— Alors ? Vous avez sans doute des questions, n'est-ce pas ? demanda le spectre. Vu que vous êtes arrivés au bout, il est normal que j'y réponde.
— Vous avez dit qu'il était normal que nous soyons arrivés au bout aussi rapidement, s'avança Telak. Vous aviez donc prévu d'autres épreuves ?
— En effet, confirma-t-il. Vous avez traversé cinq épreuves sur les vingt initialement prévues. Pour la première, vous auriez dû échouer et les portes se seraient refermées après que le piège se soit déclenché, cependant, j'ai fait en sorte qu'elles restent ouvertes pour vous laisser une chance.
— Chance que mon mari n'a pas eue, grogna Valana.
— Vous m'en voyez sincèrement désolé. À l'époque où ces catacombes ont été construites, nous ne savions pas à quoi ressemblerait l'avenir et nous ne voulions prendre aucun risque. Lorsque je l'ai vu se jeter sur vous pour vous protéger, j'ai voulu désactiver le piège, ou tout du moins retirer l'enchantement sur les flèches, mais il était trop tard...
— Un enchantement ? répéta Agrat.
— Oui, un très puissant qui empêche toute magie de soin et décuple les dégâts causés.
C'était donc pour cela que Mor n'avait pas pu lui venir en aide et qu'il avait péri aussi vite alors qu'il lui était déjà arrivé de s'en sortir avec des blessures bien pires. À cet instant, le groupe hésitait entre haïr cette personne, ou se dire qu'il avait de bonnes raisons de faire cela. Il semblait sincère lorsqu'il s'excusait de l'avoir tué et paraissait réellement navré de ne pas avoir pu intervenir.
— Heureusement, vous avez brillamment passé le couloir piégé. Jamais nous n'aurions envisagé que ceux qui s'aventureraient à l'intérieur aient l'idée de creuser un couloir parallèle.
— Parce qu'il y avait un autre moyen de passer ?
— Une certaine musique les désactivent tous. Cela m'étonne qu'avec votre affinité avec la magie, vous n'ayez pas su déchiffrer la partition que formait l'amas de pièges.
Avec cette révélation, Telak se fendit d'un léger sourire. Devant cette épreuve, c'était lui qui avait émis l'hypothèse qu'une certaine mélodie leur permettrait de passer.
— Donc, sans quelqu'un avec une grande affinité tel que moi ou en passant comme nous l'avons fait, vous aviez fait en sorte que personne ne réussisse.
— Si. D'autres rares personnes auraient pu passer sans problème en trouvant directement la mélodie sans savoir qu'il y avait des pièges. Le but ici était que ce genre de personne vous accompagne. La partition cachée dans les pièges n'était, au final, qu'une solution de secours. Lorsque j'ai assisté au sacrifice de votre ami, je me suis permis de fouiller dans votre esprit pour découvrir qui vous étiez et j'ai découvert que l'un de vous connaissait le genre de personne qui aurait pu réussir l'épreuve normalement.
— Syara, souffla directement le bassiste.
Le groupe se retourna vers lui, étonné par sa spontanéité et par le fait que le nom de son apprentie soit ressorti.
— En effet. C'est de ce genre de personne dont je parle. Enfin, vous n'avez pas eu besoin d'elle finalement. Pour la suite, la troisième épreuve était simple comparée aux autres et ne demandait que de la patience. Enfin, vous avez réussi à venir à bout du gardien alors qu'il était empli d'assez de magie pour décimer un groupe important d'opposants. Au final, le fait que vous soyez aussi peu nombreux et que vous puissiez voler a sans doute joué en votre faveur, même si, encore une fois, je ne m'attendais pas à ce que vous le vainquiez de cette manière.
— Cela fait donc quatre épreuves sur les vingts. Cinq si l'on compte l'énigme à la fin. Pourquoi nous avoir emmenés à la dernière salle ? questionna la chef du groupe.
— Je vous l'ai dit. Lorsque nous avons bâti ces catacombes, nous ne savions pas de quoi l'avenir serait fait. De ce fait, nous n'avions pas prévu que la race que vous appelez élémentals habiterez ici et qu'un arbre géant pousserait au point de recouvrir l'entrée. Après que la porte ait été ouverte, j'ai longtemps conversé avec l'esprit de cet arbre et j'ai appris beaucoup sur ce peuple. Vous n'êtes pas là par hasard, vous savez très bien ce qui se trouve dans ce coffre. Je me suis dit que, si vous mourriez, d'autres viendrez et perturberaient la vie de ce peuple. C'est pour cela que je vous ai laissé accéder à cette salle aussi tôt.
— En parlant de ça, intervint Telak. Retirer un tel artefact ne va pas leur nuire ? Il est possible que l'arbre mère se nourrisse de cette puissance.
— Si sa présence a eu un hypothétique effet sur sa croissance, il ne lui apporte plus rien désormais. Soyez tranquille, l'arbre et ses habitants ne ressentiront pas l'effet de sa disparition. Ce coffre est à vous.
Les mages se retournèrent vers la version miniature du Réguarisse et Agrat posa une main sur le couvercle. Elle eut cependant une étrange intuition et hésita à l'ouvrir.
— Qu'y a-t-il ? s'enquit Mor.
— Et si c'était un autre piège ? Apparaître ainsi pour nous mettre en confiance et faire baisser notre garde pour que nous mourions tous dès qu'il sera ouvert.
— Votre crainte est légitime, rétorqua l'esprit. Cependant...
D'un simple geste de la main, alors qu'il ne se trouvait même pas à porter pour l'ouvrir, l'homme déverrouilla le coffre et fit basculer son couvercle pour que le groupe soit rassuré. À l'intérieur, plusieurs pages avaient été soigneusement déposées et ne semblaient pas avoir subi les ravages du temps.
Avec précaution et une certaine révérence, Agrat se saisit des parchemins et observa les lignes qui y étaient tracées avant de les placer dans un rouleau protecteur.
— Toutes mes félicitations, mais sachez une chose. Elles ne sont pas complètes et vous ne trouverez pas les autres morceaux dans des lieux tel que celui-ci. Leurs gardiens feront le nécessaire pour que les partitions perdues ne soient plus jamais rassemblées.
À ces mots, l'esprit leva ses deux bras en l'air. Un vent puissant se mit alors à souffler dans la salle sphérique et s'intensifia jusqu'à ce que les mages se croient pris dans une tornade. Cela ne dura cependant que quelques instant et, lorsqu'ils ouvrirent enfin les yeux et arrêtèrent de se cacher la tête dans leur main, le groupe se rendit compte qu'ils étaient de retour à l'extérieur, à la lisière de la forêt de Trelazar. Pile à l'endroit où ils avaient retrouvé les soldats à leur arrivée.
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Le violon de cristal: les partitions perdues
FantasiDans un monde où musique est synonyme de magie, où presque toute forme de technologie à disparue, où les humains ne sont plus les seuls êtres pensants de la planète depuis bien longtemps et où la terre, ravagée par les guerres, se remet peu à peu, v...