Pendant toute la matinée et une bonne partie de l'après-midi, Syara et ses compagnons passèrent de classe en classe pour faire leur présentation de leur vision de la vocation de mage. Dans l'ensemble, les élèves étaient ravis d'avoir enfin des interventions intéressantes. À la pause de midi, le directeur les invita tous à sa table au réfectoire. Pour la beast, le fait de se trouver dans la partie réservée aux enseignants était des plus étranges. Au moins, cela lui permettait de revoir des enseignants qu'elle appréciait, contrairement au directeur à qui elle lui en voulait pour toutes ses années de cours soporifiques à être systématiquement interrogée ainsi que le coup qu'il leur avait fait le jour de la cérémonie de fin d'études.
Finalement, leur dernière intervention coïncida avec la dernière heure de cours. Ayant mené à bien leur mission, le directeur les invita à retourner dans son bureau et sortit une bourse d'un des tiroirs du bureau.
— Voici votre paye, vous avez fait du bon travail, dit-il en remettant le salaire à Guard. J'y ai rajouté un petit supplément vu que vous vous occupez de mon étudiante préférée.
— Pardon ? s'étonna Syara. Vous rigolez j'espère.
— Tu as vécu mes cours comme du harcèlement et tu trouvais que j'étais bien plus dur avec toi qu'avec n'importe qui d'autre, mais c'est parce que je savais que tu étais capable de plus. Tu étais bien au-dessus de tout le monde et, au lieu de te freiner pour te placer à leur niveau, j'ai préféré te faire avancer. Vois-tu, les contrôles que je faisais passer pouvait être donné à tous les étudiants, quel que soit leur niveau, mais plus ils étaient avancés, plus j'attendais des réponses de plus en plus précises. Pour toi, je te notais de la même manière que je notais ceux de deux classes au-dessus.
— Et ça ne vous est pas venu à l'esprit de, je ne sais pas moi... Me prévenir ! s'emporta la beast.
— Si je l'avais fait, tu n'aurais pas eu la curiosité de chercher par toi-même les réponses que j'attendais et tu serais directement allée les chercher chez les autres élèves. En ne sachant pas vraiment comment cela fonctionné, tu t'es renseignée sur un grand nombre de sujets sans qu'aucune question ne soit jamais tombée dessus.
— Et le fait que je vous déteste vous étonne encore, souffla la violoniste.
— Je comprends que tu m'en veuilles et ce serait orgueilleux de dire que tu en es là grâce à moi, mais je pense que cela t'a quand même aidé.
— Et les cours soporifiques, c'était pour m'aider aussi ?
— Lorsque j'ai décidé d'arrêter ma carrière de mage, je trouvais qu'enseigner était une bonne idée. Cependant, je me suis vite rendu compte que ça n'était pas pour moi et je m'ennuyais à mourir pendant les cours.
— Sur ce point, on est d'accord. Vos cours sont nuls.
— Pour ce qui est de la cérémonie, il s'agit en vérité de mon vrai moi. C'est le seul moment où je me sens bien en tant qu'enseignant. Lorsque je vois un élève sortir un instrument, je suis heureux pour lui.
— Et quand vous en voyez un échouer, vous vous foutez de lui, c'est ça ? s'emporta-t-elle de nouveau en faisant un pas vers lui, prête à le frapper.
— Crois le ou non, j'étais sincèrement peiné lorsque j'ai vu Kuta échouer...
— Ne prononcez pas son nom !
Sur le point d'exploser, Syara s'avança de nouveau vers le directeur. La seule chose qui l'empêchait de lui enfoncer de nouveau son poing dans son visage était Telak qui s'était placé entre eux deux et qui lui faisait barrière pour l'en empêcher. Il était le seul à vraiment savoir ce qui se passait. Elle n'avait pas parlé de cet épisode de sa vie avec les autres qui se demandaient donc pourquoi elle s'était aussi rapidement emportée.
— Je suis allé le voir après la cérémonie, continua tout de même monsieur Vedo. Je lui ai annoncé que tu étais devenue mage et il semblait ravi, comme si son propre échec ne comptait pas.
— Ouvrez encore la bouche et je vous encastre la tête dans le bureau, prévint-elle en lui jetant un regard noir.
Rien ne semblait pouvoir la calmer. Sa menace n'était pas des paroles en l'air et elle comptait vraiment les mettre à exécution. Cependant, alors que sa respiration s'accélérait encore, une lueur dorée apparut au niveau de sa joue. Presque immédiatement, la beast retrouva plus ou moins son calme et desserra ses poings. Elle prit une grande inspiration et recula pour montrer qu'elle s'était calmée.
— Merci phi, chuchota-t-elle.
Posée sur son épaule, la fée avait décelé que cette colère était bien trop démesurée et avait donc fait le nécessaire pour qu'elle se sente mieux. Depuis qu'elle était retournée chez elle, phi avait l'impression que ses pouvoirs s'étaient décuplés et qu'elle pouvait venir en aide à plus de monde. En cela, elle était heureuse de le faire pour son amie.
— De ce que je sais, Kuta se trouve toujours à Céol. Si tu veux, je peux te donner son adresse.
— Je veux bien, accepta-t-elle.
— Avant que tu ne rendes visite à ton ami, n'oublie pas ce pour quoi nous sommes là, intervint Shay.
— Pour ça, il faudrait déjà savoir où aller. À part le fait qu'elles se trouvent à Céol, tu ne nous as rien dit.
— J'attendais justement la fin de cette mission et, ça tombe bien, nous nous trouvons en présence de la personne qui va pouvoir nous aider.
— Moi ? s'étonna monsieur Vedo.
— Nous avons besoin de voir le coffre de cristal, annonça-t-il.
— Le... Le coffre ? Je suis désolé, mais personne n'a le droit d'y accéder en dehors des cérémonies de passage.
— C'est important, insista Rael.
— Je suis désolé, mais je ne peux pas, les règles...
— Ne s'appliquent pas ici, coupa le dragon. Ce coffre appartient à quelqu'un et ce quelqu'un n'est autre que Syara.
— Moi ?
— Elle ? S'étonna le directeur.
— Elle est l'héritière de celui qui a fabriqué le coffre, donc il lui revient de droit.
— Quoi ? s'exclamèrent le groupe et le directeur.
— Et ça peut régler nos problèmes d'argent ça ? ajouta Elyazra.
— Je pense qu'une petite explication s'impose, répondit Shay.
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Le violon de cristal: les partitions perdues
FantasyDans un monde où musique est synonyme de magie, où presque toute forme de technologie à disparue, où les humains ne sont plus les seuls êtres pensants de la planète depuis bien longtemps et où la terre, ravagée par les guerres, se remet peu à peu, v...