Pendant plusieurs minutes, les mages restèrent silencieux au pied de l'escalier. Chacun cherchait dans son coin une quelconque solution à leur problème. Ils étaient enfermés dans ce que l'étrange voix avait appelé des catacombes et le seul passage qui s'offrait à eux était truffé de pièges qu'ils ne pouvaient pas désactiver.
— Il y a peut-être quelque chose qui permet de tous les désactiver d'un coup, supposa Mor.
— Je ne pense pas qu'ils aient placé un quelconque interrupteur de ce côté, rétorqua Telak. Ils peuvent peut-être se désactiver grâce à un objet spécial ou une mélodie particulière, mais nous n'avons ni l'un, ni l'autre.
Bien que l'hypothèse du bassiste soit plus probable, le batteur voulut tout de même en avoir le cœur net et commença à examiner les murs de chaque côté. Malgré une fouille minutieuse, il ne trouva malheureusement rien qui puisse les faire avancer.
— Le couloir est assez large, réfléchit à haute voix Agrat.
— Tu as une idée ?
— Je me disais qu'il y avait assez d'espace pour utiliser nos ailes. Si nous faisons attention à ne rien toucher, nous devrions pouvoir passer en volant.
— Aucune chance, rétorqua Valana. Tout ce que ça ferait, c'est déclencher tous les pièges. Ils ne sont pas mécaniques et n'ont donc pas besoin que l'on appuie sur une dalle pour s'activer. La seule présence d'une personne, qu'elle touche le sol ou non, les déclenchera.
Cette solution étant tombée à l'eau, le groupe se remit à chercher une solution. Même s'il était difficile d'estimer le temps à l'intérieur de ces catacombes, Tous estimèrent aisément que cela faisait une demi-heure qu'ils étaient bloqués là.
Sa patience à bout, Agrat donna un violent coup de poing dans le mur. Un petit bout de pierre, venant d'une des dalles qui s'était fragilisé avec le temps, se décrocha du mur et tomba à ses pieds. La chef de groupe eut alors une révélation.
— Val, est-ce que tu peux sentir la magie à travers la pierre ?
— Oui. Du moins, sur une petite distance.
— Parfait... Telak, creuse ce mur.
— Quoi ? s'étrangla Mor. Mais tu es malade !
— Ce chemin est bloqué par des pièges, alors créons notre propre tunnel.
— C'est pas con, l'appuya Telak.
— Et s'il y a une autre salle de l'autre côté ?
— Eh bien on aura créé un raccourci, rétorqua la chef de groupe en haussant les épaules.
— Et si elle est aussi piégée que ce couloir ?
— Valana nous arrêtera avant qu'on y soit.
— Et je pourrais détecter la moindre anomalie comme un piège tout en creusant, continua le bassiste.
— Si tu es dos au mur, retourne-toi et creuse, compléta la chanteuse.
— J'adore ta façon de penser.
— Mais allez-y, ne vous gênez pas ! Par contre, prévenez-nous si vous voulez coucher ensemble, qu'on s'éclipse pendant quelque temps !
— Qu'est ce qui te prend ? s'étonna Telak.
Sa question était plus que légitime. Jamais il n'avait vu son ami dans un état pareil. Lui qui était plus du genre posé et argumentait calmement s'il n'était pas d'accord avec une idée était, ici, méconnaissable.
— Le passage et bloqué ? Très bien, alors creusons le nôtre ! Jamais vu des bourrins pareils ! Et vous allez faire quoi ? Des tunnels au hasard jusqu'à ce qu'on tombe par miracle sur une autre salle ?
— Non, répondit calmement la chef de groupe. Je pensais plus à en faire un parallèle à celui-ci et retourner sur le principal une fois que nous aurons dépassé les pièges.
Le visage du batteur changea soudain d'expression. De la colère, ce fut de la stupéfaction qui se lut sur son visage. Le plan d'Agrat n'était pas si bête que ça finalement.
— Par contre, je vais avoir quelques problèmes, grimaça le bassiste. Je ne suis pas sûr de pouvoir tenir sur une aussi longue distance et je ne peux pas tout simplement faire disparaître la terre. Il faut que je l'envoie quelque part, proche si possible.
— Valana augmentera la puissance de ton sort pour que tu creuses sans problème. Pour la terre, mets-là dans l'escalier. Si nous devons l'emprunter de nouveau, nous n'aurons qu'à déblayer. Aller, au travail.
Telak et Valana sortirent leur instrument, l'un pour creuser et l'autre pour augmenter la puissance du sort et détecter la moindre anomalie et commencèrent à jouer une mélodie simple et répétitive. Un trou, d'abord petit, apparut et s'agrandit peu à peu jusqu'à atteindre les deux mètres de haut pour un de large. Une fois ses dimensions atteintes, l'excavation débuta et le tunnel gagna rapidement en profondeur.
— Je ne sais pas si je vais supporter cet air bien longtemps, se plaignit Mor.
— Silence, il y en a qui bossent ! s'exclama Valana.
— Mor, avec moi. J'ai à te parler, ordonna la chanteuse.
Pendant que les deux musiciens continuaient leur travail, Agrat prit le batteur à part pour mieux comprendre ce qui lui prenait.
— Je t'écoute, dit-elle en croisant les bras.
— De quoi tu parles, souffla-t-il.
— Ne fais pas celui qui ne comprend pas. Ce comportement ne te ressemble pas. Dans d'autres circonstances, tu aurais sans doute été l'initiateur de ce plan alors je t'écoute. Qu'est-ce qui ne va pas ?
— Je ne sais pas. J'ai les nerfs à vif depuis la mort de Grem.
— Ça n'est pourtant pas la première fois que tu perds un compagnon.
— Jamais d'aussi proche. Il était comme un frère pour moi. Je ne sais même pas comment fait Valana pour tenir en faisant abstraction de ça.
— Justement, elle n'en fait pas abstraction. Elle continu pour que son sacrifice n'ait pas été vain. Pour s'assurer que la mission soit réussie et qu'elle ne perde pas quelqu'un d'autres.
— Tu as sans doute raison. Désolé, je vais essayer de me ressaisir.
— Nous retournerons tous chez nous, je te le promets. En attendant, le rôle de la personne qui râle tout le temps ne te va pas du tout. Laisse-le à ceux qui en ont l'habitude.
Après un léger sourire et un clin d'œil, Agrat retourna auprès de ses acolytes et progressa avec eux en même temps que le tunnel. Ce dernier avançait bien, mais la distance à parcourir était grande. Bien qu'habitués à jouer autant, des douleurs commençaient à se faire ressentir dans les mains des musiciens.
Ils s'apprêtaient à faire une courte pause lorsqu'ils remarquèrent qu'ils étaient presque arrivés à la prochaine salle. Avec un élan de motivation, ils terminèrent le tunnel et débouchèrent enfin sur la salle suivante des catacombes.
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Le violon de cristal: les partitions perdues
FantasyDans un monde où musique est synonyme de magie, où presque toute forme de technologie à disparue, où les humains ne sont plus les seuls êtres pensants de la planète depuis bien longtemps et où la terre, ravagée par les guerres, se remet peu à peu, v...