié de la salle.

— Ouai ! Super final ! s'exclama Elyazra.

— Non, ça n'était pas un super final, contredit l'instructeur.

— Moi, tant que ça explose, je trouve que c'est un bon final, rétorqua la chasseresse.

— Il a raison. Je n'ai réussi que trois sorts sur cinq, dit Syara, déçue.

— Ça n'est pas si mal. Lorsque tu m'as engagé, tu arrivais à peine à en avoir un seul de correcte.

Il est vrai qu'en quelques jours, la violoniste avait fait d'énormes progrès. Jamais elle n'aurait réussi à arriver à un tel stade en si peu de temps si Rael ne lui avait pas présenté ce mage qui, comme elle, maîtrisait plusieurs écoles de magie. Dans un premier temps, le nain lui avait fait faire des exercices dont elle ne comprenait pas l'utilité. La plupart d'entre eux consistaient à s'asseoir, les yeux fermés, et à s'imaginer différents paysages.

— Le plus inquiétant est que tu n'es toujours pas capable de passer d'un élément d'attaque au soin. Tant que tu ne maîtriseras pas ce passage, je te déconseille d'essayer de soigner quelqu'un dans l'urgence. Tu aggraverais à coup sur la situation.

— Il faut aussi que tu t'entraînes sur les sorts de zone, compléta Guard. Ça n'est pas très grave de lancer un sort de feu au lieu d'un sort d'eau dans une salle d'entraînement, mais la situation est tout autre si tu es en forêt.

— C'est en effet une erreur qui a coûté la vie à nombre de mage feu, compléta le nain. Bon, passons à l'exercice sur les cibles mouvantes.

L'instructeur ramassa un paquet de soucoupes en terre cuite et les lança une à une tout en nommant un élément. Le but était d'être assez rapide pour lancer le bon sort avant qu'elle ne retombe et, bien sûr, la toucher avec. Cet exercice était de loin le plus dur qu'elle devait faire. Sur la vingtaine de cibles, elle n'arriva à en toucher que deux avec le bon pouvoir.

— C'était nul, s'esclaffa Elyazra.

— Bah essai de faire mieux si tu le peux, hurla Syara, piquée au vif.

— D'accord.

Avec un sourire narquois, la chasseresse prit la place de la violoniste tandis que la mage se saisissait des projectiles. Sans attendre un quelconque signe disant qu'elle était prête, la beast commença à lancer les soucoupes. Lorsqu'elle atteignit la moitié de la distance, la coupole s'embrasa d'un feu noir. Syara enchaîna les lancés, de plus en plus rapidement jusqu'à ce qu'il y en ait plusieurs en vol. Cependant, aucune d'entre elles n'atteignit le fond de la salle intacte.

— Tu vois, ça n'est pas si compliqué.

— Mais toi, tu n'avais pas à changer de pouvoirs.

— Peut-être, mais toi, tu avais tout ton temps entre deux soucoupes !

— Et toi, tu n'as pas besoin de jouer d'un instrument, c'est plus facile !

— Les filles, calmez-vous, tenta de calmer le satyre.

— La ferme Guard, s'exclamèrent les deux femmes.

S'il y avait bien une chose qu'elles avaient en commun, c'était leur sang chaud. Dès que quelque chose les contrariait, elles partaient au quart de tour, ce qui créait des situations telles que celle-ci lorsqu'elles n'étaient pas d'accord entre elles.

Cela ne faisait que quelques jours qu'elles se connaissaient et déjà Guard avait perdu le compte de leurs disputes. Le plus frustrant pour lui était de s'en prendre plein la face sans rien pouvoir dire lorsqu'il essayait de les calmer.

— Allons. Il n'y a pas de raison de s'énerver comme ça, tenta à son tour le nain. Ce que vous avez fait était deux exercices bien différents. Elyazra, tu maîtrises parfaitement tes pouvoirs. Quant à toi Syara, si je t'avais demandé de te focaliser sur un seul élément, tu aurais eu un score très honorable et tu serais arrivé au même résultat avec un peu d'entraînement. Enfin bref, ce sera tout pour aujourd'hui. Je suis sûr que vous avez autre chose à faire ce soir.

— Ce soir ? Qu'est-ce qu'il y a ce soir ?

— Vous n'avez pas remarqué que toute la ville se préparait pour le grand festival annuel ?

— Un festival ? répéta la chasseresse.

— Oui.

— Et il y a de l'alcool ? demanda-t-elle, les yeux remplis d'étoiles.

— A flots, rit le nain.

— On arrête tout, on retourne à l'appartement et on se prépare ! décida-t-elle. Il n'est pas question que je rate une fête comme celle-ci !

— Tu ne sais même pas ce qui est célébré... soupira Syara.

— M'en fiche ! Il y a de l'alcool, c'est tout ce qui compte !

A ces mots, Elyazra ouvrit la porte de la salle d'entraînement et quitta le hall des musiciens d'un pas déterminé. C'était décidé, ce soir, elle se prenait une cuite.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant