— Tu veux que je parte en mission ? Tu es fou ?
— Alors, oui je veux que l'on parte en mission... Et oui je suis fou, mais ça, tu t'en rendras compte bien assez tôt.
— Sans entraînement ?
— Regarde ce que tu as réussi à fait inconsciemment, tu feras des merveilles de toi-même !
Là n'était pas la question. Elle pouvait avoir tous les pouvoirs du monde, si elle ne savait pas comment les utiliser, ça ne servait à rien. Que se passerait-il alors si, en voulant soigner quelqu'un, elle le coupait en deux avec une lame de vent ?
— Si tu as peur, choisi une mission facile qui ne te demandera pas d'utiliser tes pouvoirs.
Peur ? Elle ? N'importe quoi ! Piquée au vif, Syara sortit la première de la salle et commença à arpenter le hall... Avant de se souvenir qu'elle n'avait pas la moindre idée de comment procéder. Les requêtes étaient accrochées au mur, mais il y en avait des milliers ! Devait-elle arracher celle qu'elle prenait ? Y avait-il un classement spécifique ? Il fallait bien l'avouer, la jeune femme était perdue.
— Telak ? Comment... commença-t-elle, embarrassée.
— Tu veux que je t'explique comment procéder ? devina le démon.
La beast hocha la tête, presque honteuse d'être partie avec tant d'entrain et devoir demander, au final, de l'aide à son mentor.
— Voilà comment ça marche : lorsqu'une personne dépose une requête, celle-ci est analysée par un comité qui décide de son degré d'urgence et de sa difficulté. Bien sûr, les requêtes urgentes, telles que les enlèvements, sont mises en avant. Elles sont ensuite affichées sur les murs du hall, classés selon leur degré de difficulté. Pour t'occuper d'une requête, note le numéro qui se trouve dessus et va au guichet près de l'entrée. Ils t'inscriront dans leur registre et te donneront d'autres indications comme le nombre de mages travaillant déjà dessus. Des questions ?
— Je peux choisir n'importe quelle quête ?
— Même si les mages se considèrent entre eux comme égaux, il existe tout de même des grades. Tu n'as aucune expérience et es donc novice. Cependant, cela ne t'empêche pas de prendre une mission difficile. Tant que ça ne met personne en danger, ils te laisseront faire et t'avertirons juste des risques que tu prends ?
— Alors à quoi servent les grades ?
— Principalement pour les missions telles que les escortes. Les employeurs demandent souvent un grade minimum pour faire ce travail.
— Et quel est la requête la plus dure pour le moment ?
— Toujours la même depuis le début : retrouver la partition qui a permis la création du portail.
— C'est n'importe quoi ! Elle a dû être détruite il y a bien longtemps. Et de toute façon, à quoi est-ce qu'elle peut bien servir aujourd'hui ?
— Pour de riches collectionneurs, pour des personnes cherchant à savoir comment c'est arrivé... Les motifs ne manquent pas. Cependant, si tu veux te lancer dans cette quête, je te conseille de faire quelques missions avant. Histoire de mettre un peu d'argent de côté.
— Je ne ferai jamais quelque chose d'aussi stupide. Bref, par où est-ce que tu me conseilles de commencer ?
— Les requêtes sur ce mur-ci devraient être à ta portée. Va-y, choisis en une.
Syara s'approcha du panneau que Telak pointait du doigt et commença à examiner les requêtes une à une. Quelqu'un avait perdu un bijou en ville et voulait le retrouver, un marchant avait besoin d'aide pour remplacer l'un de ses employés quelque temps, deux voisins ne se supportaient plus et il fallait un médiateur pour arranger le problème... Chaque mission avait l'air d'être d'un ennui total, excepté pour cette histoire de voisin, mais la diplomatie de la beast se résumait à taper l'un avec la tête de l'autre pour « les rapprocher ».
La jeune femme continua d'éplucher les demandes, sans grandes convictions, jusqu'à ce que l'une d'elles se détache du mur et vole jusqu'à elle, pour finir sa course collée à son visage.
— Choisis en une ou elle te choisira, sourit Telak.
Agacée, autant par sa recherche infructueuse que par les rires du démon, Syara s'apprêtait à remettre la feuille dissidente à sa place lorsque son mentor lui retint le bras.
— Je suis sérieux lorsque je dis que certaines missions te choisissent.
— Tu vas me dire que ce bout de papier a une conscience et a décidé de se décrocher d'elle-même pour m'arriver en plein sur la face pour que je la lise ?
— Ne sois pas stupide, bien sûr que non ! Mais tu ne crois pas aux forces tel que le destin ?
— Une sorte d'entité qui décide de tout tes choix en te donnant l'illusion d'un quelconque libre arbitre ? Une chose fataliste qui te dit que si c'est arrivé, c'est que ça devait être comme ça et pas autrement ? Excuses-moi, mais non, je n'y crois pas une seconde.
— Très bien, alors vas-y. Lis là et dis-moi qu'elle ne t'intéresse pas, rétorqua-t-il avec un air de défi.
La violoniste baissa les yeux sur la requête et la lut avec autant d'attention que pour les autres. D'après ce qui était marqué, une ville demandait de l'aide pour contrer une catastrophe naturelle. C'était bien gentil, mais qu'est ce qu'elle pouvait bien y faire ? Deux nombres en bas de page attirèrent cependant son attention. Cinquante pièces par jour si l'on contribuait à la sauvegarde de la ville et... Cinquante mille pièces si l'on trouvait un moyen d'arrêter définitivement la catastrophe !
— Alors ? S'enquit Telak.
— C'est une demande de la ville de Sendra...
— Ho, c'est celle-là. J'en ai entendu parlé, un phénomène inexpliqué crée des raz-de-marée en chaîne. Ça va faire presque un mois qu'ils essaient de trouver une solution à ce problème et tentent de la sauver. C'est quelque chose qui te tente ?
— Je ne sais pas, hésita-t-elle. Je ne vois pas trop en quoi je pourrais être utile.
— Je suis sûr que tu trouveras une fois là-bas.
— Bon d'accord. De toute façon, il faut bien commencer par quelque chose.
— Bien ! Tu peux retourner chez toi, je me charge de la partie administrative. On a qu'à se rejoindre ici, demain à huit heures, proposa le bassiste.
— Pourquoi ne pas partir maintenant ? s'étonna la jeune femme.
— Le téléporteur de Sendra est hors service et il n'y en à pas d'autres qui puisse nous rapprocher, donc on va devoir faire le trajet à pied. Ce serait une erreur de partir maintenant alors que nous n'avons rien préparé et qu'il est presque midi. Aller file, n'oublie pas ton manteau de cérémonie...
— Pourquoi ? coupa la beast.
— Parce qu'il te sert aussi d'uniforme officiel. Donc, je disais, n'oublie pas ton manteau, des vivres, des affaires de rechanges et surtout, surtout... Tâche d'arriver à l'heure cette fois.
Syara n'aimait pas ce genre de reproche caché, mais cette remarque-là la fit tout de même sourire. Elle regarda, pendant quelques minutes, son nouveau mentor s'en aller, puis décida de retourner chez elle pour se préparer. Demain, elle arpenterait les routes pour sa première mission ! Rien que cette pensée l'excitait.
__________
Petit mot de fin: je ne me souviens plus si je l'ai déjà dit ou non (sans doute dans le prologue) mais ce roman est en faite une réécriture totale de mon premier roman. A la base, il devait faire environ 25 chapitres de 4000 mots mais un petit imprévu me l'a fait arrêter à onze.
Pourquoi je raconte ça? et bien tout simplement parce qu'avec le chapitre 13 que vous venez de lire, je viens tous juste de boucler le chapitre 1 de l'ancienne version!
En bref, je sens que cette histoire va être longue... très longue! Pour mon plus grand bonheur et, je l'espère, pour le votre. Bref, on se retrouve, comme d'habitude, dimanche pour le prochain chapitre!
Et bien sûr, n'hésitez pas a commenter et à me donner vos impressions.
VOUS LISEZ
Le violon de cristal: les partitions perdues
FantasyDans un monde où musique est synonyme de magie, où presque toute forme de technologie à disparue, où les humains ne sont plus les seuls êtres pensants de la planète depuis bien longtemps et où la terre, ravagée par les guerres, se remet peu à peu, v...