Alors qu'elle émergeait doucement de son sommeil, Syara fut assailli par d'atroces maux de tête. Avec beaucoup de peine, elle réussit tout de même à s'asseoir dans son lit et examina ce qui l'entourait. À première vue, elle se trouvait dans la chambre d'hôtel que la ville avait mise à disposition. Cependant, elle ne se rappelait pas y être retournée depuis son arrivée à Sendra. La beast dut faire un effort monumental pour se rappeler des derniers événements qui l'avaient menés ici.
Elle avait retrouvé la sirène, vaincue celui qui la retenait grâce à une arme défaillante, ordonnée à Telak de construire un mur et fait sauter celui qui protégeait la ville. Après ses événements,seul la sensation d'être prisonnière des eaux lui revint, ce qui suivait était baigné dans l'obscurité la plus totale.
Un bruit près de la porte d'entrée la fit revenir à la réalité. Une femme, employée de l'hôtel au vu de ses vêtements, la fixait de ses yeux écarquillés et restait médusée devant elle.
— Bonjour,salua la violoniste avec une pointe d'hésitation dans la voix.
En entendant sa voix, la femme de chambre s'enfuit dans le couloir en répétant inlassablement qu'elle était réveillée. Syara resta interdite devant cette étrange réaction et ne bougea pas d'un cil jusqu'à ce qu'une autre personne n'entre à son tour. La beast fut soulagée de voir son mentor s'approcher d'elle, mais elle ne s'attendit pas une seule seconde à recevoir une gifle monumentale de sa part. Sans plus d'explication, le démon se retourna et repartit.
— On t'attend à la mairie, dit-il cependant avant de disparaître.
Pendant qu'elle massait sa joue endolorie, certains souvenirs lui revinrent en mémoire, notamment celui où elle avait assommé son ami pour qu'il n'interfère pas dans son plan. Bien que cette douleur resterait un long moment, elle ne lui en voulait pas. En fait, elle aurait sans doute réagi de la même manière si les rôles avaient étés inversés.
Avec beaucoup de prudence, la jeune femme s'extirpa du lit. Tout son corps la faisait souffrir. Elle avait l'impression de s'être réveillée après avoir pris la plus grosse cuite de sa vie. Chacun de ses muscles était courbaturé et, à présent qu'elle était debout, il lui semblait qu'un orchestre de percussion novice faisait une répétition générale dans sa tête.
Après quelques minutes à rester immobile, les symptômes s'atténuent assez pour qu'elle puisse enfin se déplacer sans tituber. À la vitesse d'une grand-mère affublée d'un déambulateur, Syara descendit dans le hall d'entrée de l'hôtel et croisa le regard du satyre qui tenait l'accueil. Quelque chose avait changé chez lui. Son air morose avait laissé place à un sourire radieux et un visage lumineux bien plus agréable.
— Bien le bonjour, madame, salua-t-il poliment.
Malgré le fait qu'il regardait dans sa direction, la jeune femme ne peut s'empêcher de regarder autour d'elle pour s'assurer qu'il s'adressait bien à elle. Il n'y avait personne d'autre dans le hall.
— Bonjour, dit-elle à son tour en approchant.
— Heureux de vous voir remise sur pied. Lorsque vos compagnons vous ont ramenés, vous étiez dans un bien triste état.
— Je suis resté inconsciente longtemps ? s'informa-t-elle.
— Environ trois jours, mais les quelques mages soigneurs qui vous ont ausculté n'étaient pas inquiets. Ils étaient tous unanimes sur le fait que vous aviez utilisé bien trop d'énergie et qu'il vous faudrait du temps pour vous rétablir.
— Merci pour ces précisions, rétorqua-t-elle avant de se diriger vers la sortie.
— Autres choses, intervint le satyre. Je voulais m'excuser pour mon comportement déplorable lorsque vous vous êtes présenté ici la première fois. Cette tempête qui durait depuis plus d'un mois avait fortement affecté mon humeur. J'espère juste que vous n'en tiendrez pas rigueur à notre établissement.
— Ne vous en faites pas, je comprends tout à fait, sourit la violoniste. J'aurai sans doute agi de la même manière à votre place. À présent, si vous voulez bien m'excuser, il faut que je me rende à l'hôtel de ville avant de m'en prendre une autre.
Stupéfait par cette dernière remarque, le satyre arqua un sourcil d'incompréhension et ne dérangea pas plus sa cliente.
Syara sortit donc de l'hôtel et resta un instant sur le parvis à observer le ciel. Les nuages noirs avaient laissé leur place à ceux, bien moins menaçant, qui recouvraient l'intégralité du ciel de ce monde. Le bouclier de vent n'était plus et une légère brise transportant de douces odeurs marines parcourait les rues de la ville.
Alors qu'elle se dirigeait vers la mairie, l'apprentie mage s'étonna de ne voir absolument personne dans la ville. La beast ne s'attarda pas sur ce détail et continua son chemin jusqu'à gravir les marches du bâtiment administratif et y entrer en poussant les deux battants de la porte.
Dès qu'elle posa un pied à l'intérieur, Syara fut accueillie par un tonnerre d'applaudissements aussi assourdissant que plaisant. Un grand nombre de mages s'étaient réunis à cet endroit, le conseil au premier rang, pour acclamer celle qui avait sauvé la ville.
La jeune femme ne savait pas comment réagir face à ça et se contenta donc de sourire, hocher la tête et murmurer quelque merci lorsqu'elle croisait le regard d'une personne de la foule. Après de longues minutes, le silence revint peu à peu alors qu'un nain, trop bien habillé pour être un mage, s'avança vers elle et prit la parole.
— Il y a cent cinquante ans, le mage Volach devint le héros de notre magnifique cité en se sacrifiant pour chasser un terrible dragon noir qui attaquait la ville. Aujourd'hui, après nous avoir rapporté son héritage que des bandits avaient volé, vous vous êtes illustrés à votre tour et sauvé Sendra de la catastrophe qui la menaçait. En tant que dirigeant de la ville, je vous nomme donc citoyenne d'honneur de Sendra. Nos portes vous seront toujours ouvertes et vous entrez à présent dans l'histoire en tant que grande sauveuse de la ville !
À peine le maire eut-il fini son discours que les applaudissements reprirent de plus bel. La violoniste leur intima cependant d'un geste de la main de s'arrêter.
— Merci beaucoup, commença-t-elle. C'est bien trop d'honneur pour moi, et je pense qu'il ne faut pas oublier que je n'étais pas seule. Vous avez tous contribué à préserver cette ville. C'est vous qui l'avez protégé depuis le début, c'est vous qui avez répondus à l'appel et êtes venus. C'est vous qui êtes les vrais héros de cette ville.
— Si vous vous lassez de la carrière de mage, chuchota le nain, je suis sûr que vous ferez fureur dans la politique.
Sa remarque fit sourire la jeune femme. Elle était peut-être douée pour faire parler son cœur, mais faisait plus facilement parler ses points lorsqu'elle était à court d'arguments, et ça n'était sans doute pas la meilleure façon de débattre en politique.
— Portons un toast, s'exclama l'un des membres du conseil. À Sendra et à Syara !
— À Sendra et à Syara ! Reprit en cœur la foule.
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Le violon de cristal: les partitions perdues
FantasyDans un monde où musique est synonyme de magie, où presque toute forme de technologie à disparue, où les humains ne sont plus les seuls êtres pensants de la planète depuis bien longtemps et où la terre, ravagée par les guerres, se remet peu à peu, v...