chapitre 40 : Terrible découverte

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Sous la tente, enfants comme adultes tendaient une oreille avec assez peu de discrétion pour entendre ce que les deux voyageurs faisaient là. Aussi éloignés dans les plaines, ces gens ne devaient pas recevoir beaucoup de visite. Ils avaient apparemment croisé les villageois, il restait à voir ce qu'ils pouvaient leur apprendre.

— Comme mon amie vous l'a dit à l'entrée, les chasseurs font partie d'un village qui se trouve plus à l'est. Ceux qui sont restés là-bas s'inquiètent de ne pas les voir revenir et, comme nous leur devions un service, nous avons accepté de les retrouver, expliqua Telak.

— Et comme je vous l'ai dit à l'entrée, nous les avons effectivement croisé, ici même. Lorsqu'ils sont venus à nous, ils n'avaient toujours rien attrapé et ont décidé de partir plus à l'ouest le lendemain.

— Le lendemain ? s'étonna Syara.

— Oui, nous n'avons pas souvent des invités, alors quand quelqu'un se présente ici, nous lui offrons l'hospitalité.

— Merci pour ses informations, rétorqua la beast en se levant.

— Vous n'allez pas rester pour la nuit ?

— Plus tôt nous les retrouverons, mieux ce sera.

— Syara, reste assise. Nous n'allons pas chevaucher de nuit.

— Et pourquoi pas ? Je suis encore en pleine forme.

Face à la détermination de son apprentie, le bassiste se leva à son tour et lui assena une légère tape au milieu du dos. La jeune femme grimaça et se rassit immédiatement. La chevauché avait mis à rude épreuve chacun de ses muscles et, malgré son apparente forme, elle n'en restait pas moins épuisée et incapable de continuer.

— Nous acceptons votre hospitalité, sourit le démon.

— Je te ferai payer ça, grinça-t-elle entre ses dents.

— Douce vengeance, rit-il en se souvenant du coup à la tête qu'il avait reçu de sa part avant de se retourner vers leur hôte. Mais dites-moi, que faites-vous là, au beau milieu des plaines ?

— Nous sommes des nomades. Nous nous déplaçons avec les troupeaux qui peuplent ses plaines. À cette époque de l'année, nous sommes normalement basés au nord, mais ses terres sont devenues marécageuses et les troupeaux ont migré. Pour je ne sais quelle raison, au lieu de rester ici, ils sont repartis plus au sud. Nous n'allons pas tarder à lever le camp pour les suivre alors profitez des tentes tant qu'elles sont encore là.

Les peuplades nomades n'étaient pas rares dans ce monde, mais la plupart étaient faites de caravanes marchandes qui voyageaient de ville en ville et en trouver ici, dans des terres hostile, était tout de même étonnant.

Telak, intéressé par leur culture, resta un long moment sous la grande tente, devant une belle pièce de viande, à parler de leur mode de vie et des difficultés qu'ils pouvaient rencontrer dans ses terres. Syara, pressée mais à bout de force, resta avec eux à écouter les récits de leur hôte et se prêta même au jeu en fin de soirée.

Alors que la grande tente se vidait peu à peu de ses occupants, le nomade guida les deux mages à travers le camp et les fit entrer dans une tente à la fois modeste et spacieuse. Une fois seule, Syara ne se fit pas prier pour s'enrouler dans sa couverture. Elle s'endormit un instant plus tard.

Au matin, Telak réveilla doucement la jeune femme et sortit de la tente. Se sentant encore fatiguée, Syara essaya de se rendormir. Elle abandonna cette idée en entendant le reste du camp se réveiller et se rappela qu'elle était en mission.

Après une grande rasade d'eau, la beast rassembla ses affaires et sortit pour rejoindre son mentor. Elle trouva le démon à l'endroit où ils avaient laissé leurs chevaux. Telak avait déjà sellé sa monture et en faisait de même pour celle de Syara. Tout deux montèrent en selle et sortir du camp. Ils ne manquèrent pas, au passage, de remercier leur hôte.

Les deux mages chevauchèrent toute la journée et poussèrent leur monture à bout qui, contrairement à celles qui les avaient menées à Sendra, n'étaient finalement pas inépuisable.

— Nous ne sommes plus très loin de la chaîne d'Hara, remarqua le démon. Si nous continuons ainsi, nous devrions y arriver en milieu d'après-midi.

— J'espère qu'il ne leur est rien arrivé.

— Tu as entendu les nomades, ils les ont vus passer. C'est plutôt bon signe.

Avant de manger, Telak bâtit quatre murs pour les protéger, eux et leur monture, des éventuelles créatures dangereuses qui pouvaient roder la nuit sur ses terres. Le démon sortit d'une de ses sacoches diverses victuailles qu'il partagea avec son apprentie avant d'aller se coucher.

Au matin, les deux mages reprirent une fois de plus leur route. Bien que l'astre solaire n'était jamais visible sur ce monde, cela ne l'empêchait pas, au travers des nuages gris pâle, de se lever derrière la chaîne d'Hara et de projeter l'ombre de ses montagnes sur les plaines. Ce léger contre-jour donnait à ses pointes des aires sinistres de mâchoire pourvu de dents acérées. Ce paysage était à la fois saisissant et donnait froid dans le dos à Syara qui y voyait là un mauvais présage.

Peu après midi, alors qu'ils étaient presque arrivés à l'autre bout des grandes plaines, les chevaux se cabrèrent et refusèrent catégoriquement d'avancer. Cette étrange réaction ne fit qu'accentuer le sentiment de la jeune femme que quelque chose de grave était arrivé au pied de ses montagnes.

Les deux mages descendirent de monture et les enfermèrent entre quatre murs pour éviter qu'ils ne s'échappent, puis continuèrent à pied.

En fin d'après-midi, alors qu'ils gravissaient la dernière colline qui les séparaient des montagnes, une forte odeur pestilentielle leur prit au nez. Inquiète, Syara gravit les derniers mètres et se retrouva devant ce qu'elle redoutait le plus.

Dans une mer de sang séché, des corps gisaient à terre, sans vie. Dégouttée par cette vision, la jeune femme rendit son déjeuner. Elle se ressaisit cependant et arpenta ce qui ressemblait à un champ de bataille délaissé.

Certains corps avaient été déchiquetés, d'autres étaient en plusieurs morceaux. La plupart des entailles n'étaient pas nettes, mais ressemblait plus à des morsures ou des coups de griffes qu'aurait donné une bête démesurément grande.

— Ça ne sent vraiment pas bon, dit Telak, le plus sérieusement possible.

Même si l'odeur était telle qu'il était difficile de respirer, le démon ne parlait pas de ça. Alors que la jeune femme posait ses yeux sur un cadavre, celle-ci remarqua que ce villageois avait à peu près son âge. Le visage déformé par la peur et la douleur, il semblait la regarder droit dans les yeux.

La beast était sur le point de craquer psychologiquement lorsque un puissant grondement sourd provint d'une trouée dans les montagnes. Elle se ressaisit immédiatement, une expression de colère sur son visage, prête à accueillir le responsable de ce massacre.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant