Le violon de cristal: les partitions perdues

Chapitre 82 : Choisir une nouvelle mission

Dans l'enceinte du hall des musiciens, le groupe cherchait avec attention parmi les requêtes accrochées aux murs la perle rare qui leur plairait et qui leur assurerait à la fois de pouvoir rembourser Telak au plus vite et leur permettrait de tenir un peu de temps avant de devoir repartir.

Les choix étaient assez restreints entre la durée des missions, la difficulté, la récompense, le nombre de personnes demandée. Au final, il ne restait que peu de missions qui pouvait leur convenir.

— Celle-ci a l'air intéressante, déclara Rael en montrant l'une des feuilles.

Comme une seule personne, les deux jeunes femmes se précipitèrent dessus et regardèrent en quoi consistait cette mission. Les portails de téléportation d'une ville étaient tous tombés hors service et une récompense attendait tous ceux qui leur porterait les pièces nécessaires à leur réparation.

— Alors, vous en pensez quoi ?

— Que tu devrais revoir ta définition d'intéressante, rit Syara.

— Peut-être que celle-ci vous ira mieux, tenta Guard.

Une nouvelle fois, la beast et la chasseresse examinèrent la requête dans l'espoir qu'elle leur convienne. Celle-ci demandait de l'aide pour débarrasser une région de bêtes nuisibles qui dévastait les récoltes. D'après ce qui était marqué, ces animaux étaient agressifs et attaquaient en bande, mais il n'y avait eut aucune victime pour le moment.

— Suivante, s'exclama Elyazra.

— Rappelez-moi juste une chose, intervint Telak. Qui a décidé que vous choisiriez la mission ?

— Bah, Syara et moi, répondit la chasseresse comme si s'était une évidence.

— Ce qui fait deux voix pour vous, vous n'avez pas la majorité.

— Oui, mais comme on est en infériorité numérique par rapport à vous les garçons, nos voix comptent double, rétorqua-t-elle. Ça fait donc quatre voix contre trois.

— Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? demanda-t-il, bien plus étonné qu'autre chose.

— Allons, laisse-la choisir s'il te plaît, dit Syara. C'est sa première mission. En plus, regarde là, elle cherche un moyen de t'énerver. Elle fait ça avec tout le monde et dit que c'est pour mieux cerner la personne.

— Et dans le doute, si mon excuse était passée, ça aurait été bénéfique pour moi, rajouta Elyazra. Mais bien sûr, tout le monde a son mot à dire, c'est juste que je pense que nous pouvons trouver quelque chose qui nous correspond plus.

Pendant un instant, Telak fixa le sol et réfléchit, puis, sans rien dire, quitta le groupe pour se rendre dans une autre salle du hall.

— J'ai dit quelque chose de mal ?

— Je ne pense pas. Il ne se fâche pas pour si peu. Bon, continuons nos recherches.

À ces mots, les quatre compagnons se dispersèrent et arpentèrent chaque recoin de la salle pour trouver leur bonheur. Objet perdu, escorte, remplacement d'un employé en attendant qu'il revienne. Malgré leur détermination, aucune quête ne semblait sortir du lot. Au bout d'une vingtaine de minutes, ils se rejoignirent pour faire le point. Comme chacun s'en doutait, leurs recherches n'avaient été fructueuses pour personne.

Revenant vers eux, alors qu'ils commençaient à désespérer, Telak arbora un large sourire, les mains cachées dans le dos.

— Tu as trouvé quelque chose ? questionna la violoniste.

— Qui veux des combats ? demanda-t-il pour toute réponse.

Comme il s'y attendait, les deux jeunes femmes levèrent instantanément la main en lui souriant de toutes leurs dents.Toute deux pourvues de canines acérées, elles faisaient presque peur à le regarder ainsi. Il avait l'impression d'être un steak saignant pour l'une et une chope de bière pour l'autre.

— Qui est plus intéressé par de l'exploration et de la recherche d'objet ?

Cette fois-ci, ce fut au tour des garçons de lever le bras. Comme l'avait dit Guard, il voulait se racheter de sa vie passés. Et quoi de mieux que de rendre un objet perdu à quelqu'un comme rédemption pour avoir pris à tant de gens. Rael quant à lui était bon en combat, mais il n'avait pas cet esprit sanguinaire qui animait les deux femmes. D'un autre côté, cela l'étonnait que Syara réagisse ainsi, elle qui avait pleuré et insisté pour qu'il enterre les bandits qu'ils avaient tués pour récupérer un artefact volé. Sans doute faisait-elle la fière devant son amie pour l'impressionner.

— Alors, tu as trouvé quelque chose, oui ou non ? s'impatienta la beast.

Pour toute réponse, le démon sortit une feuille de derrière son dos et leur remit.

— Un duo d'alchimiste s'est fait attaquer par un raid de harpie en revenant de la chaîne d'Hara, expliqua-t-il. Ils n'ont rien, mais elles sont reparties avec un ingrédient qui d'après eux est extrêmement rare. Si nous prenons cette mission, nous les rencontrerons pour qu'ils nous donnent plus de détail.

— Donc on va combattre des harpies ? demanda la beast.

— J'ai habité pendant plusieurs années au pied de la chaîne d'Hara. Ce sont de vrais garces, un peu comme des diablotins avec des plumes et des seins, expliqua Elyazra.

— Un peu comme toi, les plumes en moins, s'esclaffa Syara.

— Répète un peu !

— Pourquoi, tu es sourde ? Je disais que tu étais une vraie garce ! hurla la beast, morte de rire.

— Une espèce entièrement féminine ? s'étonna Guard tandis que les deux femmes commençaient les hostilités.

— Non. Les harpies mâles et femelles ont une apparence très similaire et n'ont pas de véritable trait distinctif pour les reconnaître, l'informa Rael. Elles ont aussi un système de reproduction aviaire, donc pas de parties génitales apparentes. Lorsque tu en verras une, tu ne sauras même pas de quel sexe elle est.

— Les filles, ne vous battez pas ici, souffla Telak alors qu'elles commençaient à en venir aux mains. Tout le monde vous regarde.

— C'est vrai ? Vous regardez le spectacle, vous payez ! s'exclama la chasseresse.

Syara, Surprise, lui lâcha le col et recula de quelques pas alors que les mages présents dans le hall détournaient le regard.

— Bah quoi ? Si on peut se taper dessus et en plus gagner un peu d'argent, ça fait d'une pierre deux coups, non ?

— Elyazra, tu as déjà habité dans une ville ?

— Non. Avant mes huit ans, j'habitais dans un village, mais je ne sortais que très rarement de chez moi. Ensuite, je me suis installée dans une forêt au nord des chaînes d'Hara.

— Ça explique beaucoup de choses, rétorqua l'elfe noir, pensif.

— Comment ça ?

Le mage d'air ne répondit pas, mais tous les autres avaient deviné où il voulait en venir. Elle avait été seule ou au très peu en contacte avec d'autres personnes une grande partie de sa vie et cela expliquait en grande partie son comportement plutôt exotique. Seule Syara connaissait la véritable raison qui la poussait à se chamailler avec tout le monde. La chasseresse en avait parlé dans le lit auprès d'elle, un soir où elle avait trop bu. Si elle faisait ça, c'était pour se rapprocher du sentiment qu'elle éprouvait lorsqu'elle était en compagnie d'une personne qu'elle considérait comme son frère.

— Bon, tout le monde est d'accord pour cette mission ? Alors allons signaler que nous la prenons.

Avec l'impatience de partir à l'aventure, le groupe suivit Telak. Dans peu de temps, ils allaient repartir sur les routes. Une chose était sûre, avec une équipe telle que la leur, le voyage risquait d'être mouvementé.