Chapitre 126 : Le royaume des fées

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 Sur une plate-forme en pierre où diverses signes complexes y étaient gravés, formant plusieurs cercles concentriques, Syara ne pouvait être que bouche bée devant le panorama qui s'offrait à elle. Une ville entière avait été créée avec des matières végétale et était totalement entourée d'une immense palissade de bois qui montait jusqu'à un plafond où brillait une sphère qui éclairait absolument tout et lui faisait penser à l'astre solaire que les livres d'histoire décrivaient.

Depuis sa position, un long chemin serpentait à travers la ville aux maisons rondes pourvues de toits de feuilles et montait une colline en pente douce jusqu'à un immense palais qui, contrairement aux autres bâtiments, était fait d'une pierre blanche qui étincelait à la lumière de l'orbe.

Mais la ville ne se trouvait pas que devant elle. Au-dessus, la beast vit d'innombrables paliers supplémentaires où d'autres maisons avaient été construites. Toute cette ville paraissait d'autant plus « féerique » avec tous ses habitants qui volaient de paliers en palier ou se baladaient tout simplement à pied dans les rues.

Alors que la violoniste continuait de détailler le paysage, elle vit une fée habillée en noir s'approcher d'elle en courant. C'était d'ailleurs très étrange vu que chaque habitant portait des vêtements aux couleurs vives. De plus, ses vêtements lui disaient quelque chose et... Avant qu'elle n'ait le temps de remettre ses idées en place à cause du passage dans le portail qui lui avait quelque peu embrouillé l'esprit, la fée lui sauta dans les bras et l'enlaça aussi fort qu'elle le pouvait.

— Syara ! s'exclama-t-elle. Je suis tellement contente !

— Phi, c'est toi ?

La fée, plus si petite que ça, s'écarta un peu et laissa la beast détailler les traits de son visage. C'était bien elle, son visage fin et dépourvu de la moindre imperfection était reconnaissable entre tous. En la voyant ainsi, Syara put véritablement se rendre compte qu'elle était jeune. Shay avait parlé d'une quinzaine d'années et il ne devait pas être loin de la vérité.

— Tu as grandi, lui sourit-t-elle.

— En fait, je n'ai pas changé de taille, c'est vous qui avez rapetissé, expliqua-t-elle. Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureuse. Vous pouvez enfin m'entendre et je peux enfin vous remercier de m'avoir sauvée. Je ne pourrais jamais vous montrer à quel point je vous suis reconnaissante pour ça et pour m'avoir ramenée chez moi.

— D'ailleurs, on va enfin pouvoir connaître les raisons qui t'ont poussée à partir aussi loin de ta maison, intervint Elyazra qui ne semblait pas être perturbée par son changement de taille, contrairement aux autres qui n'en revenaient toujours pas et n'arrivaient pas à aligner deux mots.

— À vrai dire, je ne m'en souviens plus, se désola-t-elle. Je suis aussi désolée pour tous les torts que je vous ai causés. Ma maladresse est une véritable malédiction dont je n'arrive pas à m'en défaire.

— Ne t'en fais pas. Une fois habitué, ta maladresse te donne un petit côté attachant, la rassura-t-elle.

— Oui, c'est ce que tout le monde me dit, souffla la fée. Mais je préférerais perdre un peu de ce côté attachant et ne plus causer de catastrophes là ou je passe.

Syara allait pour la serrer de nouveau dans ses bras pour lui signifier qu'elle était avec elle, mais l'une des sentinelles s'approcha et se racla la gorge pour avoir l'attention de tout de monde.

— Veuillez nous suivre je vous pris.

À ces mots, le reste des gardes entourèrent le groupe et commencèrent à avancer pour rejoindre l'avenue qui menait au palais, les forçant à en faire de même. Pendant le trajet, Syara fut étonnée de voir autant de fées qui ne faisaient que marcher sans utiliser leurs ailes. Phi lui appris alors que les enfants ne savaient pas voler avant quelques années et que, même lorsqu'ils y arrivaient, leurs ailes n'étaient pas assez développées pour les soutenir longtemps, ce qui les épuisaient. La ville avait donc été pensée pour que tout le monde puisse accéder à n'importe quel endroit sans avoir à utiliser ses ailes.

Finalement, le fait de se rendre d'un endroit à un autre à pied était resté chez certains qui ne volaient que pour traverser une grande distance et se posaient lorsqu'ils arrivaient près de leur destination.

À la moitié du chemin parcouru, les habitants commencèrent à s'agglutiner autour du groupe entouré par les sentinelles. Les fées poussaient toutes des cris de surprise et se demandaient qui étaient ses visiteurs qui n'avaient pas d'ailes, une peau différente pour certains, une queue pour l'une, des cornes dont une coupée pour un autre. Après tout, si elles ne quittaient jamais leur forêt, cela n'était pas étonnant de les voir s'extasier devant des étrangers. Cependant, il n'y avait aucune frayeur qui se dégageait d'elles. Elles étaient persuadées que si les sentinelles les avaient fait entrer, ils ne devaient pas être dangereux.

Arrivés devant les marches du palais, les gardes qui les avaient escortés formèrent une ligne au pied de l'escalier pour ne laisser passer personne et celui en tête les emmena à l'intérieur. L'endroit était haut de plafond et totalement immaculé avec, rarement, une décoration faite d'un cristal bleu qui apportait à la pièce un côté distingué. Le soldat s'approcha de quelqu'un qui gardait une porte et lui chuchota quelque chose à l'oreille. Celui-ci fit signe au groupe d'avancer et ouvrit la porte avant de s'avancer dans cette autre pièce où une cinquantaine de fées se trouvaient de chaque côté et regardaient en direction de deux trônes au fond de la pièce où siégeait un homme et une femme.

— Mesdames, Messieurs, le gardien suprême des partitions d'Atéa et son groupe ! annonça le héraut. Ainsi que la princesse Phindéréllia !

— Princesse ? s'étonna le groupe entier.

Tandis que la reine et le roi se levaient avec de grands yeux surpris, des chuchotements s'élevèrent dans la salle, semblable à un bourdonnement.

— Père ! Mère ! appela Phi en courant vers eux.

Si l'expression de sa mère ne changea pas, celle de son père se durcit lorsqu'elle arriva à son niveau. La fée n'eut même pas le temps de dire quoi que ce soit d'autre ou de serrer ses parents dans ses bras qu'elle reçut une gifle monumentale qui l'envoya à terre.

— Emmenez-la dans sa chambre ! tonna le roi. Je ne veux pas qu'elle en sorte avant que j'ai décidé de la punition qui lui sera infligée pour avoir déserté son royaume et fuis ses responsabilités.

L'étonnement passé, Syara amorça un pas dans la direction de l'horrible père de Phi, mais fut retenue par Shay.

— Nous ne devons pas agir maintenant.

Même si elle ne connaissait le dragon que depuis peu de temps, elle savait aussi qu'il ne la laisserait pas tomber et qu'il était déjà en train d'élaborer un plan pour savoir ce qu'il allait advenir de son amie et la sortir de ce qui semblait n'augurer rien de bon. La beast ne put donc qu'assister, impuissante, à la scène qui se déroula devant elle. Deux gardes avaient pris Phi chacun par un bras et l'emmenèrent vers l'une des sorties de la salle. La fée jeta un dernier regard empli de larmes dans sa direction, puis disparut.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant