Chapitre 159 : Retour à l'école

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 Leur quête annexe choisie, le groupe alla s'inscrire aux bureaux du hall des musiciens pour signifier qu'ils prenaient ce travail. Malheureusement, une mauvaise nouvelle tomba sur eux. Pour ce genre de requête, il fallait qu'ils prennent le temps de prévenir l'école afin qu'elle aménage une plage horaire dans l'emploi du temps des classes. Ils ne pouvaient donc pas la réaliser directement et le délai d'attente avant de pouvoir la faire était d'une semaine.

Vu que cela engendrerait des frais supplémentaires de rester aussi longtemps à Céol et sachant que Shay avait affirmé qu'il ne leur faudrait pas autant de temps pour récupérer le fragment de partition qui se trouvait là-bas, le groupe décida, presque à l'unanimité, de décaler leur voyage d'une semaine.

Seul Elyazra fulminait et criait au complot visant à la calmer avant le départ. Pour elle, ils avaient fait exprès de choisir cette mission en particulier. À cela s'ajoutait qu'en apprenant la nouvelle, après avoir décidé de rester un peu plus longtemps à Léfarène, Syara lui avait interdit toute beuverie excessive. En plus de l'empêcher de l'amuser, ils voulaient maintenant la sevrer !

Un argument avait cependant réussi à la toucher. Ça n'était pas pour rien qu'ils prenaient une mission en plus. Ils n'avaient plus d'argent et ne pouvaient plus se permettre d'en utiliser pour ce genre de chose. Quant à sa petite technique du concours de bras de fer, il ne faudrait pas longtemps avant que sa réputation ne fasse le tour des bars et que plus personne n'ose la défier.

Pendant une semaine, la demi-dragonne dû donc se retenir ce qui, étonnamment, se passa plutôt bien. Son comportement n'avait pas changé, elle ne se plaignait pas toutes les dix minutes et occupa ses soirées d'une autre manière qu'en écumant les bars. Elle n'était peut-être pas si dépendante que ça après tout et, comme au royaume des fées, elle arrivait très bien à vivre sans.

Dès qu'ils reçurent la confirmation qu'ils pouvaient se rendre à l'ancienne école de Syara, les membres du groupe se réunirent sur la place des portails et prirent chacun un talisman pour Céol. La ville étant assez grande, ils n'avaient pas besoin d'en rejoindre une autre pour en trouver un qui les mènerait là-bas, comme ils avaient pu le faire lorsqu'ils avaient voulu ramener Phi chez elle.

S'ils étaient en milieu d'après-midi à Léfarène, lorsqu'ils arrivèrent à Céol, le matin venait toujours juste de débuter. Dès que Syara posa un pied à l'extérieur de la place des portails de cette ville, les souvenirs affluèrent de sa mémoire. C'était dans cette rue que se trouvait le magasin où elle avait acheté la plupart de ses instruments. Non loin, elle savait qu'il y avait un parc où elle se rendait souvent. Son ancien appartement se trouvait à à peine dix minutes d'ici, se dit-elle. Mais ce qui marqua le plus ses amis était qu'elle se retournait et fixait longuement tous les satyres qu'elle croisait.

— Ton ami est un Satyre ? demanda Guard.

— Comment tu sais ça ? s'étonna la beast.

— Telak nous a dit que tu avais un ami qui n'avait pas réussi à devenir mage, et vu que tu n'arrêtes pas de fixer chaque satyre que l'on croise, j'en déduis que s'en étais un aussi.

— Tu as raison sur presque tout. Le seul point sur lequel tu te trompes est qu'il n'était pas un ami, mais le seul que j'avais ici.

— Avec ton caractère, ça n'est pas étonnant. Il devait être d'une patience infinie, rit Elyazra.

— Répète un peu ! s'énerva de suite la beast.

— Les filles, ça ne va pas recommencer, prévint Shay sur un ton autoritaire. Ely, ça ne se fait pas ce que tu viens de dire.

— Pardon, s'excusa la demi-dragonne en baissant la tête.

— Ça n'est pas grave, souffla la violoniste. En plus, tu as raison. Je me suis très vite réfugiée derrière le masque de quelqu'un de caractériel et d'autoritaire, si bien que je faisais fuir tout le monde. Tout le monde sauf lui. Kuta était le seul qui avait deviné que ça n'était qu'un masque et que derrière, il n'y avait qu'une adolescente qui ne savait pas vraiment comment y faire avec les gens. J'avais beau le menacer, il ne faisait que rire et, quand il voyait que ça m'énervait encore plus, il prenait ses jambes à son cou. Mais contrairement aux autres, il revenait toujours, comme si rien ne s'était passé.

— Si tu veux, après cette mission, on essayera de le retrouver, proposa Telak. Vu qu'on va à ton école, ils savent peut-être ce qu'il est devenu.

— Oui, j'aimerai bien, merci.

Avec le sourire retrouvé grâce à la proposition du démon, Syara guida le groupe jusqu'à son ancienne école. Lorsqu'elle arriva devant l'entrée, une bouffée de nostalgie l'envahit. Elle n'avait absolument pas changé. D'un autre côté, même si la beast avait l'impression que cela faisait une éternité qu'elle n'était pas venue, elle ne l'avait finalement quitté que depuis trois mois.

— École de musique Symphonia, lut Rael au-dessus de l'arche d'entrée. Très joli nom.

— Moi je trouve qu'ils ne se sont pas foulés pour le trouver, commenta Elyazra.

Son avis étant mitigé entre ce qu'ils venaient de dire, la beast se contenta de sourire sans rien ajouter et pénétra à l'intérieur. À cette heure-ci, les élèves venaient tout juste d'entrer en classe et la cours était totalement vide. Ils ne se firent donc pas remarquer lorsqu'ils pénétrèrent à l'intérieur de l'enceinte de l'école et se dirigèrent vers le bâtiment principal.

À l'intérieur de ce dernier, juste en face de la porte, une femme démone, était installée derrière un bureau et remplissait des papiers.

— Bonjour madame Taliga, salua la beast en s'approchant.

— Syara ! s'exclama-t-elle. Tu ne devais pas terminer tes études l'année dernière ? Si tu es encore inscrite, je dois dire que tu as battu ton record. Ça fait un mois que les cours ont repris !

— Non, rit la violoniste. J'ai bien fini l'année dernière et je suis devenue mage. Je suis là en mission pour présenter cette vocation aux élèves.

— Ho, je vois ! Et ces personnes t'accompagnent ?

— Oui. Nous voyageons ensemble, répondit-elle. D'ailleurs, je vous présente madame Taliga. C'est en partie grâce à elle que j'ai réussi à terminer mes études sans me faire renvoyer.

— Elle était une élève turbulente ? demanda Rael.

— Oui, mais rarement méchante. Elle a cassé un nez ou deux au début, puis s'est calmée ensuite.

— Ils n'avaient qu'à pas m'emmerder ! se défendit la beast.

— Jeune fille, ton langage ! la réprimanda la démone. En vérité, je pense qu'elle fait plus référence à tous les avertissements qu'elle a reçus à cause de ses retards. Lorsqu'elle se trouvait à l'interna, ça allait encore, mais dès qu'elle s'est prise un appartement, elle était systématiquement en retard.

— Tiens donc... Comme c'est étonnant, commenta Telak.

— Comme je l'aime bien cette petite, j'ai fait en sorte que la plupart de ses retards ne remontent pas à la direction, avoua-t-elle. Surtout ne dites rien. Enfin bref, je ne vais pas vous retarder avec mes histoires. Je vais aller prévenir le directeur de votre arrivée.

À ces mots, et même si les autres voulaient en savoir plus tel des commères en manque de ragots, madame Taliga se leva de son bureau et partit dans les couloirs, laissant seul le groupe dans le hall d'entrée de l'école.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant