Chapitre 81 : Le problème urgent

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Avant que ses deux amis n'aient le temps de lui demander de plus amples explications, Syara partit à toute vitesse dans sa chambre, s'habilla tout aussi vite avec les premiers vêtements qu'elle avait sous la main et ressortit, la lettre toujours à la main. Sans leur jeter un regard, elle se dirigea vers la porte de son appartement et ne s'arrêta que lorsqu'elle fut arrivée devant le couloir de lévitation.

Ayant un doute, elle se retourna et fut étonnée de ne voir personne avec elle. La beast retourna dans son appartement et trouva Elyazra et Guard au même endroit que lorsqu'elle les avait quittés.

— Bon, vous venez ?

— Mais où ? demanda le satyre.

— Tu as raison, il vaut mieux se séparer. Allez prévenir Rael et retrouvez-moi au hall des musiciens ! hurla-t-elle pendant qu'elle reprenait sa course dans le couloir.

Arrivée en bas de son immeuble, la violoniste sortit dans la rue et se dirigea approximativement vers la maison de Telak. Même s'il lui avait déjà donné son adresse, elle n'était jamais allée chez lui. Lors de son arrivée à Léfarène, elle était presque repartie aussitôt pour Sendra et, à son retour, elle n'avait pas le courage de quitter son appartement. Lorsqu'elle s'était enfin sentie mieux, son mentor était déjà partie, elle n'avait donc eu aucune raison de se rendre chez lui.

D'après ses souvenirs, Telak habitait dans le quartier nord de la ville, mais ce quartier était grand et elle ne se souvenait plus du nom exacte de la rue. Au bout d'un quart d'heure à tourner au hasard, l'un des panneaux indicatif lui rappela quelque chose. Le bassiste lui avait dit de passer par là pour rejoindre son habitation. De fil en aiguille, les noms lui revinrent en tête et elle arriva, au bout d'une autre vingtaine de minutes, devant la demeure de Telak.

Contrairement à elle, il n'habitait pas dans un appartement, mais dans une charmante maison de plein pied avec un jardin. Syara pensa que si elle logeait dans ce genre d'endroit, elle ne serait pas obligée de dormir chaque nuit avec Elyazra et elle ne se réveillerait pas toutes les deux heures pour lutter contre son amie endormie afin de récupérer ne serait-ce qu'un bout de couette.

Mais le moment était mal choisi pour penser à prendre un appartement ou une maison plus grande. Syara passa le portillon et avança jusqu'à la porte où elle toqua pour annoncer sa présence. Attendant une réponse qui tardait à venir, elle se mit à tambouriner jusqu'à ce que la porte ne s'ouvre.

— J'arrive, j'arrive ! tonna une voix venant de l'intérieur.

Étrange. La voix était visiblement celle d'une femme, mais il semblait à Syara que son mentor vivait seul. D'un autre côté, il ne parlait pas beaucoup de lui, il pouvait très bien être marié et avoir des enfants, elle n'en savait rien.

Comme elle le pensait, une femme ouvrit la porte et, regarda la beast avec un air désagréable. Elle n'avait sans doute pas apprécié qu'elle martyrise ainsi sa porte.

— C'est pour quoi ? questionna-t-elle sans même esquisser un signe de salut.

— Bonjour, excusez-moi, est-ce que Telak est là ?

— C'est possible.

— Pouvez-vous lui dire que j'ai besoin de le voir, c'est urgent.

— Faites-le vous-même, sa maison est en face.

Oups... Après s'être confondu en excuse, la beast se rendit à la bonne porte. Avant qu'elle n'ait le temps de frapper, le démon ouvrit la porte et se fendit d'un large sourire.

— Tu as tout vu c'est ça ?

— De quoi tu parles ? répondit-il en se retenant de rire.

— Avoue !

— Je suis passé devant ma fenêtre au moment où tu passais le portail de ma voisine alors je suis resté un peu pour voir ce qui allait se passer, je n'ai pas été déçu, dit-il en éclatant de rire. Tu es toujours aussi subtil à ce que je vois.

— D'accord, d'accord. Mais est-ce que tu pourrais te foutre de moi en route ? J'ai donné rendez-vous à tout le monde au hall de musiciens et Ely est aussi patiente que moi.

— Dans ces cas-là, il n'y a pas une seconde à perdre, rétorqua-t-il en sortant de chez lui. Tu t'améliores, je ne savais pas que tu avais de l'autodérision.

— J'ai des tas de qualité, maintenant allons-y.

Avec un rythme soutenu, sans pour autant courir, Syara et Telak se rendirent au lieu qui accueillait tous les mages à la recherche d'une mission. Sur le parvis, Guard, Rael et Elyazra attendaient en surveillant chaque rue. Comme la beast s'en doutait, la chasseresse tapait du pied, signe qu'elle n'allait pas tarder à exploser.

— Bonjour Rael, salua la violoniste en s'approchant. Merci d'être venu.

— Tu vas finir par nous expliquer ce qui se passe ? s'impatienta Elyazra. Tu es partie sans nous faire lire la lettre et sans aucune explication.

— D'accord, d'accord, je vais vous dire pourquoi je voulais qu'on se réunisse... Nous sommes fauché, voilà !

— Ça, on le savait déjà, rétorqua Guard.

— Oui, tu nous as dits hier qu'il nous restait assez pour environ une semaine, mais c'était sans compter le loyer. Nous n'avons même pas assez d'argent pour le payer. Je vous ai donc demandé de venir pour choisir au plus vite une mission.

— Tu aurais pu prévoir que le loyer allait tomber, c'est quand même ton appartement ! La réprimanda son amie.

— Mais je n'y suis pas depuis longtemps, se défendit-elle. C'est le premier que je reçois.

— Vous allez avoir un autre problème, s'avança Rael.

— Quoi encore ? Si tu me dis qu'on doit encore de l'argent à quelqu'un, c'est décidé, je m'exile dans une cabane au milieu des bois où personne ne viendra m'emmerder.

— Je te déconseille de faire ça, dit la chasseresse. J'ai déjà vécu quelque chose de similaire et c'était ennuyeux à mourir. Enfin bref, quel est cet autre problème ?

— Les missions qui rapportent gros en peu de temps sont très rare, expliqua-t-il. Vous n'arriverez jamais à récolter assez d'argent à temps.

— Mais comment ils font les autres apprentis mages ?

— Les autres ne vivent pas à trois sur une seule bourse, ils font des missions et boivent et mangent avec un peu plus de modération que vous.

— Oui bah ça va ! Quand j'ai faim je mange et si je ne mange pas assez ça me donne encore plus faim ! se défendit la beast.

— Et moi quand j'ai soif... commença Elyazra.

— Oui oui, on a compris, tu bois, la coupa Telak. Voilà ce qu'on va faire. Maintenant qu'on est là, nous allons choisir une mission qui nous convient, sans prendre en compte le temps qu'il faudra pour l'accomplir.

— Mais...

— Laisse-moi finir. Je vous avance votre loyer de sorte que vous ne retrouviez pas vos affaires sur le trottoir à notre retour et vous me rembourserez quand votre situation se sera amélioré.

— Je n'aime pas emprunter aux autres, avoua Syara en baissant la tête.

— Peut-être, mais tu n'as pas vraiment le choix. Aller, oublie un instant cette histoire de loyer et entrons.

Sur ces mots, le groupe pénétra dans le hall des musiciens. À cet instant, Syara était prête à accepter n'importe quelle mission pour rembourser Telak. Elle lui devait beaucoup et avait la désagréable impression que sa dette envers lui allait encore se creuser dans les jours à venir.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant