Chapitre 187 : Une rencontre décisive

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 Si Syara pensait avoir réussi à percer l'esprit tordu de Fos et deviner que la boulangerie était un indice qui la mènerait aux partitions, elle n'avait pas réussi à trouver la moindre chose au bureau de change. Les personnes qui travaillaient là-bas n'avaient absolument rien évoqué de particulier. La seule chose qu'elle avait entendue de leur part était que l'argent qu'elle avait avec elle leur était inconnu et qu'ils ne pouvaient donc pas leur fournir ce qu'ils demandaient.

Finalement, elle était ressortie avec ce sentiment de frustration qui était que tout ceci avait été une perte de temps inutile. Mais peut-être que ses amies avaient remarqué quelque chose qui lui avait échappé.

— Alors ?

— Je n'aurai pas mon muffin, se désola Elyazra.

— Pas ça... Vous avez trouvé quelque chose d'intéressant ?

— Il y avait un tableau avec un mignon petit animal, tu crois que ça peut compter ? demanda la jeune fée.

— J'en doute, souffla la beast.

— Bon, eh bien retour à la case départ, mais avec encore moins de temps...

— Je commence à me demander si cette épreuve n'a pas été créée pour un groupe plus grand ou bien si elle est tout simplement impossible à...

Avant qu'elle n'ait fini sa phrase, la violoniste s'interrompit et regarda par-dessus l'épaule de la demi-dragonne. Ses deux amies se demandèrent un instant pourquoi elle s'était figée ainsi, mais avant qu'elles n'aient eu le temps de lui poser la question, la Beast se mit à courir droit devant elle.

Sans leur apporter de réponse, elle traversa la place et s'engouffra dans une petite rue où il n'y avait pas assez de place pour que deux véhicules circulent en même temps. Phi et Elyazra, sur ses talons, la virent se rapprocher d'une personne de dos qui marchait tranquillement sur le trottoir.

— Fos ! appela-t-elle.

En entendant ce nom, la personne qu'elle tentait de rattraper s'arrêta et se retourna pour lui faire face. Il est vrai qu'il ressemblait au premier détenteur du violon de cristal, mais il avait aussi quelque chose de différent. Il semblait bien plus jeune.

— Bonjour, salua-t-il. On se connaît ?

— On a besoin de toi. S'il te plaît, dis-nous où se trouvent les partitions perdues.

Même s'il y avait peu de chance qu'il réponde favorablement à cette requête, Syara ne voyait pas d'autres moyens de les retrouver. Elle n'avait rien à perdre en lui demandant. Cependant, les sourcils froncés de la personne qu'elle avait en face d'elle ne présageaient rien de bon.

— Vous avez perdu des partitions ? questionna-t-il.

— Quoi ? Non... Enfin oui... C'est toi qui... bafouilla la violoniste.

— Syara, je ne pense pas que ce soit le même Fos, supposa Elyazra. Ce doit être une représentation de lui-même de cette époque.

— Une représentation de moi-même ? Et c'est moi qui ai perdu vos partitions ? Demanda Fos dans l'incompréhension la plus totale.

— Je sais que ça peut paraître étrange, mais il se pourrait que tu aies en ta possession ou bien que tu saches où se trouve ces partitions, c'est d'une importance vitale pour nous.

— Je n'ai presque rien compris, avoua-t-il. Mais je n'habite pas très loin. Si ce que vous cherchez a des chances de s'y trouver, je vous y conduis à une condition.

— Laquelle ? demanda la beast avec une certaine appréhension.

— Vous me dites où vous avez acheté des accessoires aussi réussi.

Des accessoires ? Quels accessoires ? Pendant quelques secondes, Syara se demanda de quoi il parlait, jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'il parlait de sa queue, ses oreilles et les ailes de Phi. Il est vrai qu'à cette époque-là les fées étaient cachées dans leur forêt et la race des beasts n'existait pas encore.

— C'est un petit artisan qui se trouve un peu au nord de cette ville, mentit la violoniste. Si tu veux, nous te montrerons où il est après avoir récupéré les partitions.

Un instant, Syara crut que son mensonge n'allait pas prendre. Cela n'était pas étonnant vu la personne qu'elle avait en face d'elle. Malgré tout, elle espérait que ce Fos là n'ait pas l'expérience ou la folie de ceux de son époque.

— D'accord, marché conclu. Je vous emmène chez moi et vous montre ce que j'ai comme partition et vous, vous, vous me montrez où se trouve cet artisan. Suivez-moi.

Étonnée par la facilité qu'elle avait eu de le convaincre, Syara emboîta le pas de ce jeune Fos. Si une personne l'avait accostée ainsi dans la rue et lui avait demandé quelque chose de similaire, elle l'aurait très certainement envoyé balader en la traitant de folle. Contrairement à la boulangerie, le fait qu'il y ait Fos dans cette représentation du passé devait être une véritable piste. Voilà pourquoi il avait été si facile à convaincre, supposa-t-elle.

— Donc vous avez égaré, ou quelqu'un vous a égaré des partitions, c'est ça ?

— C'est plus ou moins ça, répondit la beast.

— Donc vous jouez dans un groupe ? Quel est son nom ?

— Les dragons enragés ! s'exclama Elyazra.

— Les fées joyeuses ! Répondit Phi en même temps.

— Nous... Notre groupe est récent, nous n'avons pas encore choisi de nom, dit Syara pour rattraper le coup.

— Je vois, sourit-t-il. Et de quel instrument jouez-vous ?

— Violon pour ma part.

— Je touche à tout et je m'adapte selon la situation, répondit à son tour la demi-dragonne.

— Et moi je joue de la flûte, dit la jeune fée.

En entendant cela, Syara dû se contenir pour ne pas rire et se contenta de sourire. Lors de la première épreuve du coffre, Phi s'était essayée à la flûte et on ne pouvait pas dire que le son qui en était ressorti était mélodieux. D'un autre côté, c'était assez compréhensible. Elle-même ne s'était que très peu attardée sur cet instrument et n'en connaissait que les bases. Avec un peu d'entraînement, la jeune fée pouvait très bien réussir à manier cet instrument, mais encore fallait-il en trouver un à sa taille. Les instruments pour les êtres de moins de dix centimètres, ça ne courrait pas les rues.

— Et voilà, nous sommes arrivés ! annonça Fos devant la porte d'un bâtiment de trois étages.

Cette fois-ci, elle n'avait plus le droit à l'erreur. Si c'était encore une fausse piste, Syara et ses deux amies seraient coincé dans cette réplique du passé et ne pourraient plus retourner dans leur monde.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant