Dans le couloir de téléportation, les vents puissants poussaient Syara vers sa destination. Comme le reste du groupe, elle avait rejoint la place de Léfarène dédiée aux voyages lointains et s'était engouffrée dans le portail qu'on lui avait indiqué pour rejoindre Edorif, la ville qui se situait à l'est des chaînes d'Hara.
La beast n'avait que très peu utilisé ce moyen de transport lors de sa vie et elle s'émerveillait toujours, lorsqu'elle arrivait à ouvrir les yeux malgré les bourrasques, de voir toutes ces couleurs danser autour d'elle. Était-ce le paysage qui se déformait en ces taches alors qu'elle les traversait à toute allure ou bien juste l'effet du sort qui était ainsi ?
Difficile de répondre à cela, surtout quand, comme ici, la téléportation s'achevait et qu'elle se faisait pousser vers la sortie. Dès qu'elle eut posé un pied dehors, la petite plaquette qu'elle avait autour du cou et qui lui avait permise de passer se désagrégea en une centaine de points lumineux.
À l'extérieur, le contraste était saisissant. Elle n'avait passé que quelques secondes, une minute tout au plus, dans le couloir et malgré tout, les couleurs lui semblaient à présent ternes et sans éclats. Elles n'étaient pourtant pas différentes dans cette ville qu'à Léfarène.
— Ha, te voilà. Tout le monde est là ? questionna Telak.
— C'est génial ce truc ! s'exclama la chasseresse. Je veux y retourner !
— Je serai toi, j'éviterai de prendre ça pour un jeu, la prévint Rael. Certaines personnes sont devenues folles à force d'absolument vouloir retourner dans les couloirs et tenter de rester le plus longtemps possible à l'intérieur.
— Et puis, nous n'avons pas le temps de nous amuser, compléta Guard. Nous avons une montagne à gravir.
Pour accompagner ses dires, le satyre tourna la tête vers l'ouest. Edorif se trouvant presque à flanc de la chaîne, le paysage de ce côté-ci se résumait en une large paroi rocheuse aux nombreux pics acérés. On pouvait voir, par endroits, quelques zones verdoyantes, mais elles n'étaient clairement pas majoritaire.
— Ça a l'air abrupte, commenta Syara.
— Ça l'est, confirma Elyazra. Et vu qu'elles sont habitées par un grand nombre de clans de harpies, peu de personnes essayent de s'y aventurer. Il n'y a donc pratiquement pas de chemin.
— Tu as dit que tu savais où trouver le clan des plumes noires. À ton avis, quel serait le chemin le plus rapide ?
— A chaque fois que je suis allée dans les montagnes, je montais par le versant nord de la chaîne. Une fois arrivé à une certaine hauteur, il est plus facile de passer de montagne en montagne. Cependant, nous n'avons pas le temps de passer par là. À mon avis, nous devrions partir vers le nord, longer le flanc et n'y monter que lorsque nous serons au pied de la bonne montagne. Le seul problème est que la première moitié de la montée sera très abrupte. Rael, tu es sûr de pouvoir nous y emmener ?
— Même si Telak peut voler de lui-même, je ne pourrai pas faire léviter autant de monde, mais je pense pouvoir créer des enchantements qui dureront quelques heures et vous permettrons de faire des bonds de plusieurs mètres.
— Et si Syara t'assiste ?
— Désolé, mais je ne pense pas pouvoir aider. J'arrive à peine à sortir le bon élément lors des combats et je ne suis pas encore arrivée aux entraînements qui me permettraient de faire voler quelqu'un.
— Ça n'est pas grave. Il vaut mieux que tu gardes ton énergie pour les combats. Vous verrez que mes enchantements sont largement suffisants.
— Dans combien de temps arriverons-nous au pied de la bonne montagne ? questionna le démon.
— Je ne suis jamais venue dans cette ville, mais vu la disposition des pics, je dirais que nous y seront en début d'après-midi.
— Dans ce cas, mettons-nous en route maintenant, décida le bassiste.
Vu que personne n'avait rien à ajouter, le groupe écouta le démon et se mit en route. Malgré le caractère bien trempé de la chasseresse, Telak avait réussi à prendre la tête du groupe et personne ne semblait s'y opposer. Syara et Rael avaient déjà combattu à ses côtés et se fiaient à son expérience, Guard l'avait eu comme ennemi et reconnaissait sa valeur. Quant à Elyazra, la jeune femme appréciait qu'il se repose sur sa connaissance du terrain, lui demande conseil et l'écoute.
Cela lui changeait de sa relation conflictuelle qu'elle avait avec Orélius, celui qu'elle considérait comme son frère. Ici, elle n'était pas en compétition avec les autres, mais faisait équipe avec eux. Si cela se passait bien pour l'instant, elle espérait que cette alchimie perdure lorsque le combat contre tout un clan de harpie allait s'engager. Elle n'était jamais allée jusqu'à défier toute une tribu et les plumes noires étaient loin d'être inoffensives. De plus, ils allaient les combattre sur leur propre terrain. Il suffisait que l'une d'elles se saisisse d'un membre du groupe et l'envoi dévaler le versant pour que tout soit fini pour lui. Ça ne serait pas facile, mais d'un autre côté, cela l'excitait
Avec un rythme soutenu, le groupe quitta les rues d'Edorif et partit par la porte est pour se rapprocher des montagnes avant de prendre plein nord. Si une grande partie de la chaîne d'Hara n'était que très peu boisée, ça n'était pas le cas des terres qui se trouvaient à ses pieds. Une large forêt de pins s'étendait à perte de vue. Toute cette verdure et ces reliefs contrastaient avec ce qui se trouvait au pied du versant ouest de la chaîne qui, lui, n'était que plaines à perte de vue et roche à nue.
Pendant plus de quatre heures sans interruption, le groupe longea la forêt d'un pas rapide. Bien qu'ils n'étaient pas encore dans les montagnes, chacun gardait ses sens aux aguets au cas où quelque chose sortirait d'entre les arbres pour les attaquer, ce qui, dans ce monde, n'était pas si rare que ça. Cependant, rien ne vint pour leur barrer le chemin et tous s'arrêtèrent au signal de la chasseresse.
— C'est ici, déclara-t-elle en regardant le pic qui s'élevait à sa gauche.
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Le violon de cristal: les partitions perdues
FantasyDans un monde où musique est synonyme de magie, où presque toute forme de technologie à disparue, où les humains ne sont plus les seuls êtres pensants de la planète depuis bien longtemps et où la terre, ravagée par les guerres, se remet peu à peu, v...