Chapitre 106 : sortie de réunion

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 Après une réunion interminable avec le conseil qui gérait toutes les affaires de ce secteur, Fos sortit dans la rue et poussa un long soupire. Il passa un long moment à observer le bâtiment qu'il venait de quitter et souffla de nouveau. Était-ce une mairie ? Un théâtre ? Un bâtiment historique ? Il avait l'air d'être ancien au vu des gravures qui le parcourait, des fenêtres larges, des statues et de la forme globale, mais il avait aussi connu des jours meilleurs. Le toit ainsi que le dernier étage avait disparu et une grande partie de se qui se trouvait à la droite de l'homme s'était effondré en un tas de gravas difforme.

Le fait est qu'il était, malgré tout, le bâtiment le mieux portant des environs. Fos ne connaissait pas le nom de cette ville, mais même si son état était déplorable, elle restait l'une des plus préservée de la région.

En jetant un coup d'œil au ciel, l'homme vit une créature se rapprocher de lui. Au final, il s'était habitué à ce genre de chose et n'était même plus effrayé malgré l'apparence du démon qui se posait à côté de lui.

— Alors ? Tu t'es bien amusé avec les autres ? rit-il en le saluant.

— Si seulement ils n'avaient pas besoin de moi pour jouer les pantins afin de fédérer les humains, je serais avec les autres à attendre de voir ce qu'ils décident ou bien déjà parti refaire ma vie ailleurs.

— Ne dis pas ça...

— Je n'ai pas mon mot à dire dans les discussions, ils ne me prennent pas au sérieux. Pour eux, je ne suis qu'un mage inexpérimenté qui a profité de la rébellion pour se faire connaître sans pour autant le mériter.

— Et donc, quelle est leur décision ?

— Ils veulent attaquer la ville principale ou s'est établi notre cher dictateur...

— Mais c'est ce que tu voulais, le coupa-t-il.

— Oui, mais pas comme ça. Ils veulent faire une ligne droite et attaquer de front. J'ai eu beau leur expliquer qu'il y avait une zone qui avait été bombardée sur le chemin et que les retombées radioactives allaient mener l'expédition à la mort, ils ne m'ont pas écouté. Nous allons peut-être reprendre la ville, mais ça ne sert à rien si tout le monde meurt une semaine plus tard.

Une expression de rage se lisait sur le visage de Fos et son regard tourné vers la fenêtre qui donnait sur la salle de réunion faisait froid dans le dos. Qu'importe ce qui avait été décidé, il ferait tout pour qu'un maximum de monde refuse de les accompagner dans cette expédition suicidaire.

— Des nouvelles des autres camps ? s'enquit-il pour changer de sujet.

— La plupart ont été avertis que les cybers n'étaient pas avec les humains et formaient une faction à part qu'il fallait combattre, répondit le démon. Pour l'instant, seul trois villes ont décidé de se joindre à nous pour l'attaque. Les autres sont soit trop occupé avec leurs propres problèmes, soit trouvent un faux prétexte pour ne pas venir.

— Je vois... Ils se croient en sécurité en ne se trouvant pas sur les lignes de front. Si nous tombons, ils s'en mordront les doigts.

— Alors c'est à nous qu'il incombe d'éviter ça, sourit-il. Aller viens, allons boire un verre, ça te changera les idées.

D'un signe de tête, Fos accepta l'invitation. Il allait pour le suivre lorsqu'une étrange sensation le stoppa net. Un étrange frisson lui parcourait l'échine, il se sentait observé. D'un mouvement rapide, il se retourna et scruta l'endroit où il croyait que le voyeur l'épiait. Personne... Peut-être était-ce son imagination il fallait vraiment qu'il se change les idées avant de devenir définitivement paranoïaque.

À quelques rues du bâtiment où le conseil se réunissait, un homme dont l'ancien métier était de servir des boissons alcoolisées avait ouvert un petit bar ou presque tout le monde se réunissait. Dans une ville en ruine telle que celle-ci, il suffisait de savoir où chercher pour trouver des bouteilles intactes, mais les gens ne venaient pas pour la boisson, mais pour l'ambiance chaleureuse qui s'en dégageait.

Fos et son ami s'installèrent en terrasse et attendirent que l'un des employés que le patron avait embauchés vienne prendre leur commande. En cela, il représentait bien plus les humains et leur envie de faire la paix avec les autres races. Il avait recruté les personnes sans se soucier de leur race et mettait tout le monde sur un même pied d'égalité.

Une elfe noire se posta devant eux, un plateau à la main et un large sourire aux lèvres.

— Bonjours messieurs, que vous vouloir ? demanda-t-elle approximativement dans la langue de Fos.

— Une bière, répondit le démon.

— Je prendre même chose, fit l'homme en elfique tout aussi approximatif.

L'elfe nota la commande dans un calepin et repartit immédiatement à l'intérieur. En attendant, le mage laissa errer ses pensées en observant le ciel. De gros nuages noirs le recouvraient entièrement et ce, depuis déjà plusieurs mois. Malgré tout, il n'avait pas plu depuis des semaines et les rares averses ne les avaient pas fait diminuer de taille.

— Le ciel est plus intéressant que moi ?

— Pardon ?

— Qu'est-ce qu'il y a de si extraordinaire là-haut pour que tu sois absorbé au point de ne plus m'écouter ?

— Rien, je me demandais juste si j'allais un jour revoir le soleil.

— C'est vrai qu'il était plutôt agréable. Dans notre monde, il n'était pas aussi brillant et... Tu me le dis si je t'emmerde !

Pendant que le démon se souvenait de son ancien monde, Fos avait encore ressenti cette étrange présence et s'était retourné vers l'endroit ou il croyait qu'on l'épiait. Encore une fois, il n'y avait personne.

Heureusement pour lui, la serveuse arriva avec la commande et désamorça la dispute qui était sur le point d'éclater. Tout deux s'étaient connus dans les camps de travail et avaient tissés de solides liens, mais le côté susceptible du démon rendait parfois difficile toute action. Une seconde d'inattention lorsqu'il était en train de parler pouvait mener à un véritable désastre.

Fos remercia en elfique la serveuse et porta le breuvage à ses lèvres. Il allait prendre sa première gorgée lorsque la sensation revint.

— Cette fois, j'en ai marre !

Le mage se leva brusquement de sa chaise, sous le regard ahuri de son ami et courut vers le coin de la rue. Il pensait ne pas avoir été assez rapide pour trouver celui qui l'espionnait à tel point qu'il fut surpris lorsqu'il tomba nez à nez avec un humain... Non, il n'était pas humain. Les humains n'avaient pas les yeux en fente comme celui qui se tenait devant lui.

— Bonjour Fos, salua Shay.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant